Baba Academy : Le garde de sécurité à Eilat devenu désenvoûteur

A une époque où le mot «baba» est devenu synonyme de charlatanisme, du fait des nombreux imposteurs qui se sont improvisés « baba », le sujet est même évoqué à la télévision. Dans l'émission « le vrai visage » présentée par Amnon Levy, on le voit demander à un ancien garde de sécurité d'Eilat s'il est « baba » et celui-ci de répondre « pas encore ». « En chemin ? » poursuit Amnon Lévy et le jeune homme de répondre en levant les mains avec une fausse modestie : « Bientôt, si D. le veut ».

Je regarde le programme, le jeune « Baba » et ses fidèles (pour des raisons évidentes je ne cite pas son nom) et je ne comprends pas comment peut-on être si aveugle. Pourquoi certaines personnes suivent aveuglément ces gens qui leur promettent monts et merveilles ? Qu'est-ce qui dans notre jugement est faussé, et permet à ces imposteurs d'escroquer des pauvres gens en distribuant des amulettes et autres ? Pourtant, tous les Sages d'Israël ont décrié ce phénomène malheureux des faux « baba » qui ne sont pas des sages en Torah (évidemment, je ne parle pas des véritables Sages comme Baba Salé de mémoire bénie), alors comment se fait-il qu'une partie du public ne comprenne toujours pas qu'il s'agit tout simplement de bluffeurs ? En analysant le langage du corps de cet escroc, je ne lui aurais même pas acheté un plateau d'œufs usagé. Alors comment tombe-t-on dans le piège d'un homme qui a juste trouvé un travail plus facile et agréable que sa profession antérieure ?

Capture d’écran d’une cérémonie de désenvoûtement du mauvais œil

Je reconnais avec un certain embarras, que, moi aussi je suis passé par cette étape. Quand j'ai commencé à faire techouva j'ai fréquenté la cour d'un « baba » pendant quelque temps. Il y avait dans son attitude certaines choses suspectes mais aussi des éléments qui m'ont mis en confiance. D'une part ce « baba » maintenait un kollel (centre d'étude de la torah), mais d'autre part, il participait à des émissions de télévision inappropriées. Ses collaborateurs prenaient grand soin de diffuser des cassettes vidéo qui racontaient ses miracles mais quand je l'interrogeais personnellement il prétendait ne rien savoir et n'avoir jamais visionné ces cassettes. Je suis arrivé chez ce « baba » en anonyme, mais quand ses proches ont su que j'étais journaliste, ils ont réussi à concocter grâce à mon aide un article élogieux pour le journal du week-end de Ma'ariv (qui n'a finalement pas été publié, car il n'était pas assez « jaune »). En tant qu'homme de presse, j'ai rapidement intégré le cercle privé de ce « baba ». Tout me semblait commercialisé et trop rapide, et surtout je ne comprenais pas comment l'assistant du « Baba » (qui racontait ne pas gagner un sou et faire toute son activité bénévolement) disposait d'un GPS coûteux et sophistiqué (pour l'époque). Mais quand on se convainc que « le juste décrète et D. accomplit », que ce n'est qu'en croyant que l'on est exaucé et que l'on entend des témoignages du type « le Rav m'a promis un accouchement facile comme une poule et c'est ce qui est arrivé » on est comme paralysé. La suspicion naturelle disparait et l'on devient comme un zombie dénué de bon sens.

À ma décharge il faut dire que j'ai vite découvert le pot aux roses, et que de plus je n’y ai pas laissé d'argent. De surcroît, les habitudes de ce « baba » étaient ambivalentes puisqu'il soutenait tout de même un kollel. Mais dans le marché des « baba » le charlatanisme est beaucoup plus transparent et équivoque. Alors comment expliquer que des gens censés continuent à courir chez ces devins ? Ce gardien qui jusqu'à il y a deux ans vivant sans respecter une seule mitsva serait-il devenu une montagne de sainteté capable comme il le dit de donner les meilleurs conseils à Benjamin Netanyahou s'il venait le consulter ?

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La réponse est simple. Nous vivons dans une génération où nous voulons des résultats en un clic. Au lieu de faire face aux difficultés, les gens préfèrent penser qu'ils sont simplement «ensorcelés», de sorte que la lutte est au-delà de leurs capacités. Au lieu d'améliorer leurs mauvais traits de caractères, certains s’imaginent qu'avec une belle contribution à un homme en kippa et barbe, ils règleront leurs problèmes. Au lieu de suivre un traitement médical ou psychologique, il y a ceux qui préfèrent une troisième solution. C'est ce qu'a bien compris notre « apprenti-baba » qui a dit à Amnon Lévi « Que voulez-vous dire, aller chez un psychologue ? Il ne peut pas voir si une personne est ensorcelée ! »

Alors, que faire ? Il est un peu difficile de trouver une solution raisonnable à ce phénomène, à part une greffe générale de bon sens en barre. Cependant, si vous connaissez dans votre entourage une personne qui est « suivie » par un « Baba » de ce type, posez lui les questions qui s'imposent et essayez de lui rappeler ce que le bon sens commun oblige. Il n’y a pas de magie, pas de raccourcis, ni de tours de passe -passe. Pour obtenir des résultats, il faut travailler, s'améliorer soi-même et dans le respect des mitsvoth. Il est certain que D. ne désire pas que des jeunes célibataires dépensent 350 shequels pour qu'un « Baba » quelconque les envoie jeter des clefs dans l'eau ou laver leur maison à l'eau de mer. Ce que le Tout-Puissant  veut de nous, c’est notre cœur, notre confiance en Lui et notre respect de ses commandements.

 

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