Ki Tetse. Susciter l’aide divine – par nos actes

« Tu ne dois pas voir l’âne ou le bœuf de ton frère s’abattre sur la voie publique et te dérober à eux : tu es tenu de les relever avec lui » (Dévarim 22,4)

« Si le propriétaire de l’âne s’est mis de côté en te disant : “Puisque tu as le devoir de décharger mon âne, fais-le donc !“, tu en es alors dispensé, comme il est dit : “Tu les relèveras avec lui.“ » (Sifri)

La loi énoncée ici par le Sifri, souligne le ‘Hafets ‘Hayim (commentaire sur la Tora), renferme une remarquable leçon, s’adressant à chacun de nous au quotidien : c’est lorsque l’homme se soucie de son état spirituel et souhaite se sanctifier qu’il bénéficie d’une aide divine l’encourageant en ce sens. Par exemple, si en plus de prononcer la prière : « Préserve ma langue du mal… », l’homme s’efforce également d’éviter de prononcer des paroles calomnieuses, il méritera de voir sa prière exaucée. Mais si lui-même y renonce, comment peut-il demander à D.ieu de lui venir en aide ? Cette idée apparaît dans ce précepte de la Tora, mentionné dans le Sifri : « Tu les relèveras – seulement avec lui. » D.ieu veut nous venir en aide, Il est prêt à nous soutenir, à nous aider et nous soulager du poids de nos charges. Mais pour recevoir cette aide divine, une condition s’impose : « Vouloir se purifier… » Mais si l’homme supplie D.ieu de lui accorder ce qu’il souhaite, sans qu’il fasse lui-même le moindre effort pour l’obtenir, il ne fait que se ridiculiser…

Le ‘Hafets ‘Hayim illustre cette idée à l’aide d’une belle parabole : Un homme qui éprouvait les plus grandes difficultés à subvenir à ses besoins croisa dans la rue un ami qui possédait une richesse considérable. Sans hésiter, il l’accosta et lui dit de but en blanc : « J’ai une requête de la plus haute urgence à vous adresser ! Je vous en prie, daignez me prêter cinq roubles ! Une opportunité s’est présentée à moi et si vous m’aidez à concrétiser cette affaire, vous me sauverez de la faim ! » « Très bien, répondit l’homme riche avec courtoisie, mais pour le moment, je n’ai pas cette somme sur moi et je suis en outre assez pressé. Venez donc me trouver chez moi, ce soir à cinq heures, et je vous accorderai ce prêt sans problème. » En fin d’après-midi, celui-ci s’efforça de rentrer chez lui à l’heure dite, pour ne pas manquer son rendez-vous. Il attendit patiemment l’arrivée de son solliciteur, les minutes passèrent, puis une heure entière s’écoula, mais l’homme ne se manifesta pas. « Il a certainement eu un empêchement », se dit le maître de maison.

Le lendemain, se rendant à son travail, il croisa comme la veille sur sa route le quémandeur. Comme si de rien n’était, ce dernier reprit ses sollicitations, exactement de la même manière qu’il les avait formulées la veille : « Comprenez-vous, l’affaire qu’on me propose peut vraiment me permettre de redresser ma situation financière, qui est malheureusement très difficile à ce jour. Si vous daigniez me prêter ces cinq roubles, vous me sauveriez vraiment la vie… » « Certes ! répondit l’autre, mais je vous avais demandé de venir me trouver chez moi, hier à cinq heures. Je vous ai d’ailleurs même attendu pendant une heure entière ! Mais bon, peu importe, laissons de côté le passé. Venez me trouver chez moi ce soir à cinq heures, et je vous prêterai vos cinq roubles. » A nouveau, l’homme riche s’efforce d’être ponctuel, il arrive chez lui à cinq heures précises, attend la venue de son invité… mais celui-ci ne se présente pas.

Le troisième jour, les deux hommes se croisent une nouvelle fois dans la rue, et le pauvre réitère les litanies des jours précédents : « L’affaire qu’on me propose peut s’avérer fort fructueuse. Si seulement vous daigniez me prêter cinq roubles, vous me sauveriez la vie ! » A ces mots, son interlocuteur ne peut se contenir davantage : « En vérité, vous n’avez nullement besoin de cet argent ! Si c’était le cas, vous seriez déjà venu me trouver chez moi hier ou avant-hier, à l’heure convenue. Vous n’êtes qu’un fabulateur, qui invente des histoires de toutes pièces sans en croire le premier mot ! » Chaque jour, nous adressons à D.ieu les mêmes requêtes : « Prends-nous en grâce et enseigne-nous Ta Tora… Place dans notre cœur l’intelligence pour entendre, comprendre et maîtriser Ta Tora… Eclaire nos yeux… », et de nombreuses autres prières du même ordre. Sans l’ombre d’un doute, D.ieu est prêt à nous accorder la sagesse, l’intelligence et la compréhension que nous demandons pour pénétrer les secrets de Sa Tora. Non seulement Il peut accéder à cette demande, mais il ne fait aucun doute qu’Il souhaite également la satisfaire, car Lui-même aspire à ce que les hommes se vouent à l’étude de la Tora. Mais Il n’attend de nous qu’une seule chose : que l’on daigne venir chez Lui – c'est-à-dire au Bet Hamidrach, pour étudier la Tora.

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A notre charge, nous devons admettre que nos prières sont souvent superficielles. Lorsque nous nous adressons au Créateur, nous Le supplions de nous accorder une faveur – « un prêt » – mais à peine avons-nous quitté la synagogue que nous nous replongeons dans les futilités matérielles, nous désintéressant totalement de l’objet de nos requêtes. Le lendemain, nous répétons encore une fois les mêmes demandes, en sachant par avance que nous les oublierons un peu plus tard…Le prophète s’exclama à cet égard : « Armez-vous de paroles et revenez jusqu’à D.ieu » (Ochéa’ 14,3) – c'est-à-dire emportez avec vous les paroles que vous prononcez pendant vos prières, et ne les oubliez pas ! Si vous faites sincèrement cas de vos supplications et ne les négligez pas, alors – « vous reviendrez jusqu’à D.ieu » – votre repentir sera sincère.

Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.

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