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Rav Mordékhaï Gazit : ‘’Marane (Rav Ovadia Yossef Zatsal) se leva en l’honneur des prisonniers et les couvrit de paroles d’encouragement et d’amour’’
L’association ‘’latet or la’haïm – yad laassir’’ (soit ‘’apporter la lumière dans la vie – aide au prisonnier’’) a été fondée, il y a 40 ans, par Rav Mordékhaï Gazit, sous les encouragements, le soutien et les conseils de Maran, Rav Ovadia Yossef Zatsal. Rav Mordékhaï Gazit nous raconte ici les premiers jours de l’association, les prisonniers qui se renforcent dans la Torah, et l’œuvre de Maran.
Le Rav Mordékhaï Gazit, 64 ans, père de 8 enfants, est le directeur de l’association ‘’latet or la’haïm – yad lassair’’ (soit ‘’apporter la lumière dans la vie – aide au prisonnier’’). ‘’L’essentiel de notre activité, hormis les cours de Torah donnés régulièrement aux prisonniers, est qu’ils prennent conscience de leur judéité, de les rapprocher de la Torah et des Mitswoths, de les ramener vers Hachem.
C’est la meilleure réinsertion qui soit, pour des prisonniers.
Il y a près de 40 ans, lorsque nous avons fondé cette association, qui œuvre aujourd’hui dans toutes les prisons d’Israël, notre objectif était d’ouvrir les yeux des prisonniers, de les réinsérer par des fondements purs, et pas par des programmes de réinsertion classiques du gouvernement, déjà testées et qui se sont avérées inefficaces ’’.
Comment avez-vous fondé cette association ?
‘’Tout d’abord, il est important pour moi de préciser qu’il y a aujourd’hui des salles d’étude dans les prisons et des départements spéciaux pour ceux qui observent les Mitswoths.
Le crédit en revient à Maran, qui nous a encouragés, il y a 40 ans, à organiser des cours de Torah dans les prisons.
‘’C’était en 1978. J’avais alors le mérite d’étudier au Collel de la Yéchiva ‘’ ‘Hazone Ovadia’’ à Jérusalem. Chaque mardi après-midi, je m’absentais du Collel pour aller donner des cours de Torah à la prison de Maassiyahou. A un certain moment, Rav Ovadia Yossef eut vent de mes absences répétées tous les mardis. Il était alors président et directeur du Collel. Il me demanda pourquoi je m’absentais, et pour quelle raison je n’en demandais pas la permission à la direction, puisqu’il s’agissant d’une absence régulière. Je lui expliquai que je voyageais chaque mardi pour donner des cours de Torah aux prisonniers. Sa réaction, je ne puis l’oublier jusqu’à aujourd’hui ! Il se leva, très ému, et me dit :’’C’est cela la raison ? Heureux sois-tu ! Continue à soutenir ces pauvres gens !’’. Puis, pendant plusieurs minutes, il me posa une foule de questions. Il voulait tout savoir, dans les moindres détails : Quels étaient les sujets des cours ? Quelle était ma méthode d’enseignement ? Enfin, il m’encouragea à poursuivre cette activité valeureuse. Mais pas seulement une fois par semaine. Tous les jours !
‘’Il arriva qu’un mardi, je partis étudier au Collel et ne prit pas la route pour donner mon cours à la prison. Maran le remarqua tout de suite, me fit appeler et me le reprocha : ‘’Pourquoi n’y allez-vous pas aujourd’hui, ou n’envoyez-vous pas quelqu’un à votre place ? Il ne faut pas renoncer à ce cours !’’
Puis, nous avons élargi nos activités, et avons mis à disposition un autobus, du Collel jusqu’à la prison, pour tous les Avrekhim qui y donnaient cours. C’est ainsi que fut fondée notre association.
Plus tard, les prisonniers ont eu le mérite de recevoir la visite de Rav Ovadia Yossef, et chaque fois qu’il venait les voir, l’émotion était à son comble pour les directeurs de la prison, les gardiens, et les prisonniers eux-mêmes.
Maran se donnait de toutes ses forces pour redonner du moral aux prisonniers et les réinsérer. Outre le fait qu’il se fatiguait à faire le tour de toutes les prisons, il nous exhortait à diffuser la Torah, à ouvrir la discussion avec les prisonniers, à les renforcer et à leur insuffler vie et Torah’’.
A quel point Maran était-il impliqué dans les activités de l’association ?
‘’C’est Maran qui a fondé cette association ! Il en était l’âme vivante ! Il se tenait derrière chacune de nos activités. Jusqu’à ses derniers jours, il s’intéressait toujours dans ce que nous faisions, il posait des questions pour tout savoir dans le détail, et s’informait du moral des prisonniers.
Je vais vous rapporter une petite histoire, juste pour vous montrer combien notre association était importante pour Maran :
En 1984, lors des élections où Chass apparaissait pour la première fois, ce parti a surpris tout le monde en remportant quatre mandats. En plus, il était important pour former une coalition. Un jour après les élections, le ministre Yits’hak Navon demanda à voir Rav OVadia Yossef, pour demander l’aide du parti Chass dans la composition du gouvernement, cherchant à les convaincre que le monde de la Torah en tirerait profit. Mais ce soir-là, Maran devait donner cours à la prison de Maaassiyahou, devant de dizaines de prisonniers.
Yits’hak Navone demanda à repousser le cours, et promit à Maran qu’il ferait en sorte que le cours puisse être donné à n’importe quel moment que Maran choisira. Mais Maran rétorqua : ‘’hors de question. Je ne suis pas prêt à renoncer ne serait-ce qu’à une seule minute de ce cours ! Les prisonniers l’attendent impatiemment, il est interdit de les faire attendre, ne fut-ce qu’un instant !’’. Il se tourna vers moi, et me demanda de l’accompagner à la prison, comme j’en avais l’habitude.
‘’J’ai eu le grand mérite d’être proche de Maran pendant de nombreuses années, depuis que j’étudiais au Collel ‘’ ‘Hazone Ovadia’’, et je peux témoigner, pour l’avoir vu de mes propres yeux, qu’il s’inquiétait sincèrement pour les prisonniers et les aimait profondément. Il y a quatre ans, je suis venu visiter Maran avec un groupe de prisonniers Baalé Techouva, mais avant de les faire rentrer, j’ai prévenu Maran de qui il s’agissait : des prisonniers qui avaient fait Techouva suite à nos activités à la prison. Maran se leva alors en leur honneur et s’exclama : ‘’A l’endroit où les Baalé Techouva se tiennent, même les plus grands Tsaddikim ne peuvent se tenir ! ‘’. Il les couvrit de paroles d’encouragement et d’amour, pendant de plusieurs minutes’’.
Nous faisons fleurir le désert spirituel des prisons
‘’Il est important de savoir, ajoute Rav Gazit, qu’avant notre arrivée, il n’y avait aucun cours de Torah dans les prisons. A part dans le nord du pays, où Rav Yits’hak David Grossman oeuvrait, ainsi que le mouvement ‘Habad pendant les fêtes. Dans les autres prisons, c’était véritablement le désert spirituel. Il y avait bien une synagogue pour toute la prison, mais elle ne servait pas à grand-chose. Aujourd’hui, il y a des salles d’étude, des synagogues, des bibliothèques toraniques, et une large activité, à part les départements spéciaux pour ceux qui observent les Mitswoths. Et tout cela, par la force de Maran qui nous encouragea sans arrêt, pendant des années, à diffuser la Torah auprès des prisonniers.
Outre les voyages réguliers de Maran dans les prisons, je tiens à préciser que pendant des dizaines d’années, depuis la fondation de l’association, Rav Yits’hak Yossef visite aussi les prisons et y donne des cours.
‘’J’ai eu le mérite d’étudier dans ma jeunesse avec le Roch Letsione, Rav Yits’hak Yossef, en la Yéchiva Porat Yossef. Son sérieux dans l’étude et sa persévérance étaient impressionnants. Il utilisait, et utilise encore aujourd’hui, chaque minute de son temps, jour et nuit, pour l’étude de la Torah. Le public est toujours ébahi quand il découvre encore un nouveau livre que Rav Yits’hak Yossef publie. Il en a déjà écrit plus de cinquante, qui ont conquis le public et qui se trouvent dans chaque bibliothèque toranique en Israël et à l’étranger. Mais peu d’entre nous savent combien Rav Yits’hak Yossef se donne et se fatigue dans l’étude de la Torah, minute après minute, pour que ces écrits soient exacts.