Eqev. Attacher de l’importance à toutes les coutumes

« Pour prix de votre observance de ces lois et de votre fidélité à les accomplir… » (Dévarim 7,12)

« “Pour prix“ [‘éqev] – si vous observez les mitsvot légères, que l’homme a tendance à fouler aux talons [‘éqev]. » (Rachi)

Citant le verset du Cantique des cantiques (6,11) : « Je suis descendue dans le verger aux noyers », le Midrach rapporte le commentaire suivant : « Tous les fruits du monde, tu peux les introduire dans une besace, sans que ceux qui s’y trouvent déjà ne le ressentent. Mais pour la noix, dès que tu introduis ta main dans la besace pour en prendre une, toutes les autres le ressentent. Ainsi [pour le peuple juif], dès qu’un homme faute, D.ieu S’emporte sur toute l’assemblée » (Yalqout Chim’oni Chir Hachirim 992).

Rav ‘Ezra Altshuler, auteur du Taqanat ‘Ezra, explique qu’il en va de même des mitsvot : si l’on porte atteinte à un seul commandement de la Tora, ceci peut se répercuter sur l’ensemble des autres préceptes. Et pourquoi les mitsvot sont-elles comparées à des noix ? Parce que la noix est un fruit rond. Or, l’équilibre de tout objet rond ne tient que sur un seul point. De ce fait, dès qu’une noix est déplacée, toutes ses semblables, rassemblées dans la même besace, le sont également.Toutefois, si l’on s’en tenait à cette seule explication, on aurait pu comparer les mitsvot à tout objet rond. Pourquoi le Midrach parle-t-il de la noix en particulier ? Parce que celle-ci renferme un autre message : il arrive parfois que l’écorce d’une noix ne contienne aucun fruit. Pourtant, ceci n’interfère nullement sur cette règle physique : même lorsqu’une noix vide est déséquilibrée, cela se répercute sur l’ensemble de ses semblables. Le même phénomène se retrouve au sujet des mitsvot : certaines coutumes et pratiques semblent dénuées de fondement et malgré tout, si on leur porte atteinte, on risque d’ébranler tout l’édifice de la Tora.

Rav Mordekhaï Gifter, lorsqu’il rapporta cette explication, l’étaya en citant le premier verset de notre paracha : « Pour prix [‘éqev] de votre observance de ces lois » – « c'est-à-dire celles que l’on a tendance à fouler aux talons. » Ces mitsvot, qui paraissent négligeables, méritent la même attention que toute autre mitsva. Et ceci est également valable pour les coutumes, habitudes et autres usages, car nul ne connaît leur importance véritable ni leur récompense. En effet, l’observance d’une seule et unique mitsva peut offrir à l’homme le droit d’entrée au Monde futur, un Monde infini et éternel. Dès lors, peut-on qualifier une quelconque mitsva de « négligeable » ? L’auteur du Dvar Avraham raconta que, dans les dernières années de sa vie, rav Its’haq El’hanan Spektor, le rav de Kovno, ne présidait plus les cérémonies de mariage, comme il en avait l’habitude lorsqu’il était plus jeune. Mais il consentit à faire une exception le jour où Mr Wolf, l’un des notables de sa communauté, le convia au mariage d’un de ses enfants. Lorsque rav Its’haq El’hanan lui confirma qu’il acceptait cet honneur, le riche personnage lui annonça : « Sachez toutefois, maître, que la cérémonie de la ‘houpa ne se déroulera pas dans la cour de la synagogue, comme c’est l’habitude à Kovno, mais dans celle de ma résidence privée. »

A ces mots, rav Its’haq El’hanan s’exclama : « S’il en est ainsi, je refuse de venir à ce mariage ! Car si aujourd’hui, on passe outre à cette coutume, cela aura des répercussions sur toutes les autres coutumes de notre ville. Et un jour, on en viendra à transgresser le Chabbat ! »

Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.

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