Il y a quelques années, un couple est venu me voir pour un entretien. Ils vivaient des difficultés dans leur couple car le mari ne parvenait pas à trouver un emploi qui satisfasse comme il se doit aux besoins de la famille. La mère de famille me raconta qu’elle ne parvenait pas à valoriser son mari et qu’elle avait du mal à ressentir de l’amour pour lui car celui-ci n’arrivait pas à trouver de travail convenable. Le mari de son côté affirmait vouloir subvenir aux besoins de la famille mais qu’il n’y arrivait tout simplement pas. En approfondissant un peu plus la discussion, nous avons découvert ensemble les éléments qui faisaient obstacle à leur objectif commun. En réalité, il s’est avéré que le mari mettait en cause son épouse dans son incapacité à subvenir aux besoins de la famille.
Elle n’a pas assez confiance en lui, elle ne lui laisse pas assez d’espace et de temps libre pour prévoir un emploi stable, elle attend qu’il l’aide dans les tâches ménagères… bref : dans de telles conditions il devient difficile de s’imaginer dans un emploi prenant. Enfin, le mari se sent victime des volontés de son épouse et ne ressent pas avoir la force d’aller de l’avant. L’homme s’habitue à la situation et cela l’arrange car il est ainsi exempté de se confronter à ses peurs et à son incapacité.
La joie est un choix. La joie est un travail. La joie est un tremplin spirituel qui dépasse l’espace et le temps. Quel est le contraire de tout cela ? C’est la sensation d’être une victime.
Quand l’homme commence à se sentir victime, il est au plus loin de la joie. Etre victime c’est développer une maladie liée aux affres de la vie et du temps. Etre victime ce n’est pas une situation ou un oubli temporaire de la vérité c’est une chose qui se développe et qui devient partie intégrante de la personne et une psychologie de la vie. Vivre en victime c’est vivre avec des sentiments qui nous tirent sans cesse vers le bas et qui nous éloignent du bonheur et de la joie qu’Hachem nous réserve.
Quelqu’un qui pense être victime de la réalité, ressent qu’il n’a aucun libre-arbitre. Il pense que tout ce qui lui arrive est extérieur à lui et qu’il ne peut rein y changer. Comme nous l’avons vu, être victime est souvent un choix de l’homme afin de ne pas se confronter à ses propres peurs : peut-être ne vais-je pas y arriver ? Peut-être ne suis-je pas assez bien ? Mettre la faute sur le conjoint, sur le patron ou sur toute autre personne nous permet de nous exempter de la confrontation.
Le remède à cela est tout simplement de choisir d’AGIR. Le Talmud dans le traité Avoda Zara nous raconte que Rabbi Eliezer Ben Dourdaya voulait se repentir. Il demanda aux montagnes et aux plaines, au soleil, à la lune et aux étoiles d’invoquer pour lui la miséricorde divine. Lorsque tous ont refusé, il annonça : ‘’Alors cela ne dépend que de moi’’. Il s’assit et s’effondra en pleurs jusqu’à ce que sa Téchouva fût acceptée et qu’il eut l’assurance de pénétrer au monde futur.
Alors bien-sûr, il est extrêmement difficile d’être heureux lorsque la situation ne s’y prête pas. Mais ce n’est pas impossible. Et souvent, c’est justement en se confrontant aux difficultés que l’homme découvre en lui des forces insoupçonnées. De plus, ces forces nouvellement dévoilées seront pour lui un tremplin et une aide pour son avenir. C’est justement la situation difficile, que personne ne choisirait en amont, qui permet pourtant de devenir un point d’élévation lorsqu’on y fait face et qu’on la surmonte.