« Quand vos enfants vous demanderont : “Que signifie pour vous ce rite ?“ » (Chémot 12,26)
« Rabbi ‘Hiya a enseigné : La Tora s’est adressée à quatre enfants. Le fils impie, que dit-il ? “Que signifie pour vous ce rite ? – quel est donc ce poids dont vous nous accablez chaque année ?“ Par ces mots, cet enfant s’exclut de la communauté. Réponds-lui toi alors : “C’est pour cela que l’Eternel a agi en ma faveur“ – en ma faveur et non en la sienne : s’il avait vécu à cette époque, il n’aurait jamais mérité d’être délivré ! » (Talmud de Jérusalem, Pessa’him chap.9,4)
Ces explications figurent également dans la Haggada de Pessa’h. Or une remarque mérite d’être formulée à leur propos : la réponse donnée ici à l’enfant impie – « L’Eternel a agi en ma faveur » – apparaît dans le texte du Séder en réponse à l’enfant « qui ne sait pas même questionner »… Qu’est-ce qui incita les Sages, rédacteurs de la Haggada, à procéder à une telle modification ? Par ailleurs, pour quelle raison la réponse donnée à l’impie apparaît ici à la troisième personne : « en ma faveur et non en la sienne » ; « s’il avait vécu à l’époque » ? La réponse du Maguid de Doubno à ces questions s’inspire de la parabole suivante : une équipe de pompiers avait été appelée pour maîtriser un incendie qui s’était déclaré dans une maison. En arrivant sur les lieux, les pompiers arrosèrent copieusement toutes les maisons alentour.
Voyant cela, les habitants du quartier s’en prirent à eux : « Que faites-vous ? Nous ne vous avons pas appelé pour arroser les autres maisons ! » La réponse des pompiers fut pertinente : « Ne voyez-vous pas que la maison en feu est pour ainsi dire perdue ? Il est fort improbable que nous réussissions à la sauver ! Il est donc préférable de préserver tout d’abord les maisons encore épargnées par le feu, en les aspergeant d’eau, pour que l’incendie ne puisse s’y propager ! »Lorsqu’un enfant formule des propos hérétiques, il convient d’agir dans le même esprit : avant de le remettre dans le droit chemin, il faut en premier lieu protéger son entourage – grands comme moins grands – de son influence. Voilà pourquoi la réponse aux propos de l’enfant impie est en vérité celle que l’on donne à « celui qui ne sait pas questionner », car c’est lui qu’il convient tout d’abord d’immuniser face à ces relents d’apostasie. Pour ce faire, on lui raconte la sortie d’Egypte – fondement de notre foi – en ne manquant pas de préciser : « Si lui, l’impie, avait vécu en ces temps, il n’aurait pas été délivré. »
Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.