Dans le calendrier hébraïque, toutes les quelques années, apparaît une année bissextile. Dans une telle année nous trouverons donc un total de 13 mois. Dans une année normale, nous avons un seul mois de Adar quand, dans une année embolismique nous en avons deux.
Il y a deux raisons au fait que nous ayons toutes les quelques années, un mois en plus dans le calendrier. D’une part car les fêtes juives sont fixées en fonction du calendrier lunaire et d’autre part car elles sont également fixées en fonction des saisons. En effet, à propos de Pessa’h il nous est demandé de ‘’garder le mois du printemps’’ il est donc nécessaire d’ajouter un mois avant la fête de Pessa'h afin que celle-ci ait toujours lieu au printemps.
A l’époque, le Sanhédrin décidait si l’année allait comporter deux Adar ou non. Les membres du Sanhédrin discutaient de diverses données pouvant avoir une incidence sur l'année à venir, la donnée essentielle et première étant la date à laquelle serait célébrée la fête de Pessa’h. D’autres aspects étaient également pris en compte comme des réparations à effectuer sur les ponts qui pourraient mettre en danger la vie des pèlerins à Jérusalem lors de leur venue pour la fête. Une fois la décision prise, des courriers spéciaux étaient envoyés à tout le peuple d'Israël avec les mises à jour du calendrier.
De nos jours, on utilise un calendrier hébreu permanent dans lequel les années embolismiques sont déterminées à l'avance par cycles périodiques de sept années bissextiles par cycle de 19 ans. En d'autres termes, une année bissextile tombe environ une fois tous les trois ans.
Lors d’une année embolismique, un mois est donc ajouté entre le mois de Chevat et le mois de Adar appelé Adar 1 (Alef) ou Premier Adar et le second mois de Adar est nommé Adar 2 (Beth). Nos Sages ont déterminé que dans une telle année, la fête de Pourim est célébrée dans le second mois de Adar, afin de juxtaposer Pourim à Pessa’h. La Hiloula de Moché Rabbénou (7 Adar) est également fixée en Adar 2. Les 14 et 15 de Adar Alef, où l’on ne célèbre pas la fête de Pourim sont appelés « Pourim Katane ». Durant ces jours, l’on n’accomplira donc pas les Mitsvot relatives à Pourim et ainsi on ne lira pas la Méguila, on ne distribuera pas les Michloa’h Manot ou les Matanot Laevyonim.
Le choix de doubler justement le mois d’Adar n’est pas une coïncidence. Il découle de deux raisons : la première -que nous avons déjà vue plus haut- c’est que la fête de Pessa’h doit avoir lieu au printemps. La seconde raison est que, selon le compte des mois d’après le Tanakh et selon l’ancien calendrier hébraïque, Adar était le dernier mois de l’année.
Outre le simple fait qu'un mois entier soit ajouté au calendrier, cela a également des implications très pratiques. L'un des phénomènes les plus célèbres est qu'un enfant né avant son ami fêtera sa bar-mitsva après lui ! Cela se produit lorsque les deux enfants sont nés lors d’une année bissextile, l'un à la fin de Adar 1 et l'autre au début de Adar 2. Si l’année des 13 ans n’est pas une année embolismique et qu’il n’y a donc qu’un seul mois de Adar, le plus jeune enfant célébrera sa Bar-Mitsva au début d'Adar, tandis que l'enfant plus âgé ne la célébrera qu'à la fin du mois.
Un autre phénomène intéressant concerne les jumeaux nés la veille de Roch Hodech Adar lors d’une année normale, l'un d'eux étant né avant le coucher du soleil (30 Chevat) et l'autre 15 minutes plus tard (1er Adar). Si, 13 ans plus tard, l’année comporte deux Adar, l’un célébrera sa Bar-Mitsva le 30 Chevat, tandis que son jumeau, plus jeune que lui de 15 minutes, entrera sous le joug des Mitsvot seulement un mois plus tard, c'est-à-dire en Adar 2.
Lors d’une année embolismique, nous avons 60 jours d'Adar. Le Rabbi de Loubavitch nous apprend que le nombre “60” symbolise le principe de ‘’Batel Béchichim’’ (rapport de 1/60ème). Ainsi, lors d’une année bénie d’un double Adar, tous nos ennuis, la douleur, la tristesse, le désespoir et l'oppression s’annulent par la grande joie des 60 jours d'Adar !