De toutes les campagnes électorales, celle que nous vivons actuellement se démarque véritablement du fait de l’importance prise par le sujet de la place de l’Etat et de celle de la religion. Plus encore, c’est un combat entre la laïcité et la religion. Quand nous, religieux, souhaitons vivre dans un pays avec des valeurs plus juives, nous voyons que, avec l’appui des médias, des groupuscules aux grands moyens comme le Keren Hahadacha sont menés par des gens laïcs et radicaux. Alors, ils pensent sans rire que les bougies de Chabbat sont une menace, que la Hanoukia est un lavage de cerveau et que les explications sur l’essence de la fête de Roch Hachana menacent l’existence même de la démocratie. D’après leur mode de pensée erroné et leurs efforts pour étouffer leurs propres racines –sans qu’une dictature communiste ou soviétique ne les y oblige- on peut, à la rigueur parler de la pomme trempée dans le miel, mais rien au-delà de ça. La moindre référence au judaïsme ou à D. au sein de l’éducation nationale, éveille des démons.
Malheureusement, une bonne partie d’entre nous, sans y prêter garde, peut donner beaucoup de force à ces ennemis de la religion, en votant pour un parti qui peut leur paraître sans danger. Dans cet article, je veux m’adresser à trois sortes de citoyens qui n’ont peut-être pas pensé à certaines choses cruciales.
L’erreur du premier type de citoyen : Tout le monde est tordu, alors je ne vote pas !
Mardi, lorsque je me rendrai au bureau de vote, mes pensées n’iront vers aucun politicien en particulier. Avec tout le respect que j’ai pour eux, quand j’irai voter, je n’aurai en tête que le fait d’accomplir l’ordonnance des grands d’Israël et la volonté de Maran le Rav Ovadia Yossef zatsal. C’est la seule chose qui compte. Si parfois, les représentants élus ne se comportent pas comme ils le doivent, c’est leur problème avec le Saint-béni-soit-Il. Moi j’aurais fait ce que je devais faire. Ma force et mon soutien à la Torah et à Hachem, je l’aurais donné.
D’autre part, nous avons tous entendu des quantités invraisemblables de médisance, et ce, principalement sur les représentants orthodoxes. Il y a lieu ici de replacer les choses dans leur contexte. Ne prenons pas tous les gros titres publiés comme une loi de Moché au Mont Sinaï. N’oublions pas que les médias ont une fâcheuse tendance à sortir les évènements de leur contexte et à produire ainsi des fake news. Il faut donc prendre les choses avec précautions et voir ce que les gens font véritablement sur le terrain, et quel combat ils mènent pour la protection de l’identité juive dans notre pays. Nous ne votons pas pour des politiciens. Nous votons pour Hachem, pour le judaïsme, pour les grands de la Torah de notre génération et des générations précédentes.
L’erreur du second type de citoyen : Je veux que Netanyahou soit Premier Ministre, je vote donc pour le Likoud
C’est peut-être déconcertant mais les gens oublient parfois que le vote direct à deux choix a été annulé depuis plus de 20 ans. Aujourd’hui, nous ne votons que pour un seul choix. Ainsi, si l’hésitation demeure entre le Likoud et un parti orthodoxe, il est important d’être au courant de quelques détails.
En votant Likoud (Mahal), même si l’on donne une force au mandat de Binyamin Netanyahou, nous donnons également une force aux autres représentants du Likoud comme le ministre de la justice Amir Ohana, Tshi Hanegbi, Guila Gamliel et encore d’autres noms dont vous n’avez sûrement jamais entendu parler mais qui sont très éloignés de toute obligation envers le judaïsme comme Patin Moula (33ème place), Mikhal Chir (31ème place), Etty Attia (23ème place), Katty Chetrit (32ème place) et bien d’autres encore qui, dans les moments de vérité, lors du vote d’une loi importante, hésiteront sûrement à voter selon la voie de la Torah.
Pour ceux qui l’ignorent encore, le Likoud est un parti laïc. Bien qu’il y ait quelques personnes portant la Kippa au sein de ce parti cela ne suffit pas. Elles auront tendance à plus se focaliser sur l’idéologie de droite que sur l’idéologie juive. Il est beaucoup plus important que le député Mikhaël Malkiéli du parti Shass ou le député Its’hak Pindrus de Yahadout Hatorah, deux hommes ressentant l’accomplissement d’une véritable mission pour le peuple, fassent partie du gouvernement. Il est bien plus important que l’un des deux entre à la Knesset et se battent pour le maintien du judaïsme et de la Torah plutôt que d’espérer faiblement que l’un des députés du Likoud se batte pour défendre la Torah et les intérêts du public religieux. Non, cela ne se produira pas.
C’est plutôt le contraire qui risque d’arriver : c’est le Likoud qui risque d’entrainer Natanyahou (à cause de l’ultimatum avec les autres partis de gauche et de droite qui ne veulent en aucun cas s’associer avec lui) à former une coalition laïque avec Lapid et Gantz. Ils feront tout pour ne pas être entrainés dans un troisième round d’élections. C’est dans une telle direction que vous voulez mettre votre voix ? C’est ce que vous souhaitez véritablement ? Le ministre Amir Ohana vous représente t-il vraiment ?
L’erreur du troisième type de citoyen : Cette fois, je vais voter pour des petits partis de droite qui ne passeront peut-être pas le seuil d’éligibilité, mais ce n’est pas grave !
Le troisième type de citoyen pense que cette fois-ci il va suivre la voie de la vérité. Comme une sorte de demande d’excuses pour les précédentes élections. Il est évident que le petit parti pour lequel il va voter n’entrera pas à la Knesset. Mais d’après lui, peu importe. L’essentiel étant de ne pas voter pour les grands partis religieux (choix porté par les mensonges diffusés par les médias et la presse). L’essentiel c’est de se montrer différent.
Mais après l’hésitation passée, nous nous retrouvons face à la réalité. Et la réalité nous dit en face que ‘’grâce’’ à ceux qui auront voté pour les petits partis de droite nous nous retrouverons à nouveau avec 3 ou 4 mandats en moins pour la droite, et Netanyahou ne pourra à nouveau pas former une coalition à 61 sièges, ce qui mènera forcément à un gouvernement laïc unifié dont rêvent Lapid et Gantz. Ce n’est pas cela que souhaitent ceux qui soutiennent les petits partis de droite mais c’est pourtant ce qu’ils causeront de leurs propres mains, de leur propre choix.
L’Histoire nous a toujours prouvé que l’extrême droite a toujours été un véritable ennemi pour tous les gouvernements de droite. En voici quelques preuves : en 1992, 31057 voix sont parties en fumée dans le parti ‘’Hatehiya’’, 12851 voix dans le parti ‘’Guéoulat Israël’’, et encore 3708 voix dans le parti Hatorah Véhaaretz de Levinger : c’est ainsi que la voie a été ouverte pour le gouvernement de Rabin et les accords d’Oslo. C’est le prix d’un manque de responsabilité.
En 2003, ce ne sont pas moins de 36202 voix qui sont parties en fumée dans le parti ‘’Hérout’’ ; en 2006, 24824 voix dans le parti ‘’Hazit Yéhoudit’’ de Marzel. En 2013, ce sont 66775 voix égarées dans le parti ‘’Otsma LéIsraël’’ d’Arié Eldad et Baroukh Marzel ( !) en plus des 28049 autres voix parties chez ‘’Koah Léachpia’’ d’Amnon Its’hak (qui ont conduit Netanyahou à nommer Yaïr Lapid en tant que ministre des finances, et nous connaissons la suite…). En 2015, le parti Yahad d’Eli Ichaï et Baroukh Marzel a battu des records en arrachant 125158 voix !
Lors des dernières élections également, le parti de Shaked et Benett ainsi que celui de Feiglin n’ont pas passé le seuil d’éligibilité et c’est à cause de cela que Netanyahou n’a pu atteindre 61 mandats. On peut dire qu’ils ont plus ou moins compris leur erreur en s’unissant avec d’autres partis en vue de ces élections. Les pigeons ne meurent pas. Ils se transforment, tout simplement. A chaque génération, des personnes se lèvent contre le gouvernement de droite pour le faire tomber, et c’est souvent l’extrême droite qui agit ainsi (et même dans le cas où ils entreraient dans le gouvernement, après quelques mois, l’association des deux explosera…) Pourquoi donc laisser de telles choses se produire ?
Il est important de comprendre les lois mathématiques qui régissent les élections : en votant pour un parti qui n’atteindra pas le seuil d’éligibilité, nous aidons en fait les autres partis notamment Meretz et les partis arabes. Comment cela fonctionne : si en Israël 1440 personnes votent pour différents partis, cela signifie que chaque groupe de 120 personnes vaut un mandat. Mais si Meretz n’obtient que 470 voix, ils recevront 3 mandats et non 4 car ils ne sont pas parvenus aux 480 voix permettant d’obtenir un mandat.
Si après le décompte des voix, on se rend compte que plusieurs partis n’ont pas atteint le seuil d’éligibilité, ce sont 300 voix qui vont à la poubelle. C’est comme si seulement 1200 personnes votent et non 1440. Alors, grâce à ces personnes qui veulent un parti d’extrême droite et qui ne comprennent pas que d’autres paramètres entrent en jeu, Meretz obtiendra un autre mandat. Ce sont eux qui auront tout gagné et c’est ce qui risque de se passer lors des prochaines élections.
Ainsi, lors des élections de 2013, la droite n’est pas passée car c’est justement ce qui est arrivé : Meretz a obtenu un mandat supplémentaire grâce à eux car la quantité de voix requises pour l’obtention d’un mandat a baissé et que Meretz était juste à la limite.
Si vous vous identifiez tellement à ces petits partis, rendez-vous à leurs manifestations de soutien, inscrivez-vous à leurs listes de membres, envoyez-leur des lettres de soutien. Mais ne les laissez pas déséquilibrer un édifice entier…
Doudou Cohen pour Hidabroot – Traduction : Audélia Hattab