L'un des plus graves problèmes de notre génération, c’est que le mauvais penchant essaye d'affaiblir la volonté de juifs droits et craignant D.ieu en leur disant « même si vous faites une partie des commandements, vous n'arriverez jamais à tous les accomplir, alors pourquoi vous fatiguer à aller à un cours ou à faire des mitsvoth, de toute façon… »
Ainsi, des personnes de bonne volonté s'abstiennent de bien faire à cause de ces arguments fallacieux.
Rav Dan Segal a une fois raconté ce qui lui a été rapporté par un chauffeur de taxi orthodoxe qui avait eu le mérite de transporter le Steipler de mémoire bénie. Le chauffeur a raconté que l'auteur du Kehilot Yaakov lui avait demandé s'il s'était fixé un moment pour l'étude de la Torah après sa dure journée de labeur. « Je lui ai répondu » a dit le chauffeur, « que j'avais l'habitude de tout faire pour aller à un cours de Talmud, mais que malgré moi du fait de mon extrême fatigue, je m'endormais toujours pour ne me réveiller que lorsque le Rav finissait son cours ». Le chauffeur avait exposé au grand Rav toute la peine que cet état des choses lui procurait, et la tristesse qu'il éprouvait à ne rien comprendre à la page de Talmud étudiée.
« C’est justement le Steipler, bienveillant, qui m'a chaudement encouragé. En descendant du taxi, il m'a caressé le visage et m'a dit ‘’Saches, que bien qu'en ce bas monde il te semble ne valoir pas grand-chose, je peux te promettre qu'au Ciel tu es considéré comme un grand général, car tu fais tout ton possible, et tu es dans l'incapacité d'en faire plus. Continues sans relâche à venir au cours, même si tu t'endormiras sur le livre, car au Ciel tu es considéré comme un juste.’’ »
Le Rav Segal a ajouté sur ce propos ; « cet homme faisait vraiment tout son possible. Il avait de nombreux enfants à la maison, c'est son obligation d'après la Torah de les nourrir. Son travail de chauffeur de taxi le fatiguait énormément et son unique obligation c'était seulement de venir au cours de Talmud, même si c'était pour s'y endormir. »
Cette histoire est pour nous une leçon de morale. A notre époque, même certains hommes de Torah qui ressentent qu'ils ne peuvent pas atteindre de grands degrés de piété, ne s’investissent plus, même pour des « mitsvoth faciles ». Or, pouvons-nous juger une mitsva moins importante qu'une autre ? En aucun cas, même si selon notre réflexion personnelle le jeu n'en vaut pas la chandelle, c’est une grave erreur.
Le principal, c'est qu'on ne demande pas à une personne plus qu'elle n'en est capable, et si quelqu'un a fourni tous les efforts possibles, il sera au Ciel considéré comme un grand général.
Nos maîtres demandent, pourquoi Batya la fille de Pharaon a tendu son bras vers le berceau de Moché, alors que naturellement elle n'avait aucune chance de l'atteindre ?
Et leur réponse, c'est qu'elle aussi a fait tout son possible, en sachant que ce qui était au-delà de ses forces, D.ieu s'en chargerait.
Il en va de même pour nous, l'homme doit faire sa part, et alors D.ieu fera le nécessaire pour que ce chauffeur de taxi également comprenne les paroles de Torah.