Chère Rivka,
Vous avez écrit LE mot-clé : confiance.
Ce que l’on appelle en hébreu emouna, désigne la foi ou la confiance. Et l’on croit, à tort, que la emouna est une notion purement religieuse. En réalité, la emouna est omniprésente, si bien qu'il n’est pas exagéré de dire que sans foi, aucune société ne pourrait se développer. Car sans foi, plus de relations de couple, plus de relations familiales, plus de relations commerciales, plus de relations sociales !
En fait, sans foi, plus de paix.
Imaginez donc, et c'est loin d'être facile, une communauté d’individus dont la confiance serait absente. On le devine, toute coexistence serait impossible. Même les faits les plus anodins de la vie courante deviendraient, sinon source de disputes, au moins source d’angoisse. Par exemple, vous comme moi traversons chaque jour quand le pictogramme du piéton est vert. Mais sans foi, sans confiance, bref sans emouna, le ferions-vous ? Sans cette pseudo-certitude que les conducteurs des voitures ne démarreront pas tant que le feu reste rouge, prendriez-vous ce risque ? Osez répondre « non », car c'est l'évidence même !
Alors pourquoi un piéton traverse-t-il aux feus rouges ? La réponse, apparemment simpliste, est tout en nuances. Il traverse parce qu’il sait qu’il ne risque rien. Un instant : le sait-il, vraiment ? Non ; ce n’est pas d’une certitude dont il s’agit : c’est d'une marque de confiance. Mais cette confiance vaut pour une certitude.
Tout est dit, chère Rivka ! On ne peut que comprendre la blessure profonde causée par une personne qui a trahit votre confiance : celle-ci a foulé aux pieds un sentiment humain fondamental. Pire, elle prête peu attention au fait qu’un tel sentiment ait pu vous attacher à elle. Elle est capable de couper le lien à son seul profit, soudainement, sans faire l’effort d'en imaginer les conséquences, les blessures que son acte occasionnera. Là est peut-être son tort le plus grave.
Quant à savoir si « en vouloir » à une telle personne serait conseillé, il faudrait répondre à la lumière de la Torah, ce qui dépasserait notre cadre. Sachez seulement, en quelques mots, que la Torah autorise tout à fait à considérer le mal qui pourrait nous être causé (ou qui l'est effectivement). Elle recommande de s’en éloigner, de s'en protéger et parfois d’informer d’autres personnes afin qu’elles se protègent également. En revanche, la Torah interdit formellement la rancune et la vengeance. Pourquoi ? Eh bien, ceci est de nouveau lié à la emouna… la foi en D.ieu cette fois.
David Benkoel est coach et analyste
Pour aller plus loin voir http://www.torahcoach.fr