Une Mida est la mesure d’une qualité. Quand une qualité possède la bonne mesure, elle peut être utile. Au contraire une qualité poussée à l’extrême est nuisible pour l’homme.
Alors quand une personne décide de travailler sur ses Midot, elle est enthousiaste de commencer ce travail. Hakhamim disent que « l’homme vient dans ce monde pour casser sa nature ». Le Gaon de Vilna dit aussi : « Si un homme n’arrange pas ses Midot : Malheur à lui ! ». C’est difficile d’arriver à la perfection des Midot, alors cette personne qui décide de travailler sur ses Midot parfois, ne sait pas par laquelle commencer : par la colère, par l’orgueil, par la haine ou par l’envie ?
Le Ramban a écrit une lettre à son fils, dans laquelle il lui dit : « Habitue-toi toujours à exprimer chaque parole avec Na’hat.»
Le Na’hat c’est la sérénité, parler à chaque interlocuteur et à chaque instant sans élever la voix.
Cela te sauvera de la colère !
La colère est un mauvais trait de caractère qui piège l’homme et l’entraîne à la faute et jusqu’à sa destruction ‘Halila ! Hakhamim ont dit que « tous les Guéhinams (enfers) prennent le dessus sur le coléreux. »
Ainsi le Ramban dit qu’en parlant sereinement tu te préserves de la colère et ainsi tu augmenteras la bonne mesure de la ’Anava : l’humilité, qui est la mère des Midot. Le premier travail sur les Midot consiste donc selon le Ramban à éviter la colère.
Au début ce n’est pas facile : certaines personnes ne se sentent pas exister si elles ne crient pas… Alors si elles se mettent à changer subitement leur manière de parler et qu’elles veulent s’habituer à la tranquillité, c’est un peu difficile.
Une femme m’a raconté une fois que son mari lui a fait une crise parce qu’elle changeait subitement son mode de parler et travaillait la sérénité !
Si l’on s’habitue à parler constamment à tout le monde avec sérénité : à son mari en priorité, à ses enfants, sa voisine, sa femme de ménage, à ses collègues de travail, alors il ne faut pas se trouver des excuses en disant : « J’ai essayé et puis à la fin ils m’ont énervé… »
C’est un travail : c'est-à-dire qu’au début tu te mettras peut-être en colère vingt fois par jour, après dix-neuf, puis dix-huit fois, doucement, doucement…
La sagesse c’est de parler avec sérénité, même dans un moment qui susciterait la colère : parce qu’il s’agit là d’un moment de Nissayon, d’épreuve. Hachem te teste alors et c’est justement le moment de travailler sur cette Mida. Et le Ramban dit que la colère est l’ennemie dont il faut absolument se sauver.
Pourquoi doit-on travailler spécialement sur cette Mida ?
Hakhamim nous disent que cette mauvaise Mida est là pour faire tomber l’homme. Hakhamim disent aussi « Toutes sortes de malédictions, de détresses, maladies, défauts, et les problèmes du monde sont le résultat de la colère. »
Alors l’homme doit contrôler sa colère et la prévenir.
Le cœur s’habitue à l’œuvre de chaque jour :
Voyons ainsi l’exemple d’un Tsadik : si chaque jour il se rend dans un lieu de Baalei Lachon Hara (personnes médisantes), comme dans un café, chaque jour un quart d’heure. Au début, il va faire attention et garde sa langue ; le deuxième jour il reste encore sur ses gardes mais ‘Halila de jour en jour son attention se dégrade et il se laisse aller petit à petit au Lachon Hara.
Voyons au contraire l’exemple d’un Racha : il vient chaque jour un moment au Beit HaMidrach et écoute les paroles de Torah. Petit à petit il va devenir Tsadik, en effet « d’après les actions sont entrainés les cœurs».
Certains sont habitués à s’énerver en toutes circonstances, et dans leur colère ils ne font plus rien de bien. Ils ont des sautes d’humeur qu’ils regrettent par la suite : ils disent des choses regrettables, cassent ou détériorent le matériel.
Lorsqu’on frappe quelqu’un, les marques peuvent s’estomper et disparaitre. Mais en blessant par la parole, on peut se voir garder rancune parfois toute une vie. (Il n’est bien sûr pas conseillé du tout d’assainir des coups physiques). Avant d’en arriver à ces malheurs et extrémités il faut travailler sur soi et, comme dit le Ramban, toujours s’exprimer avec sérénité.
Le soldat se prépare à la guerre et s’entraine parfois durant des années de paix sans qu’une guerre n’arrive : il est en position de se demander la raison d’être de cet entrainement. Pourquoi autant d’efforts et d’investissement ?
Il faut savoir que toute la vie tu t’entraines – d’où la racine du mot Emouna qui vient de Emoun signifiant entrainement – avant que l’épreuve n’arrive.
Ainsi il faut travailler chaque jour dans la tranquillité afin d’être prêt à affronter en toute sérénité l’épreuve qui peut survenir.