Ahare Mot. Entre matérialité et spiritualité

« Ne livre pas ta progéniture en offrande au Molekh, pour ne pas profaner le nom de ton D.ieu » (Vayiqra 18,21)

Une discussion oppose nos maîtres, les Richonim, sur la manière dont le culte abject du Molekh était pratiqué. Selon Maïmonide et d’autres décisionnaires, les enfants offerts à l’idole n’étaient pas brûlés à proprement parler, mais on les faisait simplement passer entre deux bûchers. Le Ramban considère pour sa part qu’ils étaient brûlés vifs, périssant dans d’affreuses souffrances.D’après ce dernier décisionnaire, nous pouvons mieux comprendre pourquoi le verset se conclut ainsi : « pour ne pas profaner le nom de ton D.ieu ». En effet, lorsqu’un homme ajoute foi à de telles absurdités, et accorde sa confiance aux prêtres idolâtres quand ils lui garantissent que la bénédiction régnera chez lui s’il accepte d’offrir son enfant en sacrifice, la profanation du Nom divin est alors effroyable.

Le Sforno révèle une autre forme de profanation du Nom divin résultant de cette pratique ignoble. Voici ses mots : « Si à ton D.ieu, béni soit-Il, tu n’offres que des animaux, et qu’au Molekh tu sacrifies ton propre fils, tu suggères ce faisant que le Molekh est d’une importance supérieure. » Le Ramban rapporte lui aussi une explication similaire.Selon rav Ben-Tsion Brouck (Héguyoné Moussar tome III), cela signifie que hormis l’absurdité de se plier à cette pratique, celui qui s’y soumet est en outre coupable de dédaigner son Créateur. A ses yeux, l’idole est si importante qu’il est prêt à lui offrir son propre enfant. Mais au Saint béni soit-Il, il ne cède que du gros et menu bétail. Y a-t-il profanation du Nom divin plus épouvantable ?Cette idée nous invite à scruter convenablement notre mode de vie. Il nous incombe d’observer, d’une part, quelle énergie nous engageons pour nos besoins matériels, et d’autre part, quels efforts nous fournissons pour étudier la Tora et accomplir les mitsvot. Et nous verrons si, à notre niveau, nous n’agissons pas en quelque sorte comme ce père qui sacrifiait son enfant à l’idole.

Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.

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