On rapporte que le Saint Rav Israël Abuchatzeira, Baba Salé, reçut une fois un agriculteur, qui sortit du coffre de sa voiture des caisses de légumes et de fruits, et les déposa à l'entrée de la maison du Rav. Le Rav appela sa femme et lui dit: « Dis à ce Juif de prendre ses légumes et de les enterrer dans le sol ! » La Rabbanite, ne sachant pas de quoi il s'agissait, est descendu, et a vu les caisses de légumes devant la porte. « A qui sont-ils ? » demanda-t-elle. Et l'homme de répondre « c'est moi qui les ai apporté pour le Rav ». « Alors enterrez les, car il est interdit d'en profiter ! ». Mais le Juif était déterminé à aller parler avec Baba Salé… Celui-ci lui demanda, « quand les a tu cueillis ? ». « Pas Shabbat » s’empressât-il de répondre. « Après avoir violé le sabbat vous osez encore nier ? », s'écria le juste, « Sachez que je ne vous pardonne pas sauf si vous enterrez les fruits et que vous reconnaissez la vérité ! » En effet, l'homme s'excusa, et prit sur lui de garder le sabbat. Et maintenant, il s'agit de savoir : est-ce que cette injonction de Baba Salé est la loi stricte ou c'est une mesure de rigueur de la part du grand maître ?
Réponse :
Le Choul'han Aroukh écrit (Chapitre 318, paragraphe 1): « celui qui cuit ou fait un autre travail interdit le shabbat intentionnellement, n'aura plus jamais le droit de profiter de ce travail. Les autres personnes sont, elles, autorisées à tirer profit de ce travail immédiatement le samedi soir. Lorsque la transgression du Shabbat n'est pas volontaire, le jour même (Shabbat) personne ne peut en profiter, mais dès la sortie du Shabbat, même l'auteur de la faute involontaire peut tirer profit de son action. Par conséquent, même si le juif en question a cueilli les fruits le samedi intentionnellement, ils sont autorisés à d'autres le samedi soir. Cependant, dans ce cas, la récolte de cet agriculteur ayant profané le Shabbat doit être interdite pour deux raisons.
1) Le Biour Halakha explique que la permission pour les autres gens de profiter du travail interdit fait le Shabbat immédiatement à sa sortie, est valable uniquement si techniquement on pouvait profiter de ce travail le jour du Shabbat. Par exemple si on a planté des graines le shabbat, il faudra obligatoirement les arracher, car autrement « l'amende » que nos sages ont imposée ne serait pas remarquée. On ne pouvait pas profiter de ces graines le shabbat, et les laisser en terre signifie que l'agriculteur « gagné » un jour pour sa plantation. Aussi un restaurateur qui fabrique des plats le shabbat pour les vendre à la sortie du jour saint, ces aliments seront interdits, car là aussi il n'y aurait aucune conséquence pratique à « l'amende » imposée par nos sages. Il en va de même pour notre homme qui a cueilli ses fruits pour les utiliser après shabbat, ils seront interdits.
2) Le Ktav Sofer (Orah Haim chapitre 50) écrit qu'un restaurant qui cuisine volontairement le shabbat pour ses clients, ses plats seront définitivement interdits à la consommation pour tout le monde. Cela à cause de l'interdiction 3 Devant un aveugle tu ne mettras pas d'embûche ». En consommant ces plats on participe aussi à la faute.
C'est également le cas pour la question que nous avons évoqué.