Le chauffeur de taxi, ou, tel est pris qui croyait prendre !

Lisez l'histoire suivante. Ruben, juif américain, atterrit au milieu de la nuit en Israël. Sorti de l'aéroport, il a rencontré un taxi et demandé au chauffeur de le conduire à son hôtel, à environ 20 minutes de l'aéroport. Pendant le voyage, le conducteur annonce: «Je n'ai pas allumé le compteur, mais je ne te demande que $ 70 pour le trajet ! » (Le prix de ce déplacement est estimé à environ 20 dollars). Ruben, assis sur la banquette arrière, sort de sa poche un billet de 100 $ et se met à le palper. En arrivant à destination, le billet a disparu ! Ruben commença à chercher dans les sacs et les nombreuses choses qui étaient jetées dans la voiture. Ne trouvant pas l'argent, il se tourna vers le chauffeur pour lui demander une lampe de poche. « Il est évident que le billet est tombé dans entre les sacs ou dans l'un d'entre eux, et puisque l'endroit est sombre j'ai besoin d'éclairage » dit Ruben. «Je n'ai pas de lampe de poche», répondit le chauffeur.  « Je suis terriblement désolé de vous causer ce désagrément, mais s'il vous plaît attendez que j'apporte une lampe de poche de chez moi pour trouver mon billet. »

Mais, à peine Ruben avait-il quitté le véhicule avec ses valises, le chauffeur de taxi accéléra et quitta les lieux. Le chauffeur malhonnête pensait faire ainsi une belle recette, puisque le billet se cachait certainement dans le taxi. Arrivé chez lui, il sera bien déçu…Et la question qui se pose après cette histoire ? Si le voyageur demandait s'il devait partir à la recherche du taxi pour lui payer son dû, nous l'aurions considéré comme un pieux imbécile. Le chauffeur lui doit de l'argent, il n'est évidemment pas nécessaire de le retrouver. Pourtant, ce n'est pas ce qui dérange Ruben. Il est gêné par la question suivante. Voyez dit Ruben à son Rabbin « toute l'histoire des 100 $ perdus, n'est jamais arrivée. J'ai décidé de donner une leçon à ce chauffeur de taxi constatant qu'il était bien malhonnête. J'ai fait semblant d'avoir perdu un gros billet dans la voiture m'imaginant qu'il s'enfuirait à la première occasion sans demander son reste. C'est effectivement ce qu'il a fait, il pensait me voler mes 100 $ mais il a perdu même le prix de sa course ! » Ruben veut maintenant savoir s'il s'est bien conduit ? Si cette conduite est réprouvée par la Torah, faut-il prendre la peine de retrouver le chauffeur du taxi et lui payer le prix de la course ?

Réponse : Il semble que Ruben avait le droit d'agir comme il l'a fait pour se protéger de ce chauffeur indélicat. En effet, nos sages s'interrogent sur le verset « Yaacov raconta à Rahel qu'il était le frère de son père » (Parachat Vayétsé 29,12), pourtant ce n'était pas le cas, il était le fils de la sœur de son père et non pas son frère ? Nos sages enseignent que lorsque Yaacov demanda la main de Rachel, celle-ci lui répondit « sache que mon père est très rusé et tu ne pourras rien faire contre ses impostures. » « Si c'est ainsi, je suis son frère en tromperie » dit Yaacov. « Mais a-t-on le droit d'agir ainsi ? » questionna Rachel. « Oui, ainsi qu'il est dit dans le verset Psaumes « sincère avec les cœurs purs, mais artificieux avec les pervers ! » (Psaumes 18, 27) expliqua Yaacov. Toutefois, il faut nuancer. Ruben a profité du trajet et devrait normalement le payer. Il aurait été correct de laisser sur le siège arrière le prix réel de la course. Toutefois, il n'est pas nécessaire de partir à la recherche du chauffeur indélicat. En fuyant il a montré qu'il renonçait à son argent. S'il ose revenir sans craindre d'être méprisé, Ruben pourra alors le régler…

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