« Car (c'est) à Moi que les Bné Israël sont des serviteurs, ils sont Mes serviteurs, (à moi) qui les ai fait sortir d’Egypte, Je suis Hachem votre D-ieu » (Behar 25, 55)
Les Bné Israël sont restés esclaves 210 ans en Egypte. Cela signifie que certaines personnes sont entrées libres en Egypte, sont devenues esclaves et leurs enfants, petits enfants et arrières petits enfants sont nés et sont morts esclaves jusqu'à la génération de la libération. La notion d’esclavage était ainsi « génétiquement » imprégnée chez les Bné Israël sur plusieurs générations.
Chaque année, le soir de Pessah, nous rappelons la cruauté de cette forme d’esclavage. Les Bné Israël étaient exploités le jour dans les champs et les travaux de la terre, et, la nuit ils devaient être au service des Egyptiens pour leurs taches ménagères. Ainsi, les Bné Israël étaient esclaves à 100 %.
Nous savons qu’au-delà de la sortie d’Egypte ‘’physique’’, Hachem nous a libéré de l’”esclavage’’ en nous donnant la Torah. En effet, le mot mitsraïm (Egypte) en hébreu peut se lire métsarim qui signifie limites. La sortie d’Egypte signifie donc, pour toutes les générations, la possibilité grâce à la Torah de sortir de ses limites.
En effet, chaque Mitsva a une action libératrice sur l’homme. La sainteté libère l’homme de sa dépendance à la matérialité. La Cacherout permet à l’homme de sublimer ses addictions à la nourriture et d’avoir un rapport de dominant et non de dominé. Les lois qui régissent les rapports humains libèrent l’homme de la haine, de la convoitise, du vol, de la jalousie. L’acquisition de la Emouna (croyance) libère l’homme de la peur de l’inconnu et des dizaines de névroses qui en découlent pour ne citer que la peur de manquer d’argent. Ce n'est pas pour rien que nos sages nous enseignent : ” Ceux qui accomplissent la Torah et les mitsvot sont les personnes réellement libres”.
Qui n'a pas eu l'occasion de visionner une vidéo de la libération des camps de la mort traduisant le sentiment de reconnaissance éternelle des déportés envers leurs sauveurs ? Essayons alors d'imaginer le sentiment de reconnaissance des Bné Israël ayant été libérés du pire des esclavages, sentiment que nous faisons perdurer jusqu’à aujourd’hui par l’accomplissement des Mitsvot.
Le Even Ezra pose le raisonnement suivant : lorsqu'Hachem a libéré les Bné Israël, ceux ci se sont adressés à Lui en lui demandant comment ils pourraient Lui rendre le bien qu'Il leur a apporté en les libérant. Hachem répondit : si vous voulez exprimer votre reconnaissance accomplissez Mes Mitsvot. Et les Bné Israël acceptèrent.
Mais le phénomène est intrigant ! En effet, l'accomplissement des Mitsvot est profitable à l'homme. Il en est le seul bénéficiaire. En disant cela, Hachem dit en quelque sorte aux Bné Israël : ‘’si vous voulez Me rendre le bien que je vous ai fait, alors faites vous du bien !’’
Cela signifie que l'engagement des Bné Israël à accomplir les Mitsvot est fondé sur la reconnaissance du bien reçu.
Il existe une expression plus tellement en vogue mais très révélatrice d'un certain état d'esprit. Lorsque quelqu’un nous fait du bien on lui déclarait “je suis votre obligé”. Mais ce qui est intéressant dans cette formulation, c’est qu’il n'y pas la facette contraignante de l'obligation. Cela veut dire que lorsque je me sens être “l'obligé” de la personne qui m'a fait du bien le malaise de la contrainte n’existe pas. Contrairement à cela, si quelqu'un ressent comme une contrainte le fait d'avoir à rendre le bien qu'on lui a fait c'est qu'il est très égoïste ; il ne ressent pas le bien qu’on lui a fait.
Celui qui fait le bilan du bien que ses parents lui ont prodigué essaiera à tout prix de leur rendre même une infime parcelle de ce bien.
Celui qui fait la liste de ce que son conjoint lui apporte ressentira le privilège de pouvoir lui rendre service.
Celui qui ressent à quel point son travail, ses clients, ses amis -et même ses ennemis- ont participé à son devenir ne pourra ressentir que de la reconnaissance. Or c'est ce sentiment de reconnaissance qui rend la vie légère et agréable à assumer chaque jour.
Il s'agit d’une véritable éthique de vie. Celle de dire merci à chaque instant. Et lorsqu'on est occupé à dire merci, on ne peut pas voir les défauts.
A plus forte raison, de manière systématique on se doit de relever dans notre quotidien tous les bienfaits et les miracles qu'Hachem nous prodigue dans la santé, le couple, la Parnassa, l'éducation et l'accomplissement des Mitsvot. Et c'est ce qui rendra notre vie facile et heureuse.
Yehia Benchetrit
Auteur des livres “La vie : Invitation à être” et “La soif de savoir”. Site internet : ravbenchetrit.com. Application I Phone et Androïde : rav Benchetrit. Chaine Youtube : Yhia Benchetrit