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‘’Au milieu des danses au club, mon Tsitsit ressortait et m’embrouillait’’.
‘Haïm Hacohen Gerber s’est rapproché du judaïsme, mais était certain que personne ne pourrait répondre à tous ses questionnements et le convaincre de se lancer entièrement dans l’aventure. Au final, il avoue : ‘’Qu’on le veuille ou non, la vérité finit toujours par percer’’.
Une historie inédite.
Lorsque ‘Haïm Hacohen Gerber (célibataire qui a fait son Alya dernièrement) a connu le judaïsme pour la première fois, il était alors âgé de 10 ans. Il était persuadé que c’était ‘’la vérité’’. Cela commença parce qu’un bon ami avait l’habitude de se faire inviter pour Chabbat dans une certaine Yéchiva à Akko, et qu’il lui proposa une fois de se joindre à lui. Pour ‘Haïm, ce fut le début de plusieurs Chabbat passés à la Yéchiva en compagnie de son ami.
La force de ce Chabbat, les prières, les chants, le cours de Torah, lui laissèrent un impact important. Il savait déjà à l’époque, que c’était le chemin de la vérité et qu’il devait le suivre. ‘’Après quelques Chabbat à la Yéchiva, je décidai qu’il m’était impossible de retourner à l’école non-religieuse où j’étudiais’’, se rappelle ‘Haïm, aujourd’hui âgé de 40 ans, employé au département des pays étrangers à Hidabroot.
‘’Bien entendu, à l’époque, je ne savais pas encore définir ce que je pensais ou ressentais’’, raconte ‘Haïm. ‘’Mais j’étais très déterminé, et les paroles de mes parents, ainsi que de mes professeurs, ne servirent à rien. Tous déclaraient que j’étais trop jeune pour savoir ce qui était bon pour moi, et ils avaient réellement pitié de moi. Ils pensaient qu’à la Yéchiva on m’avait fait du bourrage de crâne, qu’on avait profité de ma naïveté. Mais moi, je savais que ce n’était pas le cas.
Cette vérité était si douce pour moi, mais pour mon entourage c’était un cauchemar. Et plus on voulait m’empêcher d’aller dans ce chemin, plus je me braquais. Je refusais d’aller à l’école, et chaque fois qu’on m’y ramenait, je me sauvais à la Yéchiva. Quand ils comprirent enfin qu’ils avaient affaire à un sérieux têtu, mes parents me dirent : ‘’C’est d’accord, nous sommes prêts à ce que tu ailles à la Yéchiva’’.
‘Haïm partit donc à la Yéchiva. Il y étudia pendant une année et se renforça encore plus dans le judaïsme. Après cela, il reprit le chemin de l’école, une école religieuse proche de la maison. Il y passa deux années, jusqu’à la classe de 5ème. En 4ème, il changea de structure, et c’est là que les choses prirent une autre tournure. ‘’A cette période, j’étais entouré de mauvaises personnes qui, au lieu de me renforcer dans le judaïsme, m’en éloignaient. J’en vins même à détester les Mitsvot !’’.
Le rouage était enclenché, et la chute spirituelle totale fut rapide. A 15 ans, ‘Haïm se retrouva dans la rue, sans école. ‘’J’abhorrais tout ce qui avait trait à la religion, et cherchais à la fuir par tous les moyens. Comme je n’avais plus rien à faire, je décidai de voyager aux Etats-Unis pour rejoindre mon père qui y vivait’’.
‘’Je passai un examen pour entrer dans une école publique, dans l’espoir de ne pas être accepté. Malheureusement, je fus accepté’’.
Le passage de la mentalité israélienne à la mentalité américaine était une difficulté à part entière, mais ‘Haïm y fit face avec courage, et se retrouva rapidement dans le bain. Au départ, il pensait ne pas retourner à l’école, et suivre plutôt une formation professionnelle, mais son père s’entêta à ce qu’il continue, et fit avec lui un ‘’pacte’’. Il allait passer l’examen d’entrée de l’école. S’il était accepté, il continuerait les études. Sinon, son père n’insisterait pas et le placerait dans une école professionnelle. ‘’Je passai un examen pour entrer dans une école publique, dans l’espoir de ne pas être accepté. Malheureusement, je fus accepté. Je rentrai en section ESL, Anglais Seconde Langue, où tous les élèves venaient de l’étranger. Nous apprenions l’anglais de façon très intensive pendant deux ans’’.
La réussite fut au rendez-vous. ‘Haïm s’intégra très facilement. Son caractère agréable et sociable, et sa capacité à se débrouiller n’importe où, séduisirent ses amis, et tous s’attachèrent à lui comme des abeilles à du miel. A un certain moment, il devint responsable des activités entre élèves de l’école et était considéré comme la personne la plus influente.
Quand il finit ses études (avec félicitations du jury, bien entendu), il intégra une faculté d’informatique au Brooklyn college. ‘’A l’université en Amérique, il y a un mouvement des étudiants, appelé le ''club des copains'', responsable d’organiser des sorties, des fêtes, des conférences, des rencontres, etc. C’est très populaire, et cela existe dans toutes les universités’’.
Dès la première année d’université, ‘Haïm fut nommé D. J. officiel du club, la seconde année il en était le trésorier, et la troisième année il en devint le président. ‘’Autant dire que c’est le titre le plus honorifique chez les étudiants. Etre le président du club, cela signifie faire les trucs les plus fous, être à l’honneur sans arrêt, et être le clou du spectacle à chaque occasion’’. Mais ‘Haïm ne se suffit pas de cela, il réalisa l’un de ses rêves en commençant à travailler dans la direction du département IT de l’une des plus grandes sociétés financières, à Wall Street. ‘’Aujourd’hui, cette société est connue mondialement, et elle a une succursale dans chaque recoin du monde, raconte ‘Haïm. J’étais plutôt jeune quand je fus engagé dans ses rangs, et parallèlement je réparais aussi des ordinateurs. Du coup, je gagnais beaucoup d’argent’’.
Le miracle des tours jumelles : ‘’De façon miraculeuse, j’arrivai en retard au travail ce jour-là’’.
Apparemment, il bénéficiait donc de tout : l’argent, les amis, la réussite, et les rêves accomplis. Mais à l’intérieur, quelque chose le pinçait, comme s’il lui manquait quelque chose, comme s’il n’était pas complet. ‘’Ayant vécu beaucoup d'expériences, je peux dire que j’avais déjà épuisé le stock de frivolité à seulement 24 ans. Ce monde, avec tous ses attraits, ne m’intéressait plus, j’en avais fait le tour. Chaque nouveau défi dépassé me rendait heureux pour une semaine ou deux semaines, puis revenait cette sensation de vide intense. En vérité, je commençais à m’ennuyer de la vie. Et c’est là que je me suis mis à réfléchir sur le but de tout cela’’.
Mais tous ces questionnements, aussi forts soient-ils, ne lui donnaient pas encore la force de se prendre en main et de chercher les réponses. Ce fut longtemps après que ‘Haïm entreprit d’aller à la recherche de cette fameuse vérité dont il ressentait cruellement le manque.
Quelle place avait Hachem dans ta vie, à cette période ? Lui parlais-tu, lui racontais-tu ce qui t’arrivait ?
‘’Bien sûr. Malgré l’éloignement qui s‘était a priori créé pendant des années, j’avais toujours ce lien avec Hachem. J’avais toujours cherché la vérité, mais je savais bien que je n’étais pas dans la bonne direction. Je savais que je fautais, et que je faisais fauter les autres, et j’implorais Hachem d’avoir pitié de moi et de me guider vers la réparation, vers le but ultime’’.
Quand est-ce que cette recherche intérieure t’a amené vers une recherche réelle, en pratique ?
‘’On peut dire que c’est arrivé après un miracle qu’Hachem m’a fait lors de l’effondrement des deux tours jumelles. Ce jour-là, je suis arrivé très en retard à mon travail à Wall Street, et lorsque j’ai saisi la dimension de la tragédie, je n’arrivais plus à penser à autre chose qu’à la miséricorde d’Hachem envers moi’’. C’est l’une des raisons pour laquelle il a finalement participé à un séminaire d’Arakhim, il y a deux ans, pour trouver les réponses à ses questions.
Et en as-tu reçu les réponses ?
‘’Tout à fait. Mais pas immédiatement. J’ai dû suivre un long chemin pour mériter de tout comprendre’’. Hachem a vu sa volonté d’avancer, a entendu son cri, et l’a aidé à faire le pas sous la forme d’un ami proche qui est revenu vers le judaïsme. ‘’Cet ami avait l’habitude de m’inviter pour les repas de Chabbat, et il savait comment me parler pour m’influencer doucement. Il me disait : ‘’Allez, mange un peu avant d’aller au club, tu ne vas pas danser le ventre vide !’’
Au club, lorsque mon Tsitsit sortait du bas de ma chemise, je pleurais et me demandais : que fais-je ici ?
‘’A force de faire sans volonté, on fait avec volonté’’, affirment nos Sages. Après les repas de Chabbat, ce fut le tour de la synagogue qu’il commença à fréquenter, puis peu à peu, des cours qu’il venait écouter. ‘’Les Rabbanims qui furent les plus convaincants pour moi à cette période furent Rav Méïr Chabbat, Rav Yossi Mizra’hi et Rav Avraham Halevi, qui était Rav de communauté dans mon quartier. Tous trois savaient parler à mon cœur, et m’ont renforcé. A un moment, j’ai même pris sur moi de porter les Tsitsit, mais je n’étais pas encore prêt à renoncer entièrement à mon monde bien connu ou de ne plus sortir en boite’’.
Et qu’est-ce que tu ressentais alors ?
‘’C’était une grosse contradiction interne, qui me rendait très instable. Au club, lorsque mon Tsitsit sortait du bas de ma chemise, en pleine danse, ma Nechama pleurait et criait : ‘’Que fais-tu là ?’’. Au final, ce malaise me poussa jusqu’aux limites sombres de moi-même, et il fallait urgemment que je prenne une décision : quel chemin voulais-je emprunter ?’’
Il décida alors de respecter le Chabbat. ‘’J’ai essayé juste deux Chabbat, et c’était l’enfer, surtout parce que j’étais un fou de la télé, d’une manière que je ne peux même pas décrire. Pour pallier à ce manque, je décidai de respecter Chabbat pendant deux mois, avec la télé allumée sur ma chaine préférée depuis l’entrée de Chabbat’’.
Cela changea lorsqu’il accepta de passer le Chabbat dans une Yéchiva de Baalé Techouva à Monsey, avec plusieurs de ses bons amis. Il avait alors 26 ans, et beaucoup de questions sans réponse concernant la Torah, le but de la création, la vie. ‘’J’y suis arrivé tel quel, sans Kippa, et avec la certitude qu’aucun homme sur terre ne pourrait m’éclairer et me convaincre de me donner corps et âme au judaïsme. Comme j’avais appris les sciences à l’université, mes questions étaient profondes et intelligentes, et j’étais persuadé que personne ne pourrait me répondre, à mon niveau, en profondeur. Aujourd’hui, j’avoue m’être trompé’’.
Pourquoi ?
‘’Parce que c’était avant de connaître Rav Yaakov Bakhrakh, Roch Yéchiva de cette Yéchiva de Baalé Techouva à Monsey. Il fut mon envoyé céleste personnel, le seul qui répondit à mes questions scientifiques, mais aussi me rajouta des questions auxquelles je n’avais pas pensé. Je retournai à la Yéchiva chaque semaine, pour revivre un Chabbat exceptionnel’’.
‘’Au final, la vérité finit toujours par percer, et elle se dévoile à tous. Mais il vaut mieux la découvrir au plus tôt’’.
Huit mois après, Rav Bakhrakh l’invita à passer une semaine à la Yéchiva. ‘’Après cette semaine, j’étais convaincu que je ne pouvais plus retourner à Brooklyn. J’ai tout quitté et ai intégré la Yéchiva’’. Pendant trois ans, ‘Haïm étudia la Torah sérieusement, et s’imprégna des valeurs du judaïsme, sans oublier d’investir aussi dans le domaine qu’il affectionnait tant, celui des activités sociales.
Pendant des années, il organisa donc des activités pour les enfants et les adolescents, il prit même une place importante dans leur vie. Ces activités comprenaient des sorties, des tirages au sort avec des lots à gagner, des cours de Torah coïncidant à leur niveau. ‘’C’est Rav Levy qui m’a poussé à utiliser mes capacités en la matière pour prendre en charge les activités pour les jeunes’’, explique ‘Haïm. J’ai toujours eu l’étoffe d’un chef, et je savais influencer les gens. Mais grâce à Rav Levy j’ai appris à peaufiner cet art et, avec l’aide d’Hachem, à aider de nombreux jeunes, dont certains se sont mariés entre temps. Jusqu’à aujourd’hui, je considère chacun de ces élèves comme mon frère. Et encore aujourd’hui, ils me sollicitent parfois pour des questions qu’ils n’osent poser à personne d’autre’’.
Cela arrive, à son avis, parce que cet art est aussi celui de donner des conseils sans se placer en juge, et c’est très important, selon lui, pour ramener les juifs à la religion. ‘’C’est d’autant plus important s’il s’agit de jeunes gens qui ont fait fausse route. Leur entourage les juge souvent et ont un regard négatif sur eux. Or, si un jeune voit que son entourage pense que c’est un mécréant, il fera tout pour effectivement le prouver, et il s’embourbera. Moi, lorsque je les conseille, c’est en essayant de me mettre à leur place, en les comprenant réellement et en cherchant leur bien. Même si un homme a commis une faute grave, il faut essayer de lui faire passer le message, avec sagesse et respect, qu’un tel acte n’est pas digne d’une personne aussi exceptionnelle que lui. Quand le reproche est fait de cette façon, la personne en face ne peut pas faire la sourde oreille’’.
Pour finir, que dirais-tu à un homme qui a du mal à se rapprocher d’Hachem à cause de certaines questions qui le taraudent, du style des questions que tu avais ?
‘’Il y a plusieurs choses qui peuvent éloigner l’homme de la Techouva. Je vais essayer de les citer une à une :
Tout d’abord, c’est de savoir baisser la tête et dire ‘’je me suis trompé’’. Pour rentrer dans le monde de la Techouva et de la vérité, il faut se débarrasser du mensonge dans lequel on vivait jusqu’à présent. Mais de par la nature de l’homme, cette démarche est très difficile, et peu importe s’il s’agit d’un homme qui recherche la vérité ou non.
Ensuite, je pense que l’une des choses les plus importantes qui empêche la Techouva est la peur de perdre son ‘’soi’’. Car dès que l’on se rapproche d’Hachem, notre entourage attend de nous que nous soyons habillés différemment, que nous nous comportions différemment, que nous fassions d’autres choses que celles auxquelles nous étions habituées. Dans un certain sens, on pourrait dire qu’on nous demande de nous délester de notre ‘’moi’’, d’abandonner nos habitudes, nos envies et nos connaissances qui étaient, jusque là, la base de notre être.
J’ai entendu un joli Machal (parabole) de Rav Eli Mansor à ce sujet. Lorsqu’un homme se trouve hors de l’eau, et qu’on lui demande de porter une citerne d’eau, il essaye mais n’y arrive pas, parce que l’eau est extérieure à lui. Il sent qu’il n’est pas lié à elle. Par contre, si l’homme se trouve dans l’eau, on peut lui donner une citerne après l’autre, cela ne présente pas de difficulté pour lui. Ce n’est pas lourd. Pourquoi ? Parce qu’il se trouve déjà dans l’eau. Le Nimchal (l’analogie) est clair : lorsqu’on se trouve en dehors du monde de la Torah, tout nous parait lourd et dur. Mais lorsqu’on rentre à l’intérieur et qu’on comprend la raison de chaque chose, on se rend compte que cette Torah n’est que douceur, et qu’il n’est pas du tout difficile d’accepter le joug divin.
On comprend aussi que l’on ne perd en rien son identité. On découvre simplement notre véritable identité, celle qui était restée cachée pendant notre vie de mensonge. Car tant que l’on côtoie le mensonge, on ne connait même pas notre vrai ‘’moi’’, nos aptitudes, nos qualités, ce qu’on est vraiment. Quand on se rapproche de la vérité, on goûte enfin aux plaisirs spirituels qui n’existent pas ailleurs, comme le Chabbat, les règles des contacts interdits hors mariage entre homme et femme, ou l’étude de la Torah. C’est une satisfaction que l’on ne peut expliquer, il faut la vivre. Un homme qui se tient à l’extérieur ne pourra jamais ressentir ce que c’est, tant qu’il ne s’y trouve pas réellement.
De plus, en tant qu’homme ayant étudié la science, ayant fait de la recherche et ayant approfondi de nombreux domaines, je peux dire que la Torah s’est avérée tout à fait à la hauteur pour répondre à toutes mes questions. Il s’avère qu’elle en sait bien plus sur la science que je ne l’imaginais. Mais pas seulement sur la science, mais dans tous les domaines de la vie comme l’astrologie, la psychologie, etc. C’est pourquoi, tout homme qui a des questionnements ne doit pas avoir honte de chercher les réponses. De nos jours, la connaissance de la Torah est ouverte à tous, via des portails comme Hidabroot, et on peut y trouver tout ce que l’on cherche. Pour cela, il faut simplement être courageux, et ne pas avoir peur de découvrir la vérité. Parce qu’au bout du compte, qu’on le veuille ou non, la vérité finit toujours par percer, même si c’est parfois après 120 ans. Alors pourquoi perdre du temps ? Allez chercher vos réponses. Et il vaudrait mieux… le plus tôt possible !’’