« Le servir de tout votre cœur et de toute votre âme » (Dévarim 11,13)
« Quel est donc le service du cœur ? C’est la prière. » (Ta’anit 2a)
Ces mots laissent entendre, dans leur sens simple, que la prière se définit comme étant « un service du cœur » – c'est-à-dire un service exigeant une grande conviction. A ce sujet, le Maharil Diskin rapporte, au nom de son père, une explication différente. La sujétion d’un esclave à son maître apparaît à deux niveaux : 1. Dans le fait même d’être au service de son maître et d’exécuter ses ordres. 2. Dans le fait que sa survie et sa subsistance dépendent de lui. De toute évidence, pour l’esclave, la facette la plus « profitable » de sa sujétion réside dans le second point, qui le place sous la responsabilité de son maître. D’ailleurs, l’avantage de cette position sera assurément décuplé si le généreux maître annonce à son esclave : « Désormais, si tu viens me demander de te nourrir et de subvenir à tes besoins, je te récompenserai pour le fait même de t’être tourné vers moi. »C’est ainsi que s’explique l’enseignement de nos Sages : « Quel est donc le service du cœur ? » – c'est-à-dire quel est le service que l’on chérit dans son cœur ? – « C’est la prière », car la prière est un devoir consistant à se tourner vers D.ieu pour Lui réclamer nos besoins. Or, dans la mesure où nous recevons une récompense pour cette demande elle-même, il s’agit assurément d’un devoir que l’on affectionne tout particulièrement.
Grâce aux explications de son père, le Maharil Diskin apporte un éclairage nouveau aux paroles d’un chant liturgique que l’on récite pendant les Jours redoutables (rite ashkénaze) : « Tu Te souviens des hommes qui Te rendent grâce pour Tes bienfaits. » Si le fait de remercier D.ieu pour Ses bienfaits semble à nos yeux relever du devoir de reconnaissance le plus élémentaire, ce verset laisse néanmoins apparaître que cette démarche nous confère également un mérite exceptionnel.Bien que cette règle de conduite nous semble difficilement compréhensible – la gratitude n’est-elle pas une obligation évidente ? –, il ne faut cependant pas oublier que « Mes pensées ne sont pas les vôtres, et Mes voies ne sont pas vos voies, parole de l’Eternel » (Icha’ya 55,8). Ainsi, D.ieu a fait en sorte que, même lorsqu’un homme Lui rend hommage pour les bienfaits qu’Il lui accorde, il y gagne un nouveau mérite ; et chaque fois qu’il s’adresse à son Créateur, l’homme s’engage dans la voie conduisant au bonheur et aux bénédictions.
Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.