de dix sicles d’or » (Béréc« L’homme prit un anneau d’or, du poids d’un béka’, et deux bracelets sur ses bras, du poids hit 24,22)
« “Un béka’“ – c’est une allusion aux sicles qui seront donnés pour le recensement des enfants d’Israël à raison d’un béka’ par tête. “Deux bracelets“ – allusion aux deux Tables de l’Alliance qui étaient jumelées. “Du poids de dix sicles d’or“ – allusion aux Dix commandements qui y seront inscrits. » (Rachi au nom du Midrach)
Par ces présents, Eli’ézer fit allusion aux Tables de l’Alliance – et à travers elles, aux préceptes de la Tora – dans la mesure où Rivqa donnera naissance à la nation qui les recevra. En revanche, relève rav Yossef Salant dans son Béer Yossef, le fait que les bracelets [tsmidim] rappellent que les Tables étaient jumelées [métsoumadot] mérite quelques explications.Les Dix commandements énoncés au mont Sinaï furent inscrits, nous le savons, sur les deux Tables de l’Alliance, soit cinq commandements par Table. D’un côté, les mitsvot que l’homme accomplit envers son Créateur [bein adam laMakom], et de l’autre, les mitvsot apportant la concorde entre les hommes [bein adam la’havéro]. Bien que les Dix commandements soient ainsi partagés, il est pourtant écrit qu’au moment où Moché descendit du mont Sinaï : « D.ieu donna à Moché (…) les deux Tables [לחת] de l’Alliance » (Chémot 31, 18). Le mot לחת – Tables – apparaît ici sans la lettre vav qui marque le pluriel. Rachi interprète cette irrégularité en déclarant que « toutes deux étaient parfaitement égales » (au nom du Midrach Bamidbar Rabba chap. 41). En dépit de ce qui distingue les cinq premiers commandements des cinq suivants, les deux Tables restent donc parfaitement indissociables au point de ne former, dans l’absolu, qu’une seule et même Table. Ces deux éléments méritent donc à juste titre d’être désignés ensemble au singulier.
Le message adressé alors aux enfants d’Israël est clair : il n’est pas donné à l’homme de faire le choix entre l’une ou l’autre de ces Tables, car toutes deux ne forment qu’une seule et même entité. Aucune de ces deux catégories de mitsvot ne saurait subsister sans la seconde, comme l’Humanité a pu le vérifier à maintes reprises chez tous ces peuples à qui la crainte du Ciel faisait défaut, et qui, en fin de compte, ne purent maintenir un niveau d’éthique irréprochable.Rivqa, à travers cette rencontre avec Eli’ézer, donna la preuve la plus éclatante de sa grande générosité et de son altruisme. Toutefois, Eli’ézer souhaitait lui enseigner une leçon supplémentaire : sa perfection morale ne saurait être complète tant qu’elle ne se serait pas totalement soumise à D.ieu. Comment le lui révéla-t-il ? Il lui offrit deux bracelets annonçant par allusion que la perfection morale ne réside que dans l’union des deux Tables de l’Alliance, dans lesquelles figurent à la fois les mitsvot à l’égard de D.ieu et celles accomplies en faveur de l’autre. Ce présent était donc une invitation implicite, adressée à Rivqa, à rejoindre la maison d’Avraham et d’Its’haq où elle apprendrait à développer cet aspect indissociable de toute quête spirituelle.
Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.