« L’Eternel parla à Moché au mont Sinaï en ces termes » (Vayiqra 25,1)
« Pourquoi la Tora précise-t-elle que l’obligation de respecter la Chemita [dont traite notre paracha] fut transmise au Sinaï ? Pourtant, toutes les autres mitsvot furent énoncées au mont Sinaï ! Ceci nous enseigne que, de même que tous les principes et les détails de la Chemita furent révélés sur le mont Sinaï, ainsi les principes et les détails de toutes les autres mitsvot furent aussi révélés au Sinaï. Telle est l’interprétation que le Torat Cohanim donne à ce verset. » (Rachi)
Selon rav Moché Feinstein (Darach Moché), si la Tora précise que la mitsva de Chemita fut énoncée au mont Sinaï, cela nous enseigne que tous les commandements divins émanent de la Révélation sinaïtique. Il en fut de même pour les ordres ayant été énoncés avant le Don de la Tora, ainsi que les sept commandements noa’hides. Voici ce qu’écrit le Rambam à ce sujet : « Tout individu qui accepte les sept commandements [des enfants de Noa’h] et qui veille à les respecter, est considéré comme un Juste des nations et a droit à une part dans le Monde futur. Mais cela, à condition qu’il accepte ces commandements parce que D.ieu l’exige dans Sa Tora, et parce qu’Il a indiqué par l’intermédiaire de Moché que les enfants de Noa’h en ont reçu l’ordre auparavant. En revanche, s’il ne les respecte qu’en vertu de la logique qui l’impose, il n’est pas considéré comme un “étranger citoyen“, il n’a alors ni le statut de Juste des nations ni celui de Sage des nations » (Hilkhot Mélakhim 8,11).
La différence entre les commandements transmis à Moché au mont Sinaï et ceux que reçurent Adam et Noa’h avant le Don de la Tora, réside dans le fait que les injonctions pré-sinaïtiques relèvent de la logique humaine. Avant Moché, la notion de devoirs et d’interdits d’origine divine n’existait pas. Par conséquent, cette approche n’a pas de pérennité : de tous les élèves de Chem et ‘Ever – qui furent visiblement nombreux – ainsi que de « toutes les âmes qu’ils [Avraham et Sara] avaient formées à ‘Haran », aucune descendance ne poursuivit leur œuvre. Seuls les patriarches donnèrent le jour au peuple d’Israël. Lorsque le respect des mitsvot est fondé sur une compréhension intellectuelle – à laquelle tous n’adhèrent pas forcément –, il ne perdure pas. En effet, avec le temps, viendront des personnes qui se targueront de mieux comprendre les choses que leurs pères, et qui s’en prévaudront pour autoriser des choses que la Tora interdit, suivant les élans de leur cœur.
A contrario, la Tora transmise par Moché au mont Sinaï ne dépend pas des explications qu’on lui trouve : nous ne nous y plions qu’en vertu de l’ordre du Créateur, parce que telle est Sa volonté. C’est pourquoi la descendance du peuple juif restera toujours fidèle aux mitsvot. Si l’énoncé de la Chemita fut révélé précisément « au mont Sinaï », c’est pour nous apprendre que le respect des mitsvot ne doit pas être motivé par les explications qu’on peut leur trouver. Seul le fait que le Créateur nous a donné l’ordre de les accomplir doit être à l’origine de notre observance. En effet, les lois de la Chemita exigent de laisser les terres en jachère ; or, il est à priori impossible de survivre sans semer pendant une année entière, et encore moins en renonçant à toutes nos récoltes pendant une si longue période. Force est d’en conclure que cette mitsva émane de la volonté du Créateur. Nous pouvons donc nous en remettre à Lui et être assurés qu’Il pourvoira à tous nos besoins pendant cette année.Ce principe, mis en lumière par la Chemita, s’applique à toute la Tora : ce ne sont ni les raisons ni les explications que nous attribuons aux mitsvot qui justifient leur accomplissement, mais uniquement le fait qu’elles sont l’expression de la volonté divine.
Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.