Les deux hommes ont rapidement fait connaissance et il s'est avéré qu'ils avaient étudié dans la même yechiva. L'oncle était arrivé parmi les premiers convives, la maison était encore presque vide, les souvenirs de cette période sont devenus leur sujet de conversation.
L'oncle s'est rappelé d'un incident parmi toutes les expériences de cette période de leur vie. “Je me rappelle, qu'un soir, quand tu étais dans ta chambre dans l'internat, un de nos amis a voulu te jouer un tour. Il t'avait enfermé de l'extérieur et tu n'avais aucun moyen de sortir. Tu frappais lourdement sur la porte en suppliant qu'on te libère mais le jeune homme continuait à rire et ne prêtait pas attention à ce que tu disais. Tu t'en souviens ?” Le visage du père de la fiancée prit tout à coup un air grave, et l'air bouleversé, il éclata en pleurs. “Bien sûr que je me souviens de ce terrible incident, et jusqu'à aujourd'hui je ne pardonne pas à celui qui en a été la cause” dit-il les larmes aux yeux.
L'oncle, qui avait rappelé cette histoire innocemment, faillit s'évanouir. L'auteur de cette mauvaise plaisanterie n'était autre que lui-même ! Or, il venait d'entendre en des termes non équivoques, qu'on ne lui pardonnait pas.
Le lendemain, l'oncle s'est présenté devant un des grands d'Israël qui lui a dit “si vous ne voulez pas d'ennuis, allez lui demander pardon immédiatement pour ce que vous avez fait.” Le Rav ne connaissait aucun protagoniste, et encore moins les détails de l'incident, ni les malheurs qui accablaient l'oncle en question. Il s'est contenté de presser cet homme à exprimer au plus vite ses regrets…
L'oncle, comme cela lui avait été recommandé, a frappé à nouveau à la porte du domicile de la fiancée en avouant avoir été celui qui trente ans auparavant avait eu la mauvaise idée d'enfermer dans sa chambre son compagnon de l'époque. “Je suis venu te demander pardon, j'avais été pris dans un vent de folie, et je te prie de tenir compte de la longue période qui s'est écoulée depuis”.
Initialement, le père de la jeune fille refusa de lui accorder son pardon, mais comme l'homme insistait et suppliait en pleurant, il dit “saches qu'à l'époque tu m'as causé un tort terrible, je te demande de prendre garde à ne plus jamais le refaire à personne, et je te pardonne”.
Soulagé, l'oncle accepta la remarque et prit le chemin du retour.
L'heureux dénouement de cette histoire eut lieu dix mois plus tard, quand l'oncle frappa pour la troisième fois à la porte de son ami d'enfance, le visage rayonnant. “Je voulais te dire que je viens d'avoir mon premier fils après plus de 26 ans d'attente”.
Arrêtons-nous un instant et réfléchissons aux nombreux cas où nous portons atteinte à d'autres sans le savoir, ou plutôt sans nous en rendre compte. Dans ces cas, nous avons en réalité le devoir de nous excuser et si nous ne le faisons pas, nous risquons d'être punis.
Nous ignorons aussi que souvent la personne offusquée est rentrée chez elle en pleurant, et en se disant qu'elle ne pardonnerait jamais ce qui lui avait été fait.
Notre conclusion principale, doit être de nous éloigner au maximum de toute atteinte à d'autres.