Nos sages ont enseigné « Le monde repose sur trois piliers: la Torah, le travail, et la charité» [1]. Rabbénou Ovadia de Bartenura commente sur place: «le travail, c'est les sacrifices au temple ». Le talmud dans le traité Taanit (27 b) ajoute, « sans le mérite des sacrifices, le ciel et la terre ne se maintiendraient pas ». De même, il est rapporté dans les textes, que grâce aux sacrifices de Noé, le tout Puissant a juré qu'il n'inonderait plus le monde. Ces passages montrent l'importance des sacrifices pour la continuité du monde.
Nos sages ont rapporté de nombreuses explications à ces commandements, Maïmonide fut l'un des premiers, en écrivant: [2] «La pratique des sacrifices était connue dans le monde entier, qui y était habitué, ainsi qu'à l'ensemble de ce culte. Les gens sacrifiaient des animaux dans leurs temples autour desquels ils érigeaient différentes idoles et se prosternait devant elles […] Le Tout Puissant n'a pas voulu annuler entièrement ce culte, car cela aurait été au-delà de l'entendement. Il a préféré réorienter la volonté naturelle des humains qui ont tendance à suivre leurs habitudes ». Maïmonide écrit que la pratique des sacrifices était devenue profondément ancrée dans l'humanité, c'est la raison pour laquelle la Torah demande au peuple d'Israël de faire de même. La Torah, prenant en compte la nature humaine, la conduit vers un horizon positif et saint, de sorte qu'au lieu de sacrifier aux idoles, ils ont sacrifié à Dieu.
[3] Les propos de Maimonide sont appuyés par ce qui a été dit par nos sages « Dans tous les sacrifices ordonnés par la Torah, Dieu est toujours nommé précisément Hachem sans aucun des surnoms qui lui sont généralement attribués »(Sifri Badimbar, 143). Rav Avraham Korman, explique ces propos, et écrit ce qui suit: [4] « Il est impensable de mentionner un des surnoms du Tout Puissant au sujet des sacrifices, parce que par exemple, le surnom « Eloquim » évoque les forces naturelles de l'univers que Dieu a créés. Rapporter le surnom « Eloquim » au sujet d'un sacrifice pourrait s'apparenter à un culte idolâtre, comme si on sacrifiait un animal aux forces de la nature. C’’est le nom de Dieu uniquement dans sa forme la plus générale qui est employé au sujet des sacrifices.
A la lueur de l'enseignement de Maïmonide, nous pouvons comprendre pourquoi il a fallu un respect méticuleux pour ne pas mentionner tous les surnoms de Dieu au sujet des sacrifices, mais seulement le nom de Dieu, Hachem. Il fallait clairement différencier le service divin du service idolâtre.»Nahamanide explique ce commandement différemment: [5] «comme les actions des gens se concrétisent par la pensée la parole et l'action, Dieu a ordonné au pécheur d'apporter un sacrifice et de poser ses mains sur l'animal en contrepartie de son acte. Il devra aussi réciter le Vidouy (confession) en contrepartie de ses paroles. Il faudra brûler les entrailles et les reins de l’animal qui sont les instruments de la pensée et de la passion. Le sang de l'animal sera versé sur l'autel en contrepartie de son propre sang. En suivant tout ce processus, l'homme se rendra compte qu'il a fauté avec son corps et son âme. Il aurait normalement mérité d'être puni comme il a sacrifié cet animal, mais Dieu dans son immense compassion a accepté de lui cet animal en considérant le sang comme le sien, l'âme comme la sienne et les membres comme celui du fauteur. De même, certaines parties de l'animal qui ne sont pas brûlées seront distribués aux sages de la Torah afin qu'ils prient pour lui. »
Nos maîtres des dernières générations se sont également penchés sur cette question. Le Rav Yaakov Zvi de Kellenbourg écrit que « le sacrifice (korban), est appelé ainsi à deux égards, d'un côté il est sacrifié sur l'autel (hakrava), de l'autre, parce qu'il crée un lien entre le propriétaire de l'animal et Dieu » (kirva)[6]. Dans le même ordre d'idée Rav Samson Raphael Hirsch a également écrit: [7] « Le sacrifice vient avant tout résoudre le besoin de celui qui le sacrifie, et non le besoin de celui pour lequel il est sacrifié. La volonté du pécheur est d'arriver à une proximité avec son créateur en amenant à ce qu'une chose lui appartenant arrive à une relation proche avec Dieu.