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Chabbat, un avant-goût du monde futur. Vraiment ?

Question : En discutant avec des amis qui ont fait Téchouva, j’ai remarqué que lorsqu’ils parlent du Chabbat, ils rayonnent de bonheur. Ils m’ont expliqué à quel point ce jour était un jour de joie et de plaisir. Cela me laisse quelque peu perplexe en sachant que de nombreuses actions, permises en semaine, sont interdites le jour du Chabbat. Le Chabbat nous restreint-il ou est –il source de plaisir ?

Avant d’entrer dans le vif du sujet, jetons d’abord un coup d’œil en tant qu’invités, à une maison juive respectueuse du Chabbat de façon authentique.

Nous sommes vendredi. Les préparations[1] du Chabbat vont bon train. Les odeurs des mets savoureux déjà prêts pour  ce saint jour embaument les pièces de la maison. Les Hallot sont joliment disposées sur la nappe blanche immaculée, recouvertes d’un léger napperon. Les bougeoirs de Chabbat sont posés à leur place et attendent le moment de l’allumage. Toute la famille revêt ses plus beaux habits. La plaque de Chabbat est branchée et toutes les minuteries sont réglées. Le moment de l’entrée du Chabbat approche à grands pas. C’est la course contre la montre. Tout le monde se presse afin de terminer les derniers préparatifs pour accueillir la reine Chabbat. La sirène retentit (dans les quartiers religieux d’Israël) puis c’est enfin le moment d’allumer les bougies. D’un seul coup, toute la pression redescend. On entend le son d’une prière provenant du fond du cœur de la maman. Elle prie intensément pour son mari, ses enfants et toute sa famille. Elle prie pour que tous méritent santé, paix, bénédiction et protection divine.

Elle ouvre les yeux et observe sa maison avec sérénité. Un sourire se dessine au coin de ses lèvres. Une vague de sérénité et de plénitude l’envahit en embrassant ses enfants qui l’entourent. ‘’Chabbat Chalom’’ leur souhaite-t-elle d’un air joyeux et pleine d’amour.
Calme et sérénité. Le papa et les garçons sont à la synagogue. La maman est tranquillement assise  et lit un l ivre. Elle tend aussi une oreille attentive à ses enfants qui lui racontent toutes sortes de choses. Téléphones et autres outils de communication sont muets. Une sensation de chaleur et d’amour envahit la maison. Puis, on entend toquer à la porte : ‘’Chabbat Chalom’’ souhaite le père de famille d’un air rayonnant. Est-ce bien le papa de tous les jours, qui travaille sans relâche pour subvenir aux besoins de sa famille ? Mais il a l’air d’un vrai… roi !

Les derniers préparatifs en vue du Kiddouch sont fins prêts et tous se réunissent autour de la magnifique table de Chabbat. Petits et grands entonnent déjà le célèbre chant ‘’Chalom Alékhem’’ ‘’Paix sur vous, anges de paix, anges de l’être suprême,  roi des rois le Saint-béni-soit-Il’’
‘’Que votre venue apporte la paix…’’
‘’Bénissez-nous de paix’’
‘’Séjournez en paix’’
‘’Que votre sortie se fasse en paix’’

Puis, tous en chœur, ils entonnent le poème dédié à la mère de famille, à l’épouse vaillante  qui construit sa maison en faisant preuve d’un immense don de soi et avec amour et compréhension.
‘’Qui trouvera la femme vaillante, dont la valeur dépasse de loin celle des perles,
Le cœur de son mari peut compter sur elle, la fortune ne lui manquera pas,
Elle lui procure du bien et non du mal tous les jours de sa vie,
………
Nombreuses sont les femmes dotées de vertu, mais toi tu es au-dessus de toutes
Mensonge que la grâce ; vanité que la beauté, c’est la femme qui craint l’Eternel qui mérite louange.
Donnez-lui du fruit de ses mains, et que ses actions la louent aux Portes.’’
 
C’est l’heure du Kiddouch. Le vin brille dans la coupe du Chabbat. Le papa se tient debout et tous l’imitent. La sainteté de l’instant est palpable.
‘’Sois béni, Eternel, notre D. roi du monde, créateur du fruit de la vigne’’
‘’Sois béni, Eternel, notre D. roi du monde, qui nous a sanctifiés par ses commandements et nous a agréés en nous dotant avec amour et grâce de Son saint Chabbat… Sois béni Eternel, qui sanctifie le Chabbat’’.
Même les pleurs du bébé, qui a trouvé juste à pleurer à cet instant, ne perturbent en rien l’atmosphère magique qui règne. Les cœurs sont unis.

L’heure du repas de Chabbat est là. Les discussions vont bon train mais sans parler de sujets profanes et sans faire référence à l’argent, au travail, aux soucis… C’est Chabbat aujourd’hui !  Le verset nous dit bien (Yéchaya 58, 13) : ‘’ (Si tu cesses) de vaquer à tes affaires en ce jour’’ : nous devons éviter toutes les paroles qui concernent le travail et l’argent !
Le père de famille raconte une belle histoire et développe une réflexion sur la Paracha de la semaine. L’enfant de trois ans montre à tous comment il a bien appris les lettres cette semaine, et son grand-frère de cinq ans est fier de savoir déjà lire ! Quizz sur la paracha, chants, rigolades et jeux avec les enfants sont le lot de cette soirée. Les petits se disputent et le père de famille doit ramener la paix. Tout le monde trouve le temps pour tout et pour tous. Arrive l’heure du Birkat Hamazone.
Nous ne sommes pas pressés. Nous ne devons courir nulle part. Le téléphone ne sonne pas. Nous avons le temps d’aller visiter des amis, de se promener un peu, d’étudier avec nos enfants, de discuter avec nos proches.
 
C’est déjà le matin et les hommes se rendent à la synagogue pour la prière et la lecture de la Paracha de la semaine. Chaque semaine, les Parachiot sont lues et, ensemble, elle forment un tout. Une fois par an, les fidèles terminent la lecture de tout le Séfer Torah puis reprennent avec une joie renouvelée la lecture de ces passages.

Le papa rentre et entame le second Kiddouch du Chabbat. La table est joyeuse et tous partagent un grand moment de complicité en famille. Les initiales du mot Chabbat forment les mots ‘’Chéna Béchabbat Taanoug’’ : se reposer est l’un des délices du Chabbat.
L’après-midi du Chabbat est aussi réservé à l’étude, à une promenade en famille, à un cours de Torah. Puis arrive l’heure de Minha puis d’une légère Séouda Chlichit.

Et voilà que déjà c’est la sortie des étoiles, de la prière du soir puis de la Havdala.

Lors de la Havdala, on récite les bénédictions sur le vin, sur la flamme d’une bougie et sur des plantes odorantes. En effet, passer de ce haut niveau d’élévation du Chabbat au retour à la réalité matérielle  de la semaine, c’est difficile. Sentir les plantes odorantes nous apaise…
 
Même l’homme qui vit son Chabbat à un degré à un peu moins élevé, même s’il habite dans un quartier où tout le monde n’est pas forcément respectueux du Chabbat, ou encore même s’il habite en dehors d’Israël, cet homme ne comprendra même pas la question initiale posée au début : ‘’Sommes-nous restreints par le Chabbat ?’’ Et bien la réponse est oui ! Il est vrai que nous ne pouvons pas faire tout comme en semaine, mais ces restrictions sont bénéfiques pour nous ! De même que les règles de discrétion, de parole, de tenue vestimentaire, d’interdiction de fumer dans les salles du palais royal d’Angleterre sont importantes et participent à l’ambiance royale, il en est de même pour les règles définissant notre Chabbat.

Lorsqu’un ami nous demande : ‘’Et qu’en est-il de notre sortie à la mer ?’’Nous le regardons avec un sourire compatissant… Notre cœur ressent que c’est comme si l’on nous proposait d’échanger la couronne du roi contre un plat de lentilles. Alors, bien entendu, le plat de lentilles est très bon, mais nous n’hésitons pas à y renoncer quand de l’autre côté se trouve un trésor bien plus précieux.
Ainsi, il est vrai qu’une personne respectueuse du Chabbat ne peut réaliser certaines actions car interdites le Chabbat. Il est vrai qu’au départ cela demande de grands efforts  se crée même une sensation de malaise. Mais cette personne sait bien que c’est justement en faisant attention à ces petits détails qu’elle peut, une fois par semaine ( !) profiter d’un plaisir spirituel d’un niveau très élevé.
Ainsi, elle vit en permanence en sachant fort bien que :

  1. Elle sacrifie un ‘’plat de lentilles’’ en faveur  du plais royal du Chabbat
  2. Elle est tel un soldat dans l’armée du Roi du monde, du Saint-béni-soit-Il qui l’aime d’un amour infini. Elle sait  que tout ce qu’Il lui ordonne est pour son bien[2]. La personne respectant le Chabbat est ainsi heureuse d’écouter Ses paroles et se réjouit d’accomplir Sa volonté.
 
[1] Il faut honorer le Chabbat comme si l’on recevait une reine dans notre maison. Le Créateur et maître du monde promet à celui qui honore  le Chabbat comme il se doit qu’il atteindra des niveaux d’élévation élevés. Le prophète Yéchaya (58, 13) nous dit : ‘’Si tu cesses de fouler aux pieds le Chabbat, de vaquer à tes affaires en ce jour qui M’est consacré, (c'est-à-dire évite de faire ce que tu as l’habitude de faire les jours profanes en ce jour saint pour Moi), et tu appelleras le Chabbat un délice  (tu fixeras le jour du Chabbat comme jour de délice), et la sainte journée d’Hachem comme digne de respect, si tu le tiens en honneur en t’abstenant de suivre tes voies ordinaires de t’occuper de tes intérêts et d’en faire le sujet de tes discussions (ne pas faire de choses habituellement accomplies les autres jours de la semaine), alors tu te délecteras en Hachem et je te ferai dominer sur les hauteurs de la terre et jouir de l’héritage de ton père car c’est la bouche d’Hachem qui l’a dit’’.
[2] Il est important de signaler ici que tout ce que nous percevons en ce monde –et même dans le monde futur- ne sont pas des punitions mais des moyens de se purifier en nettoyant les tâches faites sur notre âme et afin qu’elle reçoive son salaire à savoir se délecter d’Hachem et de sa sainteté (voir Méssilat Yécharim, chapitre 1). Bien que la plupart ne ressentent pas cela dans les moments de douleurs et de tristesse la chose ressemble en fait à un père qui emmène son enfant chez le médecin afin qu’il lui retire l’infection se trouvant dans son doigt. L’enfant va peut-être pleurer ou être en colère envers son père qui lui cause ce mal, mais avec le temps, il comprendra le bien-fondé des intentions de son père qui l’a conduit se faire soigner, et il le remerciera.

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