Weekly Torah Portion

Emor. Vénérer l’éducation des parents

« Si la fille d’un Cohen se déshonore par la prostitution, c’est son père qu’elle déshonore : elle périra par le feu » (Vayiqra 21,9)

Le châtiment qu’encourt la fille d’un Cohen est nettement plus sévère que celui que subit, pour un acte similaire, toute femme juive. Nous savons que les peines capitales appliquées par le Sanhédrin étaient au nombre de quatre, dans l’ordre croissant de gravité suivant : la strangulation, la décapitation, la condamnation par le feu et enfin, la lapidation. Toute femme juive mariée ayant des relations avec un autre homme était condamnée à la strangulation, la peine de mort la moins grave. Une fille de Cohen, quant à elle, était condamnée au feu, c’est-à-dire qu’elle subissait la deuxième peine la plus grave. Or, généralement, la Tora s’efforce de se montrer indulgente envers les condamnés à mort, s’évertuant à les disculper par différents moyens. Comment comprendre cette soudaine rigueur à l’égard de la fille d’un Cohen ?La réponse, soutient rav Sim’ha Zissel de Kelm (citée dans Or Rachaz p.408), apparaît en vérité dans le verset lui-même : « C’est son père qu’elle déshonore : elle périra par le feu. » Cette précision ne met pas seulement en relief la gravité de l’acte de cette femme. Elle indique aussi – et peut-être surtout – la raison pour laquelle sa peine est plus importante que celle de toute autre juive, comme nous allons le voir.

La Guémara enseigne : « Les Cohanim sont des hommes consciencieux » (Chabbat 20a). Rachi explique : « Ils s’adonnaient tous à l’étude de la Tora, ils craignaient le Ciel et étaient scrupuleux. C’est pourquoi ils ne risquaient pas d’en venir à remuer des braises pendant Chabbat. » Nous pouvons en conclure que l’éducation que donnaient les membres de cette tribu à leurs enfants était des plus sérieuses. Ceci se confirme par le fait que la consommation de la chair des sacrifices et des dîmes exigeait une pureté irréprochable ; or, celle-ci ne pouvait être maintenue que grâce à une vigilance continue, chaque heure du jour et de la nuit. Preuve en est que les Cohanim recevaient une solide éducation dès leur plus jeune âge.A présent, nous comprenons pourquoi la fille du Cohen était passible d’une peine doublement plus grave que celle de toute autre femme juive. Premièrement, parce que la responsabilité de chacun est proportionnelle à la qualité de l’éducation reçue. A cet égard, une femme ayant grandi dans une maison où « tous s’adonnent à l’étude de la Tora, craignent le Ciel et sont scrupuleux » mérite une punition plus sévère. Deuxièmement, on tient également compte du fait que cette femme a « déshonoré son père », au sens littéral : par son acte, elle a jeté l’opprobre sur l’éducation reçue dans la maison paternelle. Eu égard à ces deux considérations, sa punition fut relevée de deux degrés par rapport à celle d’une femme ordinaire : elle devait mourir par le feu, contrairement à toute autre femme adultère qui ne subissait que la strangulation.

D’une part, ceci nous apprend combien le fait de tourner le dos à l’éducation des parents est grave. Et d’autre part, lorsqu’on se souvient que l’Attribut de Bonté est cinq cents fois supérieur à celui de la Rigueur, on peut s’imaginer quelle sera la récompense de celui qui honore la maison dans laquelle il a grandi. Et à plus forte raison quand on loue et glorifie l’éducation fidèle à la Tora reçue dans son enfance. Dans ces circonstances, c’est le Nom divin lui-même qui s’en trouve glorifié, comme l’indique ce texte : « Que disent les gens à son sujet ? “Heureux son père qui lui a enseigné la Tora ! Heureux son maître qui la lui a apprise !“ Le verset dit au sujet de cet homme : “Israël, c’est par toi que Je Me couvre de gloire“ (Yécha’ya 49). »Le Saba de Kelm conclut sur ces mots : « Y a-t-il une limite à la récompense de cette démarche, par laquelle le Roi des rois, le Saint béni soit-Il Lui-même Se couvre de gloire ? Dans notre génération décadente, chacun peut facilement adhérer à cette conduite et recevoir une juste part dans ce domaine. »

Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.

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