Notre Paracha s’ouvre avec les mots : ‘’Tu institueras des juges et des magistrats aux portes de toutes les villes que l’Eternel ton D. te donnera dans chacune de tes tribus ; et ils devront juger le peuple selon la justice.’’ (Dévarim 16, 1)
D’après le sens simple du verset, les portes mentionnées dans ce verset font référence aux portes d’entrées de la ville, aux murailles. A l’époque, les portes étaient construites en forme de grande salle comme on peut le voir dans les récentes découvertes des murailles de l’époque du roi David (voir le livre Archéologie biblique, tome 2). En ces temps, les portes de la ville étaient un point de passage important et c’est pour cette raison qu’elles étaient construites de la sorte. Plusieurs salles étaient accessibles à cet endroit. C’est dans l’une de ces pièces que siégeaient les juges afin d’être en permanence disponibles pour le peuple. Tout le monde savait qu’en cas de besoin, ils les trouveraient là-bas et c’est ce que l’on retrouve dans le livre de Ruth (4, 1-9). Une autre des salles attenantes aux portes de la ville servait à l’étude de la Torah comme il est écrit dans le Talmud Makot au sujet du verset des Psaumes (122, 2) : ‘’Nos pieds se tiennent à tes portes ô Jérusalem’’ – ‘’Qu’est ce qui permettait à nos pieds de tenir debout pendant la guerre ? Les portes de Jérusalem qui s’adonnaient à l’étude de la Torah (la voix de la Torah qui s’élevait des portes de la ville)’’.
D’après le sens ésotérique, les portes citées dans ce verset font référence aux principaux orifices du corps humain au sujet desquels la Torah nous ordonne justement dans notre Paracha d’instituer ‘’des juges et des magistrats aux portes’’. A chaque ‘’porte’’ de notre corps, nous devons instituer un juge qui fixera quoi regarder, quoi prononcer, quelle nourriture laisser pénétrer notre corps et à plus forte raison notre Néchama, notre âme. Un ‘’policier’’ doit être placé à proximité afin de vérifier que les paroles du juge ont bien été accomplies.
En d’autres termes, notre Torah nous demande d’être responsables. Responsables de nos paroles, de ce que nos yeux voient, de ce que nous mangeons. La Torah nous demande de faire attention et de ne pas agir selon nos désirs et en fonction de toutes les occasions qui se présentent à nous.
Une autre allusion nous est faite dans ce verset : soyons juge envers nous-mêmes et non avocat. Soyons francs et honnêtes envers nous-mêmes. Lors d’un jugement, les juges et les avocats entendent tous les accusations et les témoignages apportés contre l’accusé. Jamais nous ne verrons un avocat se lever en plein milieu de la séance et affirmer : ‘’Chers tous, je suis convaincu que cet homme est le voleur, mettez-le en prison !’’ L’avocat ne se voit pas obligé à l’absolue vérité. Il doit avant tout satisfaire le plus possible la défense de celui qui a alloué ses services. En revanche, le juge quant à lui, doit absolument décider selon la droiture et la vérité, sans corruption aucune.
La Torah nous fait ainsi passer un message : ne nous conduisons pas en avocat envers nous-mêmes, mais en juge. Recherchons partout la vérité de la Torah sans compromis. Et si la vérité nous oblige à réparer une certaine erreur, afin d’obéir au juge qui est en-nous, conduisons-nous tel un policier et accomplissons ce qui doit être accompli de la meilleure manière possible. Si nous savons pertinemment que cet argent ne nous revient pas, soyons honnêtes et laissons-lui ou rendons-lui cet argent qui lui appartient. Le juge qui est en nous nous affirme que ce téléphone est mauvais pour notre spiritualité ? Faisons preuve d’autorité, tel un policier et agissons pour mettre des filtres ou changer de téléphone. Cette approche est valable pour toutes les Mitsvot, aussi bien pour le respect du Chabbat que pour la Tsniout, la pureté familiale, l’étude de la Torah etc.
Ce n’est qu’ainsi que nous parviendrons à vivre selon la vérité et la droiture et à mériter le bonheur.
Chabbat Chalom