Il existe quatre niveaux de compréhension des versets de la Torah: le Pchat (sens simple), le Rémez (allusion), le Drach (l’exégèse) et le Sod (secret/sens caché). Cela signifie qu’en dehors de l’interprétation simple, nous trouvons trois autres façons plus profondes de comprendre la Torah. Le Sod ou sens caché nous permet de découvrir un monde totalement différent d’une puissance inestimable. Cette interprétation permet à l’homme de percevoir sous un tout autre angle les mots, versets et chapitres de la Torah.
En effet, la Torah est rédigée de façon à ce qu’un jeune enfant puisse étudier, comprendre et tirer une leçon, mais elle est en même temps tellement profonde qu’un homme très intelligent pourra toujours y trouver matière à réflexion. A chaque moment d’étude, l’homme se retrouvera ébahi face à une nouvelle interprétation, une nouvelle réalité, un nouvel éclairage sur la vie et les évènements qui l’entourent et qui découlent du texte.
Ainsi prenons l’exemple de notre Paracha. Découvrons ensemble un verset qui parait a priori assez simple et quelque peu éloigné de notre réalité : « Et la fille d’un Cohen, lorsqu’elle se mariera à un profane, elle ne mangera pas des saintetés prélevées » (Vayikra 22,12). D’après le sens évident, le verset nous explique que tant qu’une jeune fille vit encore sous le toit de son père, Cohen, elle peut consommer les prélèvements (Teroumot, Maaserot etc) que le peuple leur donne. Mais si elle épouse un homme non-Cohen, elle ne pourra plus consommer ces prélèvements. C’est ainsi que tranche donc la Halakha.
Selon l’interprétation du Sod, nous trouvons ici une formidable explication. Voici les paroles du Zohar Hakadoch sur ce verset (Michpatim 92b) : « ‘’Et la fille d’un Cohen’’ : c’est la Néchama, la sainte âme qui est en nous ; ‘’lorsqu’elle se mariera à un profane’’ : c’est la Sitra A’hra, en d’autres termes, les forces obscures. Parfois, la Sitra A’hra détient des âmes en captivité jusqu’à ce que celles-ci reviennent dans le giron de la sainteté. Dans les mondes supérieurs, se trouve une balance : d’un côté la vérité et la justice et de l’autre, le mensonge. Cette balance est en perpétuel mouvement. Des âmes montent et descendent des deux plateaux. Des âmes en détresse glissent vers le plateau du mensonge, de la Sitra A’hra. Et comment cette balance fonctionne-t-elle ? Elle fonctionne d’après le modèle selon lequel le monde est dirigé c'est-à-dire selon l’arbre de la connaissance du bien et du mal, selon le libre-arbitre de l’homme. En accomplissant des Mitsvot et des bonnes actions, nous faisons pencher la balance du bon côté. En choisissant le mal on fait pencher la balance du mauvais côté et d’autres âmes qui étaient du bon côté se trouvent comme aspirées et prises de force par la Sitra A’hra. Ainsi, ces âmes en détresse, prisonnières des forces obscures sont considérées comme ‘’les saintetés prélevées’’ qu’il est interdit de consommer. Ces âmes ne peuvent bénéficier totalement de la sainteté en étant encore entre les mains de la Sitra A’hra. (Le peuple d’)Israël doit pour cela réparer ses fautes, sortir de sa prison et revenir vers Hachem.
En découle un double message. Tout d’abord nous comprenons à quel point nous devons ressentir la sainteté de chaque mot de notre sainte Torah et combien nous devons nous investir dans son étude accompagnés d’une part par le texte et de l’autre par les commentaires de nos Sages. Le deuxième message, particulièrement valable pour notre verset, c’est de prendre conscience de la valeur de chacun de nos actes. De comprendre la dimension spirituelle que peuvent atteindre nos actions en ce monde. Avec notre perception limitée de ce monde, nous ne parvenons pas à comprendre comment le moindre petit geste peut avoir une influence sur la Création dans son ensemble. Grâce à ce verset nous avons pu effleurer l’idée de cette influence à l’échelle universelle. En effet, l’homme est comparé à une ‘’échelle posée au sol mais dont le sommet atteint les cieux’’ (Béréchit 28, 12).
Loué soit celui qui parvient à connaitre sa valeur et sa grandeur. Qui fait de la Torah son occupation journalière. Qui veille à ce que ses paroles et ses actes correspondent au niveau qu’exige de lui Le Créateur et au sujet duquel il est dit dans la Torah (Chemot 19 5-6) : ‘’Et maintenant, si vous écoutez bien Ma voix et que vous gardez Mon alliance, vous serez pour Moi le trésor le plus cher d’entre tous les peuples, car toute la terre est à Moi. Et vous, vous serez pour Moi un royaume de princes et un peuple saint’’.
Chabbat Chalom