« Car en ce jour, vous recevrez l’expiation, afin de vous purifier. Vous serez purs de tous vos péchés devant l’Eternel » (Vayiqra 16,30)
De prime abord, remarque le Saba de Kelm (cité dans Or Rachaz), il aurait semblé plus logique de purifier d’abord l’homme pour lui offrir seulement ensuite l’expiation de ses fautes. Or, notre verset semble intervertir ces deux étapes… La même remarque apparaît dans le verset de la prophétie : « J’ai dissipé tes méfaits comme un brouillard, et tes péchés comme un nuage. Reviens à Moi, Je suis Ton libérateur » (Yécha’ya 44). Là aussi, pourquoi l’annulation des fautes survient-elle avant le repentir proprement dit ?En vérité, ceci nous renseigne sur la conduite que D.ieu adopte envers ceux qui se repentent. A l’origine, l’homme fut créé de manière parfaitement équilibrée : chez lui, le penchant au bien était aussi puissant que les tendances au mal. De la sorte, il était libre de choisir entre le bien et le mal. Mais après la faute d’Adam, l’influence du mal s’accentua, le vice obstrua les cœurs, au point qu’il devint extrêmement difficile de faire le bon choix.
Pour rééquilibrer cette situation, lorsque le Saint béni soit-Il voit qu’un homme souhaite se repentir à Yom Kippour, Il va au-devant de lui. De même, lorsqu’une communauté entière souhaite revenir à Lui même pendant l’année (puisque, selon nos Sages, le mérite d’une congrégation équivaut à celui dont on bénéficie à Yom Kippour), Il agit à l’égard de ses membres avec une générosité exceptionnelle. Pour les encourager dans leur voie, Il ouvre leur cœur, afin qu’ils puissent se repentir convenablement. Tel est le sens du verset, lorsqu’il annonce tout d’abord « vous recevrez l’expiation… », afin qu’ensuite « vous puissiez vous purifier devant l’Eternel ».Cette idée se retrouve également dans le célèbre cantique VéKhol Maaminim, récité pendant les Jours de Pénitence. Il y est dit notamment : « Toi, le Miséricordieux, Qui fait précéder la miséricorde à la colère. » La question se pose : si D.ieu fait preuve à la fois de miséricorde et de colère dans Son jugement, que nous importe de savoir laquelle de ces attitudes précède l’autre ? La réponse est que, là aussi, déjà au moment de la colère, le Saint béni soit-Il insuffle à l’homme un élan de pureté, qui lui permettra ensuite de se repentir.
Dans le service sacerdotal qui est rapporté dans les prières du Moussaf de Yom Kippour, on loue D.ieu en ces termes : « Tu éveilles Ta miséricorde. » Là encore, l’idée sous-jacente est que la miséricorde divine se manifeste aux hommes désireux de revenir à Lui, avant même qu’ils entament un processus de repentir. A cela près qu’à l’époque du Temple, cette miséricorde était suscitée par le service des sacrifices, comme nous l’indiquons dans cette prière. Ces derniers avaient la capacité de combattre l’occlusion du cœur, de sorte qu’il n’était pas nécessaire d’avoir recours à une « miséricorde qui précède la colère ». De nos jours, alors que nous sommes privés du service sacerdotal, nous devons implorer D.ieu qu’Il nous prenne en pitié, afin que Sa miséricorde intervienne et nous permette de revenir à Lui.
Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.