« Je M’occuperai de vous, Je vous ferai croître et multiplier et Je maintiendrai Mon alliance avec vous » (Vayiqra 26,9)
Pour tenter de comprendre pourquoi la vie sourit à certains mécréants, le ‘Hafets ‘Hayim (Chem ‘Olam tome II chap.12) propose la parabole suivante.Un riche notable, propriétaire d’une grande usine, avait à son service de très nombreux ouvriers. Un jour, sa fille se fiança et le jour du mariage approchait à grands pas. Un dilemme crucial se posa alors au père de la mariée : d’une part, il se sentait tenu d’inviter ses employés au mariage de sa fille. Mais d’un autre côté, sa position sociale l’obligeait à convier d’importantes personnalités. Or, faire asseoir dans une même salle des ouvriers et des aristocrates de haut rang n’était évidemment pas convenable…Finalement, il trouva une idée lumineuse. La veille du mariage, il fit appeler son personnel et leur dit : « En votre qualité de fidèles employés, vous méritez tous de prendre part à ma joie. Venez donc aujourd’hui vous réjouir avec moi ! » Un somptueux festin leur fut servi, et ils festoyèrent tous ensemble dans une atmosphère chaleureuse. Le patron lui-même fut pleinement satisfait de ce repas, qui lui permit de réjouir ses employés, sans pour autant les convier au mariage proprement dit.
Un passant, voyant les invités assis à la table du riche personnage, s’étonna : « Cet homme considère-t-il donc ses ouvriers comme étant plus importants que ses proches amis, à savoir les notables et les puissants du pays ? Pour quelle raison offre-t-il un repas à ces individus ordinaires, avant même d’accueillir ses prestigieux convives ? »Si cet homme s’interroge de la sorte, c’est parce qu’il ignore totalement l’intention de l’hôte. Mais ce dernier, quant à lui, sait très bien ce qu’il fait. Après quelques mots d’explication, toutes les questions de ce passant auraient fondu comme neige au soleil : il aurait compris la véritable raison de ce repas anticipé et que celui-ci était l’unique moyen d’éviter une promiscuité mal à propos. Le message de cette parabole est le suivant : certes, il arrive parfois que la vie sourie aux mécréants. Ils semblent comblés, ils prospèrent et reçoivent de grands honneurs. Mais cela ne signifie pas pour autant que ces hommes ont une grande valeur aux yeux du Créateur : au contraire, cette opulence est pour Lui une manière de Se débarrasser d’eux, pour ne pas avoir à les récompenser dans le Monde futur.
Nous trouvons une idée similaire dans le Sifri, sur notre paracha : « “Je M’occuperai de vous“ – à quoi peut-on comparer cela ? A un roi ayant à son service de nombreux domestiques. L’un d’eux servit son maître avec un dévouement particulier. Lorsque les serviteurs vinrent réclamer leur salaire, l’ouvrier dévoué se joignit à eux. En le voyant, le roi lui dit : “Mon fils, laisse-moi me libérer d’abord de ces jeunes hommes, qui ont peu travaillé pour moi et qui ne méritent qu’un salaire médiocre. Mais pour ce qui est de ta solde, je dois la calculer séparément car elle est nettement plus importante ! »Ainsi en va-t-il du monde : les Justes réclament à D.ieu leur récompense, et les mécréants, qui sèment le désordre autour d’eux, exigent aussi leur dû. Le Saint béni soit-Il annonce donc aux Justes : « Mes fils, laissez-Moi vous libérer le passage. Je vais d’abord payer un faible salaire à ces mécréants, pour le peu de travail qu’ils M’ont fourni. Je vous donnerai ensuite votre récompense, car elle est très importante ! » C’est en ce sens qu’il est dit ici : « Je M’occuperai de vous » – verset se lisant littéralement : « Je Me libérerai pour vous », afin de vous offrir tout le salaire que vous méritez.
Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.