La vérification des Tefilines et des Mezouzot
Il existe une coutume, de vérifier les Tefilines et les Mezouzot, durant le mois d’Elloul. En effet, il existe certains cas où la personne fait vérifier ses Tefilines et se rend compte qu’il manque des mots ou bien que certaines lettres sont collées l’une à l’autre.
Mais il faut savoir qu’il existe une distinction entre les Tefilines et les Mezouzot. Il est rapporté dans le Talmud Yerouchalmi (traité Erouvine Chap.10 Halakha 1) une discussion. Selon Rébbi, les Tefilines doivent être vérifiés une fois tous les 12 mois. Alors que selon Rabbane Chimon Ben Gamliel, tant que les Tefilines ont été écrits par un Soffer renommé pour son professionnalisme, ils n’auront jamais besoin d’être vérifiés. Hillel Hazakén disait avoir les Tefilines de son grand-père maternel, et n’eut pas besoin de les faire vérifier. De cette histoire, nous pouvons conclure selon l’avis du Talmud Yerouchalmi, que la Halakha est tenue comme Rabban Chimon Ben Gamliel. Nous déduisons donc que la Halakha est tenue de cette manière. Le Rambam (Lois des Tefilines Chap.2 Halakha 11) : « Celui qui a écrit des Tefilines de sa main, ou bien les a achetés à un expert ou à une personne ordinaire, dans ce dernier cas, après les avoir vérifiés et avoir mis les parchemins dans leur peau, n’a plus jamais besoin de vérifier, même après plusieurs années, tant que leurs boitiers sont intacts ils sont présumés valides, et on ne craint pas, qu’une lettre ne se soit effacée ou trouée. Hillel Hazaken disait : ces Tefilines proviennent du père de ma mère. » Fin de citation.
Différence entre Tefiline et Mezouza
L’Or’hot Haïm (lois de Tefiline Siman 29) rapporte au noms des Hakhmé Tsarfat (les Sages de France), qu’ils sont rigoureux de vérifier les Tefilines, une fois par an, comme l’avis de Rébbi. Mais il trouva dans la Tshouvat Haguéhomin qu’il n’est pas nécessaire pour les Tefilines de les vérifier. Tel est l’avis du Choulhan Aroukh (Siman 39 Halakha 10) et de Rabbi Yehouda Ayash (alinéa 8). A contrario, donc une Mezouza, doit être vérifiée une fois tous les trois ans et demi, comme il est dit dans le Choulhan Aroukh (Siman 291 Halakha 1).
En effet, à la différence de la Mezouza qui reste dans un boitier, les Tefilines sont utilisés chaque jour et sont donc oxygénés par l’air extérieur.
Selon cette explication, une paire de Tefilines reçue en héritage et non utilisée un certain temps, devra être vérifiée. De même, pour des Tefilines achetés lors de la Bar Mitsva d’une personne, mais que celle-ci ne les a pas mis durant plusieurs années, jusqu’à qu’elle fasse Teshouva.
Cependant, le Knesset Hagdola (Siman 39 alinéa 3), le Magen Avraham (alinéa 14) et d’autres encore, pensent que même si selon la loi stricte, on n’a pas besoin de vérifier les Tefilines, cependant, étant donné qu’il existe des cas où la vérification a dévoilé des imperfections les rendant caduques, pour cause de sueur par exemple, il sera bien de les vérifier de temps à autre. La personne sera alors digne de bénédictions.
La pose d’une Mezouza
Nous avons l’habitude de suivre l’avis de Rachi (traité Mena’hot 33a) et du Rambam (Lois des Tefilines et de Mezouza Chap.5 Halakha 8), de positionner la Mezouza en vertical. De cette manière le Choulhan Aroukh tient (Siman 289 Halakha 6). En revanche, selon Rabbénou Tam (Tossafot traité Menahot 33a alinéa Ha), la Mezouza doit être positionnée de manière allongée. Ainsi, le Rama pense qu’afin de tenir la Halakha entre les deux avis, on mettra la Mezouza penchée, car on ne sait comme quel avis tenir.
Mais, étant donné que nous ne doutons pas de la Halakha, vu que le Choulhan Aroukh tranche comme l’avis de Rachi, nous positionnerons la Mezouza de manière droite.
D’ailleurs, on m’invita pour la pose d’une Mezouza chez l’inspecteur général de l’état. Bien entendu c’était un Ashkenaze. Je lui posais la Mezouza droite et non penché. La positionner de cette façon ne met pas en doute la Mitsva. De plus, nous devons suivre l’avis du Choulhan Aroukh.
Le positionnement des Parachiot des Tefilines
Il existe plusieurs distinctions entre Rachi et Rabbénou Tam au sujet des Tefilines. Selon Rachi, les Parachiot à l’intérieur doivent être placées à la vertical. Alors que selon Rabbénou Tam elles doivent être couchées. L’habitude des gens est de suivre l’avis de Rachi, comme le tient la Halakha le Choulhan Aroukh[1]. Le Noda Biyouda[2] s’interroge à ce sujet : pour quelle raison beaucoup se préoccupent de se procurer des Tefilines de Rabbénou Tam, sans se soucier à ce que les Parachiot soient couchées ? Il répond en disant que l’avis de Rabbénou Tam sur ce point est un avis unique et personne ne tient la Halakha comme cela. Ce qui n’est pas le cas en ce qui concerne le positionnement des Parachiot.
Justement, il existe une discussion bien connue au sujet du positionnement des Parachiot dans les Tefilines. Selon Rachi (traité Mena’hot 34b[3] alinéa Véhakoré), les Parachiot doivent être placées dans les Tefilines selon l’ordre écrit dans la Torah : « Kadesh li », « Véhaya Ki Yéviakha », « Chéma » et « Véhaya im Chamo’a ». En revanche, selon Rabbénou Tam (Tossafot 34b), les passages de « Vehaya » (plus communément appelé les « Havayot »), sont placés au milieu : « Kadesh li », « Vehaya ki Yéviakha », « Vehaya im chamoa » et « Chema ». Nous avons face à nous une discussion. Afin de résoudre le problème, pourquoi ne pas vérifier quelle est la coutume ? La raison est simple, car les Tefilines sont recouverts et lorsqu’ils vérifièrent l’intérieur des Tefilines, certains étaient positionnés comme l’avis de Rachi, alors que d’autres comme Rabbénou Tam. Ils ne pouvaient donc pas connaitre la coutume exacte.
L’avis de Rachi est suivi par le Rambam (Lois des Tefilines chap.3 Halakha 5), du Sefer Ha’itour[4], de Rabbénou Yishaya Métérani Harishone[5], le Rashba[6], le Rambane, le Hinouh[7], le Hagaot Maïmonyot[8] et le Chiboulé Halékét[9]. Le Smag[10] aussi témoigne que l’habitude du monde suit l’avis de Rachi. Mais comme nous l’avons dit, Rabbénou Tam contredit cet avis et pense que celui qui met les Tefilines selon l’avis de Rachi, agit comme s’il n’avait pas accompli la Mitsva. L’opinion de Rabbénou Tam est acceptée par le Rav Chrira Gaon, le Rav Hay Gaon, par Rabbénou Hananelle, Rav Saadia Gaon, par le Eshkol et Raavad. Mais la coutume est de suivre l’opinion de Rachi, comme le témoignent les Rishonim et le Choulhan Aroukh[11].
Maran Harav Ovadia Yossef Zatsal
Il y a encore 60 ans, la majorité des gens ne mettaient que les Tefilines de Rachi. Mais Maran Harav inculqua l’importance de mettre aussi les Tefilines de Rabbénou Tam. Il avait l’habitude de mettre un appui dessus, durant la période des 10 jours de pénitence, entre autre aussi au sujet de la viande ‘Halak. Au début, beaucoup ne voulurent pas l’écouter, mais Maran Harav se déplaçait de ville en ville pour parler aux gens. Je connais certains cas où la personne ne pouvait pas en acheter pour cause de problème financier, et Maran Harav l’aidait financièrement pour qu’il en achète une paire !
Par crainte Divine
Il est dit dans le Choulhan Aroukh, que celui qui craint Hachem, mettra aussi (à part celle de Rachi) les Tefilines de Rabbénou Tam. Certains se diront « suis-je une personne craignant Hachem ? », mais il faut savoir qu’il est interdit d’être humble à ce niveau-là et dire « je n’en suis pas un ». Comment oser dire cela Has Veshalom ! Ne pas craindre Hachem !? Dans notre génération, il n’est pas nécessaire d’être un Tsadik ou un Hassid ou encore un Mekoubal pour mettre les Tefilines de Rabbénou Tam. C’est pour cela, qu’il est recommandé de commencer à les mettre, mais uniquement après le mariage[12].
L’avis d’Hachem !
Il est rapporté dans le responsa Min Hashamayim[13]qu’il a questionné dans son rêve : est-ce les Tefilines de Rachi ou de Rabbénou Tam qui sont les vrais ? Ils lui répondirent, qu’il y a justement une discussion entre les anges célestes et Hachem lui-même. Selon Hachem ce sont les Tefilines de Rabbénou Tam qui sont les vrais alors que selon les anges célestes, ce sont ceux de Rachi. Ainsi, que ce soit l’une ou l’autre, les deux sont vrais. De cela, nous pouvons encore plus accentuer l’importance de mettre aussi les Tefilines de Rabbénou Tam. Celui qui n’en a pas encore, prendra un crédit afin de commencer une bonne année 5780 !
Quand les mettre ?
Maran Harav, avait l’habitude de faire une pause avant le second « Ashrei » durant la prière du matin, afin d’enlever les Tefilines de Rachi et mettre ceux de Rabbénou Tam, pour ainsi dire la troisième Kedoucha avec cette dernière paire[14]. Une personne qui se trouve dans une synagogue où il n’y a pas d’interruption, ne les mettra qu’après la Tefila, si elle craint de perdre le rythme avec le public.
La lecture du Chema avec les Tefilines
Lorsque l’on met les Tefilines de Rabbénou Tam on devra lire les deux premières Parachiot du Chema. Et si en revanche la personne n’a pas le temps, elle pourra ne dire que la première Paracha (Veahavta). Et ce, afin de rappeler avec les Tefilines le Chema, car il est dit[15] que tout celui qui lit le Chema sans Tefiline agit comme s’il faisait un faux témoignage. Ainsi, nous lisons à nouveau le Chema avec les Tefilines de Rabbénou Tam, car selon cette opinion, uniquement ces Tefilines sont Cachères.
L’une après l’autre
Notre coutume est de mettre les deux paires de Tefiline (Rachi et Rabbénou Tam) l’une après l’autre. Et ce, même si selon la loi stricte, on doit mettre les deux ensemble, comme nous pouvons le déduire des termes employés par le Choulhan Aroukh :
ירא שמים יצא ידי שניהם ויעשה שתי זוגות תפילין ויניח שניהם ויכוין בהנחתם באותם שהם אליבא דהלכתא אני יוצא ידי חובתי והשאר הם כרצועות בעלמא כי מקום יש בראש להניח שתי תפילין וכן בזרוע ואם אינו יודע לכוין המקום ולהניח שניהם יחד יניח כדברי האחד של יד ושל ראש. (ויסלקם מיד) , ויניח האחרים על סמך ברכה הראשונה.
Celui qui craint les cieux, il se rendra quitte par les deux opinions et fera deux paires de Tefilines. Il les mettra les deux et pensera dans son esprit qu’il se rend quitte de la Mitsva par celle qui va selon la Halakha et la seconde paire est de simples sangles. Car il existe un place sur le bras et sur la tête pour les mettre ensemble. Cependant, s'il ne connaît pas leur place exacte, il les mettra l’une après l’autre et se tiendra sur la Berakha de la première paire.
Mais, Maran Harav Zatsal écrit dans son responsa Yabia Omer[16] que l’on mettra les deux paires l’une après l’autre, et ce, même si cela parait être contre l’avis du Choulhan Aroukh. Il craignit plusieurs choses. D’une part, il se peut que les Tefilines soient trop grands pour les mettre ensemble, ce qui pourrait causer que l’endroit où ils sont posés, n’est pas le bon emplacement. Si a contrario les paires étaient petites, il se peut que leur mesure ne soit pas en adéquation avec la Halakha, mis à part le fait que l’écriture des Parachiot pour des Tefilines assez petites demandent un professionnalisme peu commun. Il pouvait donc s’y trouver des erreurs. De plus, même si toutes ces problématiques sont résolues, il se peut que par la pose des deux paires sur le bras, par les mouvement répété du bras, les Tefilines bougent de leur emplacement. Donc, par piété, la personne peut en arriver à certaines souplesses qui remettent en cause l’accomplissement de la Mitsva. C’est pour toutes ces raisons, qu’il est préférable de mettre les deux paires l’une après l’autre.
Remettre une Mezouza
Celui qui retire sa Mezouza pour la faire vérifier, même si la vérification a été très rapide[17], devra dire la Berakha en la remettant. Par exemple, le jour de Kippour, lors de la pose, on retire notre Talith. Durant cette pause, un long moment sépare, et il y a évidemment un Eisekh Hadaat (retirer son esprit du Talith). Lorsque l’on reviendra pour la prière de Minha, on fera à nouveau la Berakha sur le Talith. A plus forte raison, si lorsque la personne l’a retiré, elle l’a plié, cela accentue son Eisekh Hadaat.
Expliquons. Il est rapporté dans le Choulhan Aroukh[18] que celui qui doit retirer son Talith, même s’il le met à nouveau à l’instant même, devra dire à nouveau la Berakha. Le Rama quant à lui, n’est pas du même avis et pense que si la personne avait l’intention de le remettre, elle ne dira pas à nouveau la Berakha. La source de cette dernière opinion se trouve dans le Troumat Hadeshéne[19]. Tel est l’avis de tous les A’haronim, tel que le Ba’h[20], le Magen Avraham[21], le Ta’z[22], le Elia Rabba[23], le Gaon Rabbénou Zalman[24], le Ben Ish Haï[25], le Kaf Hahaïm[26] et le Mishna Berroura[27]. Et de cette manière nous avons l’habitude de tenir la Halakha, car il s’agit-là d’un Safek Berakhot, un doute sur une Berakha, étant donné qu’il y a une discussion. Ainsi, on sera plus souple et on ne dira pas à nouveau la Berakha. Cette généralité de Safek Berakhot, est prononcée, comme dans notre cas, même contre l’avis de Maran HaChoulhan Aroukh[28]. Ainsi, c’est pour cette raison qu’une personne qui retire son Talith, s’il y a une courte interruption, étant donné que la personne a l’intention de le mettre à nouveau, elle ne dira pas la Berakha à nouveau.
Après ce développement, pour quelle raison avons-nous dit plus haut que l’on fait à nouveau la Berakha pour la pose d’une Mezouza, même si l’interruption lors de la vérification est minime ?
La différence
Maran Harav Zatsal dans son responsa Yabia Omer[29] rapporte au nom du livre Admath Kodesh[30] que la coutume à Jérusalem est de dire à nouveau la bénédiction sur la pose d’une Mezouza retirée même un court moment. Et en cas de « coutume », on ne dira pas Safek Berakhot, comme le tient le Troumath Hadéshen[31] et le Gaon Rabbi Eliahou Mani[32]. De plus, on doit différencier entre un Talith et une Mezouza, car la Mezouza, il est probable que l’on ne la remette pas après vérification, pour cause d’erreur et qu’on en mette une nouvelle. Donc, ce doute engendre un Eisekh Hadaat.
Jérusalem ou tout endroit ?
Mon frère, que son âme repose en paix, déduit du Yabia Omer, que cette coutume est uniquement à Jérusalem, mais dans d’autres villes, on ne dira pas la bénédiction. Mais à l’époque je lui fis remarquer, que s’il approfondit bien dans la réponse du Yabia Omer, il pouvait remarquer qu’il n’y a aucune différence entre Jérusalem et les autres villes. D’ailleurs, plusieurs années après, Maran Harav écrit à ce sujet dans son responsa Yehavei Daat[33] et écrit bien de dire à nouveau la Berakha sur la pose de la Mezouza, sans faire de distinction entre Jérusalem et les autres villes.
Déménagement
Il y a un Avreh qui vint me voir ce matin (Chabbat matin) et me dit qu’il déménageait mais ne savait pas quoi faire avec ses Mezouzot. Il me fit savoir que lorsqu’il entra dans cette maison, il acheta des Mezouzot très chères, et, comme le dit le Sefer Hassidim, il est interdit de retirer les Mezouzot lors d’un déménagement. Que faire ? Je lui dis que pour reprendre ses Mezouzot, qu’il les retire pour les faire vérifier, qu’il en achète d’autres de moins bonne qualité, et les pose avec Berakha. Lorsqu’il rentrerait dans sa nouvelle maison, qu’il mette ses Mezouzot aussi avec Berakha.
Les endroits obligatoires pour poser une Mezouza
On doit dire la Berakha pour la pose d’une Mezouza, uniquement dans les endroits où l’on dort. Dans les magasins et les bureaux on ne fait pas la Berakha, car ces endroits selon la loi stricte, sont dispensés de Mezouza. En revanche, celui qui dit quand même la bénédiction, a sur qui se tenir. De cette manière Maran Harav écrit dans son livre Halikhot Olam[34]. Mais dans ses derniers livres[35], on peut remarquer qu’il est encore plus souple et écrit que celui qui ne dit pas la bénédiction dans ce genre d’endroit à sur qui se tenir. Pour ce qui est d’un ascenseur, même si c’est un ascenseur large et joli, on est dispensé de Berakha. Celui qui est rigoureux, il pourra mettre mais sans Berakha.
Une maison sans Mezouza
Certains pensent, que si on retire sa Mezouza pour la faire vérifier, on ne peut dormir dans cette maison. Ainsi, on retirera tout d’abord la Mezouza de l’entrée et on laissera celle de la chambre. Mais il s’agit d’une rigueur, car selon la Halakha on peut dormir dans une maison après avoir retiré les Mezouzot pour les vérifier. C’est pour cela aussi qu’on a le droit d’entrer dans une maison d’une personne non-pratiquante[36] qui n’a pas de Mezouza à sa porte
Après plusieurs années !
Nous avons rapporté plus haut qu’il est bien de vérifier de temps à autre les Tefilines, car il existe des cas où à la suite d’une vérification on se rendit compte que les Tefilines n’étaient pas Cachères. Une personne à qui il arrive une telle situation, et durant plusieurs années, a mis ses Tefilines avec Berakha, qu’en est-il de toutes les bénédictions en vain ? A-t-il accompli durant toutes ces années la Mitsva de Tefilines ? Pour répondre, Rabbénou Yossef Haim rapporte dans son responsa Rav Péalim[37] qu’à Bagdad ils mettaient des Tefilines arrondis. Jusqu’au jour où un Talmid Hakham vint et leur fit la réprimande que de tels Tefilines étaient non-Cachères. Il leur changea et leur apprit le façonnage des Tefilines carrés. Toutes ses années, ont-ils accompli la Mitsva ? Il rapporte au nom du Chiboulé Halékéth[38], que toute personne qui accomplit une action pour Hachem, reçoit un salaire sur cette action. Ainsi, même si ces gens ont mis des Tefilines non cachères durant toutes ces années, ils recevront un salaire car ils pensaient faire une Mitsva.
Le livre Daat Kedoshim[39] développe ce sujet et rapporte une preuve du traité Kidouchine[40], qu’un Cohen qui servait au Beth Hamikdash et apprit qu’il était un Cohen Hallal[41]. A posteriori, son service est Cachère, car au moment de son service, sa pensée était Cachère. La même chose pour les Tefilines.
Mais Maran Harav Zatsal dans son responsa Yabia Omer[42] contredit cette preuve pour plusieurs raisons.
En conclusion, Maran Harav Zatsal associa plusieurs points et trancha, que la personne aura quand même accompli la Mitsva de Tefilines durant toutes ces années, car Hachem associe une bonne pensée à l’action accomplie.
Dvar Torah sur Rosh Hashana Par Reouven Carceles
La Michna de Rosh Hachana (16b) nous enseigne que le jour de Rosh Hachana, chacun d’entre nous passe en jugement devant D. comme un mouton, c’est-à-dire seul devant le créateur. Nos sages enseignent à ce titre que nous ne sommes pas jugés sur nos fautes ou nos Mitsvot ce jour-là. Ce compte est réservé essentiellement au jour de Kippour, et la question que beaucoup d’entre nous se posent au sujet de ce jour redoutable est : pourquoi ne trouvons-nous pas dans les amidot, qui sont l’essentiel de la Avoda du jour des demandes à D. concernant l’année à venir, sachant que nous sommes jugés dans tous les domaines et de façon très détaillée. Pourquoi nos Sages n’ont-ils pas institué beaucoup plus de requêtes dans la amida (prière) mais ont plutôt concentré la amida sur trois axes : la royauté d’Hachem, les souvenirs de toutes les créatures et la force du Choffar ?
Dans le même ordre d’idée, le Rav Dessler rapporte le Zohar qui enseigne que celui qui exprime ses besoins à Rosh Hachana à Hachem ressemble à un chien qui dit : donne, donne. D’ailleurs, le Rav Israel Salanter, nous dit à ce sujet, que tout le monde n’est pas au niveau de l’appliquer et que pour beaucoup, il vaut mieux qu’il demande à D. ce dont ils ont besoin, afin d’être en harmonie avec le cœur. C’est peut-être pour cela que le Zohar (vol 3, 231b) explique que les deux jours de Rosh Hachana représentent des jugements de deux types distincts. L’un d’eux est plus élevé, et aussi plus sévère, c’est celui prononcé le premier jour, qui s’applique au Tsadik et le second est plus bas, et plus indulgent, concerne ceux qui servent d’instrument au Tsadik (le deuxième jour). Le Arizal de rajouter que l’un se réfère à l’intériorité, et le second à l’extériorité, en tout cas, il n’en reste pas moins que nos souhaits sont secondaires ce jour-là et nous nous concentrons plutôt sur la royauté d’Hachem. Comment donc comprendre l’essence de ce jour et pourquoi n’est-il pas recommandé d’exprimer des requêtes personnelles alors qu’Hachem est en train de prendre des décisions à notre égard pour tout notre avenir ?
Il est possible de répondre d’après la Guemara dans Rosh Hachana (16a) qui enseigne au nom de Rabbi Akiva, que ce jour-là, nous disons des versets de Royauté, des versets concernant les souvenirs et des versets concernant le Choffar. Les verset de Royauté, nous dit Hachem, afin que vous m’élisiez sur vous comme Roi, les souvenirs, afin que votre souvenir monte devant moi pour le bien, et comment ? Grâce au Choffar ! Le Ramhal explique à ce sujet qu’en ce jour de Rosh Hachana, Hachem renouvelle sa royauté et cela s’exprime par le fait qu’il juge tous les êtres qui existent et prend toutes les décisions les concernant pour leur avenir. Mais comment pouvons-nous élire Hachem grâce à des versets de royauté dans la prière ? A-t-il besoin de notre intervention ?
Le Gaon de Vilna répond à partir du verset (Tehilim 22,29) : « car c’est à Hachem qu’appartient la royauté, et il gouverne sur les nations ». Il pose la question : quelle différence y-a-t-il entre la royauté et le fait de gouverner ? Il répond lui-même : la royauté se fait par une véritable volonté des citoyens d’accepter la suprématie de leur chef, gouverner, c’est lorsque le roi dirige le peuple ou son pays par sa force personnelle et son pouvoir sans qu’il y ait pour autant l’agrément des sujets. Lorsqu’un roi prend des décrets que les citoyens sont obligés d’accepter malgré eux, on dit qu’il gouverne. En revanche, lorsqu’il édicte une loi et que tout le monde la suit de plein gré, il règne.
Le verset nous dit qu’Hachem possède certes la royauté mais pour les nations du monde il gouverne. En d’autres termes, grâce aux Bné Israel qui acceptent sur eux qu’Hachem est le Roi, alors il possède la Royauté. Hachem dirige aussi les nations, mais sans qu’elles le sachent et le veuillent, ils s‘agit donc de gouverner. A Roch Hachana Hachem nous demande : « faites-moi régner sur vous », c’est-à-dire qu’il souhaite que nous renouvelions en nous notre entière acceptation de sa Royauté, il est donc évident que l’on ne peut pas s’en rendre quittes en récitant seulement quelques versets dans la prière. La Guemara nous dit : « afin que vous me fassiez régner sur vous », cela veut dire que la prière doit être une aide pour notre Avoda du jour (le faire régner), nous devons accepter de tous nos membres et dans toutes nos actions qu’il est le Roi, et que sa volonté nous dirige et que c’est elle qui doit guider toutes nos décisions. Pour arriver à ce niveau, il faut préparer notre Cœur jour après jour pendant le mois d’Eloul afin de prendre conscience que nous ne sommes pas là pour accomplir nos volontés personnelles, mais le but est la volonté d’Hachem à chaque instant.
Nous pouvons mieux comprendre que la prière ne soit pas organisée autour de nos requêtes personnelles et de nos besoins dans l’année qui vient, ce qui s’opposerait au travail de ce jour, qui est au contraire d’annuler sa propre volonté devant celle du Roi des rois. Nous devons donc ressentir que nous sommes de simples créatures au service de D, dans chaque situation, chaque parole et notre seule demande devrait être : « Hachem aide-nous l’année prochaine à faire ta volonté, avec joie et empressement dans chaque situation, chaque instant ».
Mais pourtant, nos Sages nous ont quand même permis de formuler des demandes le jour de Rosh Hachana, même si elles ne sont qu’accessoires dans la prière (Avinou Malkenou ou le Tehilim 24 pour la Parnassa), cela contredit ce que nous avons développé, comment est-ce possible ?
Le midrash nous dit à propos du Tehilim 27 que nous lisons à cette période, David Hamélékh demande à Hachem : « une seule chose j’ai demandé à Hachem, c’est de résider dans la maison d’Hachem tous les jours de ma vie et de voir sa splendeur… ». Dans la suite du Tehilim, il exprime pourtant de nombreuses requêtes à Hachem : qu’il le sauve de ses ennemis, le protège du mal etc…Dans le midrash, Hachem dit à David, tu as sollicité une seule chose mais tu en as demandé plusieurs, en réalité, l’intention de David est d’exprimer qu’il y a une seule chose qui compte, c’est d’être proche de D, dans sa maison, tous les jours, tout le reste constitue les moyens pour arriver accomplir ce but. Ainsi, lorsque nous demandons a Hachem la santé, la Parnassa (revenus), si notre intention est qu’ils soient des outils et des moyens pour réaliser la volonté d’Hachem alors ils ne contredisent en rien notre développement et la Avoda du jour, qui est d’élire Hachem sur nous en effaçant nos petites volontés.
Chabbat Chalom
A notre grand regret, il existe beaucoup de cas au Beth Din, en ce qui concerne des cas rendant caduque la possibilité de se marier avec un Cohen. Il s’agit de personnes non-pratiquantes, qui firent des bêtises et qui ensuite font Teshouva et ne peuvent se marier avec un Cohen. La semaine dernière nous avons eu un cas de ce genre où la fille avait vécu dans la liberté totale à l’Université et avait même eu une relation avec un non-juif et aujourd’hui, après avoir fait Teshouva veut se marier avec un Chiddouh, et le garçon est un Cohen. C’est interdit pour un Cohen ! certaines fois on trouve des points sur lesquels on peut se tenir pour autoriser. Mais d’autres fois, non.
Une fois je reçus un cas d’une fille Mamzeret. Je fis appel à la mère et à la fille de venir. Nous n’avions trouvé aucun point pour autoriser. Dans un tel cas, il faut publier dans le journal Hamodia qu’une fille Mamzeret cherche un garçon Mamzere pour se marier…. Cela me fendit le cœur de voir cette fille pleurer. Je criais à la mère : vous voyez ce que vous faites ! vous vivez dans la liberté total ! jusqu’à qu’un des Dayanim me dise que de crier de cette façon était interdite par la loi.
Un élève de Yeshiva Cohen vint me voir, en me disant qu’il apprit récemment qu’il avait le statut d’un Cohen Hallal (lequel ne peut plus officier lors de la bénédiction des Cohanim). Il fit appel à l’époque au Rav Ralbag. Il écrivit un Psak Halakha et se rendit chez moi. Jusqu’à que l’on conclut qu’il pouvait continuer à faire Birkat Cohanim.
Lorsque je devins Grand Rabbin d’Israel Maran Harav Zatsal m’appela et me fit assoir à côté de lui. Il me demanda d’étudier les Teshouvot du Yabia Omer Vol.9 et 10 de Even Haezer. Il y a à l’intérieur des Koulot extraordinaires ! Que peut-on faire ! Nous sommes obligés d’en arriver là, à cause du fait qu’ils vivent dans la liberté totale. Qu’Hachem leur fasse faire Teshouva.