« Tu te présenteras au Cohen qui sera alors en fonction et tu lui diras : “Je viens reconnaître aujourd’hui, devant l’Eternel ton D.ieu, que je suis installé dans le pays que l’Eternel avait juré à nos pères de nous donner… “ » (Dévarim 26,3)
La mitsva des bikourim consiste à amener les prémices devant le Cohen, au Temple de Jérusalem, et à rendre grâce à D.ieu pour tous Ses bienfaits. Le Béer Maïm ‘Hayim (cité par le ‘Eved HaMélekh) explique le sens de cette mitsva à l’aide de l’image suivante :
Lorsqu’un père offre à son fils un présent, si ce dernier est intelligent, il comprendra que ce cadeau est parfaitement gratuit. Son père ne lui doit rien, et lorsqu’il lui donne quelque chose, il ne le fait que par amour pur et désintéressé. Cette conscience suscitera également chez le fils un amour réciproque, et fera naître en lui une profonde gratitude envers son père. En constatant la réaction du fils à la réception du premier présent, l’affection du père croîtra d’autant, et l’incitera à multiplier ses présents. Mais chez un fils sot, persuadé que ce qu’il reçoit lui est dû, le résultat sera tout autre. L’enfant exigeant n’éprouve pas la moindre reconnaissance envers son père, car à ses yeux, ce dernier lui « doit » tout ce qu’il lui offre. Ce fils réclamera sans cesse davantage de présents, et pourrait même s’emporter contre son père si ses exigences n’étaient pas totalement satisfaites. Il va sans dire que dans de telles circonstances, le père ne sera guère enclin à faire preuve de générosité.
Les bénédictions dont nous gratifie le Créateur sont à l’image des présents qu’un père aimant offre à son enfant. L’homme sage comprendra que D.ieu ne nous doit rien. A ses yeux, tous les bienfaits dont nous jouissons sont l’effet de la bonté pure et gratuite du Saint béni soit-Il. En conséquence, cet homme éprouvera continuellement une profonde reconnaissance envers son Créateur, pour tous les bienfaits qu’Il lui accorde. Ceci explique le sens du texte que l’on prononçait au moment où l’on offrait les bikourim au Temple. Au début, on y rappelle les sombres périodes de détresse que connurent nos ancêtres : « L’Araméen [Lavan] projeta d’exterminer mon ancêtre [Ya’aqov]… – et l’on conclut en rendant grâce à D.ieu – …Il nous introduisit dans cette contrée et nous fit présent de cette terre. » De fait, c’est bien ainsi que doit se formuler une véritable expression de remerciement : on doit d’abord rappeler d’où l’on vient, évoquer toutes les vicissitudes traversées et on pourra prendre ainsi pleinement conscience de l’impact des bienfaits divins. Ceci suscitera en nous de profonds élans de gratitude, qui nous rempliront de joie et de bonheur.
Par conséquent, au vu de toute la reconnaissance que l’homme éprouve pour Lui du plus profond de son cœur, le Créateur sera réciproquement enclin à accroître Sa bénédiction. C’est pourquoi le verset conclut avec ces mots : « …et tu te réjouiras pour tous les biens que l’Eternel ton D.ieu t’aura donnés. » L’expression de gratitude venant de l’homme suscitera elle-même un nouvel apport de bienfaits, dans tous les domaines de son existence.
Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.