Vayetse. Le monde entier tient sur celui qui sait se taire

« L’Eternel Se souvint de Ra’hel : Il donna la fécondité à son sein » (Béréchit 30,22)

Rav ‘Hizkiyahou Médini, auteur du célèbre Sdé ‘Hémed, raconta un jour à l’un de ses proches, qu’étant jeune homme, il n’avait pas été doté d’un esprit particulièrement vif. Les portes de la sagesse ne s’ouvrirent à lui que bien plus tard, par le truchement de l’incident suivant :

« Je n’étais alors qu’un jeune disciple se consacrant à l’étude avec d’autres camarades, raconta ce grand maître, et un riche notable de la ville nous soutenait financièrement. Je n’étais pas considéré comme l’un des meilleurs éléments du groupe, mais je m’adonnais à mon étude avec assiduité et progressais à mon rythme. Cependant, l’un des étudiants conçut de la jalousie à mon égard, et il fomenta un sordide complot pour faire peser sur moi une terrible accusation. Il soudoya la femme de ménage arabe qui nettoyait tous les matins notre salle d’étude, et l’incita à m’accuser d’avoir voulu la séduire. Cette femme accepta et le lendemain matin, aussitôt arrivée, elle se mit à crier à pleins poumons, m’accusant d’avoir tenté d’abuser d’elle. Aussitôt, un attroupement se forma autour de nous et certains me condamnèrent sur-le-champ, appuyant leurs accusations de terribles malédictions. Ce fut une scène très éprouvante, et un terrible “’Hiloul Hachem“ [profanation du Nom divin] s’ensuivit. L’humiliation me fut insupportable et je me résignai à fuir. Informé des faits, le notable qui nous soutenait n’en crut pas un traître mot, et congédia le jour même la femme de service.

Une fois l’argent de la corruption dépensé, celle-ci vint me trouver et me supplia de lui pardonner. Elle me promit d’aller divulguer toute l’affaire à qui de droit et de révéler publiquement qu’elle avait été soudoyée par l’un de mes compagnons d’étude pour me discréditer. Elle m’expliqua également combien l’argent lui faisait défaut et me pria, en contrepartie de ses révélations, d’intercéder en sa faveur auprès du notable pour qu’il accepte de la réembaucher.A ce moment, confia le Sdé ‘Hémed, je fus confronté à un redoutable dilemme. J’avais là une occasion inespérée de laver ma réputation aux yeux de tous, et de réparer ce terrible déshonneur. Je faillis me résoudre à accepter sa proposition lorsque tout à coup, une autre pensée me vint à l’esprit. Le scandale avait déjà suscité une malheureuse profanation du Nom de D.ieu, et si l’on apprenait à présent qu’un autre jeune homme avait tout manigancé, un nouveau 'Hiloul Hachem s’ensuivrait fatalement.

En outre, ces révélations porteraient également atteinte à la renommée de mon “adversaire“. Devais-je éviter un nouveau tollé, et garder le silence à jamais, jusqu’à ce que le temps fasse son effet ? Je fus assailli par le doute : incapable d’aboutir à une quelconque décision, les pensées se bousculaient dans mon esprit. Finalement, je pris une résolution et déclarai à cette femme : “J’accepte d’aller voir le notable pour intercéder en votre faveur et lui expliquer votre situation financière. En revanche, je vous interdis formellement de raconter à qui que ce soit la véritable version des faits, et vous demande de ne jamais parler de l’argent que vous avez reçu !“A l’instant même où je pris cette décision – qui était susceptible de ruiner à jamais mon avenir dans le monde de la Tora – je sentis tout à coup s’ouvrir en moi un véritable puits de sagesse. Au lieu de m’exposer aux conséquences auxquelles je m’étais attendu, cette fâcheuse affaire m’offrit au contraire une prodigieuse Assistance divine dans mon étude – qui me permit de devenir celui que je suis aujourd’hui…» (Histoire transmise de source sûre, et figurant également dans l’ouvrage Vaani Téfila avec de légères nuances).

Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.

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