Le Chla’h Hakadoch nous explique l’importance de débuter une critique par des louanges et des remerciements en s’appuyant sur le verset de Michlé (9, 8) : ‘’Ne critique pas le railleur, il te haïrait, fais des remontrances au sage, il t’aimera davantage’’. Et le Chla’h de nous expliquer : ‘’Lorsque l’on s’apprête à critiquer quelqu’un, il ne faut pas lui dire : ‘’Tu es un railleur’’, car ainsi on le pousse à nous haïr et il ne nous écoutera pas. On doit plutôt lui dire qu’il est sage et intelligent : cela lui permettra d’accepter nos paroles, de s’ouvrir et de nous écouter.’’
Le fait de complimenter avant de prononcer une critique a pour but essentiel de permettre l’ouverture et l’écoute. C’est une préparation positive à la critique. De ce fait, on rassure la personne en lui exprimant notre affection tout en soulevant par la suite un point qui nous dérange. On lui montre que notre amour n’en est pas moins important et que nous valorisons bien d’autres choses.
Il faut savoir que dans un couple, la critique est souvent perçue comme si l’amour n’existait plus. La personne lésée a l’impression de ne plus être appréciée telle qu’elle est. Afin de contrer ce sentiment négatif qui forme bien-sûr une barrière invisible entre les conjoints, il faut expliquer clairement à l’autre qu’il n’en est rien et que l’on se rend bien compte de tout ce qu’il fait et de son investissement pour la famille.
Un jour, une jeune femme m’a raconté qu’elle et son mari ont l’habitude de mettre par écrit les problèmes qu’ils rencontrent entre eux, les choses qui les dérangent. Ces lettres sont souvent remplies de phrases très dures et de critiques virulentes. Après avoir écouté mon conseil sur la façon de formuler une critique, elle prit cela très à cœur et décida de changer ses habitudes. A la première occasion, elle commença donc à introduire ses critiques par des paroles d’affection, de reconnaissance, de remerciement et d’amour, s’étalant sur plusieurs lignes. Puis elle écrivit plusieurs ( !) pages au sujet de ce qui la dérangeait en relatant le récent différend qu’ils avaient eu. Elle déposa la lettre sur le bureau de son mari.
Curieuse de connaître la réaction de son époux, elle resta à la porte et observa les traits de son visage. Au début de sa lecture, elle remarqua une expression de surprise mêlée de satisfaction. Par la suite, son visage fut dénué d’expression et neutre, jusqu’à la fin de la lettre. Quand il eut fini, il reprit la lettre et relut le début, à plusieurs reprises. Elle le vit lire et relire à nouveau les premières lignes, un sourire se dessinant sur ses lèvres. Il se leva alors et vint s’excuser auprès d’elle. Cette jeune femme conclut son histoire en me disant : ‘’Cet évènement m’a fait prendre conscience à quel point il est important de commencer par des paroles douces et encourageantes avant de formuler la moindre critique’’.
D’après les différents commentateurs expliquant la Mitsva de : ‘’Tu feras une remontrance à ton prochain’’, la critique ne peut être acceptée par autrui que, si et seulement si, ce dernier est convaincu de l’amour profond de celui qui lui adresse ces paroles. Ainsi, des paroles chaleureuses de remerciement et de reconnaissance font sentir à l’autre que c’est quelqu’un qui l’aime qui s’adresse à lui.