Oriane Reiss
Même la résistance laïque fondait devant sa bonté et sa grâce. Mes Adieux à mon Rav le Rav Yaakov Eidelstein zatsal.
Oriane Yiska Shabbat a grandi à Ramat Hasharon mais seulement dans ces seulement quand elle fêtait ses vingt ans qu'elle prit connaissance du Rav. Dans un article émouvant elle raconte sur ses portes toujours ouvertes et sur les bénédictions qu'il répandait tout au long de sa vie.
Tout le monde connaissait mon Rav et celui qui ne l'a pas connu est perdant.
Le Rav Yaakov Eidelstein ben Miriam Gittel -le nom sur lequel nous avons tous prié à sa requête – Rav de Ramat Hasharon a été mon guide spirituel à tous les niveaux durant les 5 dernières années.
Moi qui ai grandi à Ramat Hasharon j'ai eu le mérite d'etre la fille d'une maman qui enseignait au college Kalman pendant plus de 30 ans. Elle inculquait dans ses élèves entre autres, le concept d'une 'ville bénévole'. Elle était célèbre – elle l'est toujours d'ailleurs- et le simple fait que pendant 30 ans jusqu'à mon mariage je portais son nom de famille, m'ouvrait les portes de la maison du Rav car le Rav et sa famille l'estimaient beaucoup.
J'ai toujours dit en plaisantant que la fille d'une prof n'a pas vraiment de quoi être pistonnée mais dans mon cas c'était le meilleur piston de ma vie.
Même l'obsession laïque fondait devant sa bonté et sa grâce.
Mon retour à la religion a pris forme durant les dernières 6 années mais le nom du Rav était dans quelque part au fond de ma conscience. Un homme vertueux surélevé d'une envergure incroyable. Ramat Hasharon était une ville qui se vantait il n'y a pas si longtemps pour sa laïcité. Mais avec le temps et la chaleur infinie du Rav il a réussi à y inculquer l'amour gratuit et c'est grâce à lui qu'ont été instituées des communautés de religieux et de gens qui sont revenus à leurs racines. C'est surement du fait que Rav Shakh l'avait envoyé pour instiller la vérité qu'il a rencontré tant de succès.
Durant sa dernière année la maison du Rav se vidait. Ceux sont des petits papiers et des messages par l'intermédiaire de ses enfants qui remplaçaient le sourire constant alors qu'il était en réanimation à Natanya. Au lieu de la maison de Rechov Naomy qui avait toujours la porte grande ouverte et qui rentrait dans le cœur de tous les visiteurs, seule une chaise abandonnée y restait.
Ma première visite chez lui était une veille de Pessah 2011. Le Rav me recevait sans aucune manière et avec enthousiasme. Le Rav Gellis qui est aussi connu pour son surnom-le Rav de Jerusalem- et qui représentait pour moi un père spirituel, m'accompagnait car je désirais présenter au Rav un certain dilemme spirituel auquel je faisais face lors de mes études de Kodech dans un séminaire. C'était un dilemme qui me tracassait et on m'avait conseillé de me tourner vers le Rav.
Et depuis j'ai eu le mérite de me trouver chez lui à toute heure pour poser des questions ou pour lui faire part de bonnes nouvelles, à la sortie des fêtes ou même 4 heures avant Kippour cela ne changeait en rien car il vivait au-delà du temps et l'amour du prochain battait dans son cœur.
Le décor ne change pas, juste le genre de Mitsva.
Cette semaine à la sortie du Shabbat je suis rentrée dans la maison accompagnée de la cousine du Rav, la Rabbanit Berman (la première dame de Bnei Brak qui est aussi ma mère adoptive spirituelle) et de sa fille Miri mon amie.
Je suis rentrée dans la maison pour réconforter les endeuillés accompagnée pour la première fois en tant que femme mariée mais le Rav n'était pas là.
La maison était en pleine activité ce qui était à prévoir pour le premier des 7 jours de deuil. Les belles filles s'affairaient dans la cuisine et les endeuillés était assis dans le hall. Je ne comprenais pas pourquoi je ne pleurais pas un pleur triste et profond. Je ressentais une peine profonde à laquelle se mêlaient des souvenirs inoubliables. Je ressentais une voix interne m'appeler en me demandant de mettre le deuil de côté et de me rendre à cette voix du mois d'Adar qui venait de commencer. J'ai senti mon corps se détacher et mon âme s'élever. Le premier souvenir était celui de Pourim car Pourim chez le Rav était le jour durant lequel des milliers de personnes affluaient car les bénédictions que le Rav dispensait ce jour attiraient des milliers de personnes toutes tendances car chacun voulait assouvir sa soif et en boire plein le verre 'adei lo yada'.
Il y a 2 ans les choses prirent une ampleur de plus. On m'approchait en me demandant si j'avais entendu parlé de ce 'tribunal terrestre à Ramat Hasharon'. On parlait d'un Rav qui délivrait jeunes hommes et jeunes filles de leur célibat. On rajoutait qu'une bénédiction de sa bouche ainsi qu'une oreille d'Haman se prouvaient miraculeuses et que cela valait le coup d'essayer.
Petit à petit les larmes ont commencé à me couler mais je sentais un petit sourire les accompagner.
Je me suis rappelée qu'il y a de cela un an exactement à Pourim le Rav endurait une opération complexe et la voix des prières remplaçait celle des hochets. Par le biais de son aide je lui envoyais un message lui racontant que des prières étaient organisées de par le monde, et que des groupes se formaient sans arrêt pour prier pour sa guérison, l'essentiel était qu'il guérisse. J'écrivais tout en imaginant que l'année d'après je viendrais chez le Rav à Pourim accompagnée cette fois de mon mari et non plus en tant que célibataire qui demande une bénédiction.
Promesse accomplie de son vivant et de son décès.
L'an dernier au Mois de Tamouz un jour avant de rencontrer mon futur mari je lui ai demandé si je pouvais rajouter à mon nom le nom Yiska. C'était une requête que je lui présentais souvent mais il répondait toujours que ce n'était le moment. Mais ce jour ci il m'encourageait à rajouter le nom. C'était comme s'il savait… Evidemment qu'il savait.
Du coté des hommes mon mari, jeune avrekh, étudiant dans un des Kollelim locaux n'a pas la moindre idée jusqu'à ce jour du cercle qui vient de se fermer… Je ressentais que le Rav œuvrait pour mois à partir du jardin d'Eden.
Juste avant de sortir j'ai voulu bénir sa fille aimée Madame Rivka Rom de toutes les bénédictions que son papa dispensait au Peuple Juif. Je voulais la remercier de manière symbolique pour toutes les fois durant lesquelles sa famille m'adoptait comme un des siens. C'est là qu'elle m'a dévoilé qu'un instant avant de fermer ses yeux éternellement, le Rav avait demander d'étudier la Massekhet Brakhot (des bénédictions). Combien symbolique.
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