Le Rav David Abouhatsira m'a assuré que ce Sefer Tora serait certainement présent au Bet Hamikdach.
Le Rav David Avraham tourne dans tout le pays avec un Sefer Tora unique : il s'agit d'un projet spécial dont il a été l'initiateur : le Sefer Tora du Peuple Juif, dans lequel toute personne intéressée peut prendre part en complétant les lettres. Au départ d'une station de radio dans le Sud puis passant par une rencontre avec le commandant blessé Ziv Shilon, le Rav Avraham est porteur d'un message unique : chaque juif est attaché au plus profond de son âme à la Tora.
L'idée d'entreprendre l'écriture d'un Sefer Tora s'est planté dans l'esprit du Rav Avraham David – conférencier en Judaïsme – lors des conférences qu'il transmettait vers des endroits dénués de religion. ” Je me suis retrouvé dans certains endroits comme des Kiboutzim où je ne suis pas sûr qu'on y jeune à Yom Kippour ; mais c'est justement dans ces endroits que j'ai compris que chaque juif a son étincelle. Dans un des Kiboutsim du Chomer Hatsair, connu pour sa laïcité, une queue se formait pour me demander de leur procurer des Mezouzot, certains m'ont même demandé s'il y avait une différence entre la Mezouza d'une chambre d'enfant et celle de la cuisine… Ce genre de questions m'a fait réaliser que finalement les gens les plus éloignés de la religion cherchent à se rattacher au Judaïsme.
L'initiative a muri dans son esprit et est arrivée au stage final à Simhat Tora. “je me suis dit que de la même façon que chaque juif circoncis son fils, chaque juif aime et respecte le Sefer Tora. Alors pourquoi ne pas écrire le Sefer Tora du Peuple Juif, un Sefer Tora dans lequel chacun peut prendre part en y écrivant des lettres – religieux et laïques, sans différence d'appartenance politique.
Le Rav Avraham a commencé par chercher un scribe, une mission qui s'est avérée difficile. Pour pouvoir faire participer tout le Peuple Juif il fallait écrire des lettres incomplètes et la majorité des scribes a refusé d'écrire de cette façon. Mais finalement j'ai finis par trouver un scribe avec la crainte de Dieu qui a accepté d'entreprendre cette mission.
La première lettre du Sefer Tora a été complétée par le Rav Haim Kanievski. “Il m'a dit en Yiddich que j'étais un 'bon fou'…” sourit Rav Avraham. Et depuis le Rav Avraham tourne au travers du pays pour compléter les 300000 lettres du Sefer Tora.
J'étais à Givat Tsvi un Yichouv datant de 34 ans sans synagogue, actif à Yom Kippour. Pendant une heure et demie les membres du Yichouv ont fait la queue, il y avait parmi eux le secrétaire qui était un des plus grands opposants à la fondation d'une synagogue. Ils ont tous complété une lettre dans le Sefer Tora. Inspirés par cette expérience, une semaine après on inaugurait une synagogue dans le Yichouv.
Lors de mon passage à Natanya un homme au nom de Chalom me demandait d'écrire la lettre Chin. Il avouait qu'il avait honte d'écrire dans le Sefer Tora alors qu'il transgressait le Chabat. Ce à quoi je lui ai répondu que sa part dans le Sefer Tora n'était pas plus petite que la mienne. Il s'est avéré que la lettre 'chin' qu'il allait compléter était celle du Chabat : 'le septième jour – Chabat – il se reposera'.
A la sortie du Chabat il me téléphonait en m'annonçant qu'il avait réussi à observer la moitié du Chabat! ! Espérons que la deuxième moitié ne tarde pas à venir…”.
Le Rav Avraham complète chaque jour une centaine de lettres dans le Sefer Tora et se déplace où on l'appelle. “Les gens me demandent de venir chez eux à la maison et quand j'arrive je trouve des voisins, des amis et de la famille qui veulent chacun écrire ses initiales et celles de ses proches. Ça ne leur coute rien et je me déplace partout. C'est particulièrement émouvant de voir les enfants attendre le Sefer Tora à l'entrée de l'immeuble avec grande impatience”.
Le jour de notre entretien, le Rav Avraham venait de participer à l'émission de Mino Bar. “J'ai tout simplement frappé à la porte du studio et leur ai parlé du Sefer Tora, et quand j'ai finis de parler du projet, j'ai été retenu pendant une heure et demie par tout le personnel qui voulait écrire une lettre dans le Sefer Tora.”
Qui finance ce projet ?
“J'ai une association mais il n'y a pas de financement officiel. Ce sont des gentilles personnes que je rencontre en cours de route qui financent le projet. Une personne m'appelle en m'annonçant qu'elle veut financer le parchemin de cette semaine, puis encore d'autres philanthropes se joignent et chacun donne ce qu'il veut. Evidemment je ne demande pas un sou. Il m'arrive de me retrouver dans une maison où on une centaine de lettres sont écrites sans payer un sou. Je le fais avec amour et plaisir”.
Le Rav Avraham a une collection d'anecdotes. “J'habite à Elad et j'ai pensé proposer à la famille de Eyal Yifrah – que son sang soit vengé – d'écrire des lettres dans le Sefer Tora. A la sortie du Chabat j'ai donc appelé ce que j'assumais être le numéro de la famille Yifrah. Une dame me répondait en m'invitant à venir dans la demi-heure qui suivait. 'Pas de problème j'habite pas loin de chez vous sur la rue Ibn Gabirol'. Elle était très étonnée : 'Ibn Gavirol ? Dans notre voisinage ? Etes-vous sûr de ne pas faire erreur ? Je ne la comprenais pas jusqu'à ce qu'elle me demandât quelle famille je recherchais. 'Je cherche la famille Yifrah' lui répondis je. 'Vous vous trompez nous sommes la famille Shaer, les parents de Gilad – que son sang soit vengé. J'ai tout de suite compris qu'il s'agissait de la Providence Divine et donc au lieu de voyager 2 rue à coté, j'ai voyagé à une heure de distance. Quand je suis arrivé à destination les parents de Gilad m'attendaient avec un grand sourire : 'comment saviez-vous qu'aujourd'hui c'est l'anniversaire de Gilad ?'. Depuis, la famille du troisième kidnappé – Naftali Frankel a aussi eu l'occasion d'écrire une lettre dans le Sefer Tora.
Ziv Shilon, commandant a l'armée qui a perdu son bras lors d'une opération militaire, a aussi écrit avec grande émotion une lettre dans le Sefer Tora. “Je lui ai tout simplement téléphoné”, raconte Rav Avraham. Shilon décrit ses impressions sur Facebook :
'Les actions du Rav rappellent à tous les Juifs que la Tora ne fait pas de différences entre nous, nous sommes tous ses enfants et elle représente le pilier de notre histoire. Il y a une citation bien connue et justifiée qui dit qu'un peuple qui ne connait pas son passé a un présent inconsistant et un avenir flou.
La Tora est la base de notre unité et il nous incombe de nous en rappeler…
Ce matin, sans aucune prétention le Rav est arrivé au café Aroma et m'a donné le privilège et le mérite d'écrire ma propre lettre dans le Sefer Tora. C'est comme ça que je suis devenu un membre intégral de ce projet incroyable !
J'ai promis au Rav de faire tout mon possible pour filmer sa campagne au travers du pays afin que chaque fois qu'on le regarde on se rappelle que nous faisons partie d'un seul peuple.
Je suis reconnaissant d'avoir eu le mérite d'être un juif en Terre Sainte.