Bechala’h. La supériorité de l’homme sur les autres créatures

« Les eaux se fendirent » (Chémot 14,21)

« “La mer vit et prit la fuite“ (Téhilim 114,3) – que vit la mer ? Elle vit le cercueil de Yossef. Le Saint béni soit-Il dit : “Que la mer fuie devant celui qui prit la fuite, comme il est dit : “Il s’enfuit et s’élança dehors.“ (Béréchit 39,12)“ » (Yalqout Chim’oni Téhilim 114)

De prime abord, ce commentaire du Midrach paraît surprenant : si D.ieu ordonna aux eaux de se fendre, pourquoi attendirent-elles de voir le cercueil de Yossef pour obéir ? Selon rav Ya’aqov Neuman, dans son Darké Moussar, il ne fait aucun doute que si D.ieu avait donné à la mer un tel ordre, elle se serait exécutée sans hésitation. Nous devons donc en conclure qu’effectivement, le Saint béni soit-Il ne S’était pas adressé à la mer mais seulement à Moché, à qui Il avait déclaré : « Etends ta main sur la mer et fends-la. » D.ieu enjoignit donc à Moché d’ordonner à la mer de se fendre. Car le Juste, considéré comme l’associé du Saint béni soit-Il dans l’œuvre de la Création, est habilité à décréter de tels bouleversements.Le Séfer ha’Yiqarim va même plus loin, puisqu’il affirme que le prophète peut parfois réaliser des prodiges et modifier la nature sans même avoir été délégué par D.ieu ! Un verset de Iyov le laisse clairement entendre : « Tu décréteras ta volonté et elle s’accomplira » (22,28).
Ce qui nous conduit à dire que le pouvoir du Juste est même supérieur à celui de l’ange. En effet, les anges ne disposent pas du monde à leur gré et ils ne peuvent y apporter de changements que si l’ordre leur en a été explicitement donné.

De l’homme en revanche, il est dit que le monde repose sur ses épaules et qu’il est à même de le détruire si tel est son souhait, comme en témoigne ce passage du Midrach : « Au moment où le Saint béni soit-Il créa Adam, Il le prit et lui montra chaque arbre du Jardin d’Eden. Il lui dit : “Vois Mon œuvre comme elle est belle et harmonieuse. Or tout ce que J’ai créé, Je ne l’ai fait que pour toi. Prends donc garde de ne pas endommager et détruire Mon monde ! » (Qohélet Rabba 7). Contrairement à l’ange, l’homme a bien le pouvoir de détruire le monde qui l’entoure. C’est donc également par lui que le monde se maintient, et il peut à sa guise bouleverser les lois de la nature ! Lorsque Moché ordonna à la mer de se diviser, celle-ci refusa au prétexte qu’elle accomplissait la volonté de son Créateur et ne changerait rien à sa nature.

Mais lorsqu’elle vit le cercueil de Yossef – emblème de l’homme qui fuit devant la faute –, elle s’exécuta aussitôt. A sa vue, elle fut contrainte d’avouer que l’homme est supérieur à elle et à toutes les œuvres de la Création. Car si ces dernières – anges célestes inclus – obéissent à la volonté de leur Créateur, aucune embûche ne tente jamais de les écarter de leur mission. L’homme en revanche est à tout moment exposé à de terribles épreuves, comme ce fut le cas pour Yossef, que la tentation « agrippa par son vêtement » et dont il ne réchappa qu’en s’exposant à de sordides accusations, – qui le conduisirent au fond d’un cachot, douze longues années durant.A ce formidable niveau, nul autre que l’homme n’a accès, pas même les Anges de service. Voilà pourquoi la mer céda aux exigences de Moché, comprenant du même coup que le Juste est supérieur à l’ange et que toute la Création est tenue de lui obéir !

Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.

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