« Quand vous serez arrivés au pays de Canaan dont Je vous donne la possession, et que Je ferai naître une altération lépreuse dans une maison du pays que vous posséderez » (Vayiqra 14,34)
Selon rav Its’haq Goldwasser (Yatspen LaYécharim Touchia), cette section de la Tora renferme un message de la plus haute importance, permettant au fauteur de mieux comprendre la racine de son mal.
Dans le Midrach, il apparaît que les plaies frappant les maisons surviennent en conséquence de l’avarice :
« La tsara’at survient à cause de l’avarice, comme il est dit : “Celui qui possède cette maison ira dire au Cohen… “ – c’est-à-dire celui qui garde sa maison pour lui et n’en fait pas profiter autrui » (Vayiqra Rabba 17,3). Une idée similaire apparaît dans un exemple évoqué un peu plus haut, dans le même texte : « Un homme vient trouver son ami en lui disant : “Prête-moi une mesure de blé.“ L’autre lui répond : “Je n’en ai pas“ ; “une mesure d’orge“ – “je n’en ai pas“ ; “une mesure de datte“ – “je n’en ai pas“ […] Que fait le Saint béni soit-Il ? Il suscite la tsara’at dans sa maison, et comme il est contraint d’évacuer tous ses biens, les gens les voient et disent : “N’affirmait-il pas qu’il ne possédait rien ? Voyez combien de blé il y a là, combien d’orge et combien de dattes ! Cette maison est maudite, et elle mérite sa malédiction !“ »
D’autre part, le verset 36 indique :
« Le Cohen ordonnera que l’on vide la maison avant qu’il y entre pour examiner l’altération, de peur que tout ce qui s’y trouve ne devienne impur. » Les Sages disent à ce sujet : « Quels biens la Tora s’efforce-t-elle d’épargner ? S’il s’agit d’ustensiles que l’on peut purifier par immersion, il suffira de les tremper dans un miqvé et ils redeviendront ainsi purs [comme le stipulent les lois relatives à l’impureté]. S’il s’agit de nourriture et de boissons, on n’aura qu’à les consommer pendant une période d’impureté. Forcément, la Tora ne s’évertue qu’à épargner les ustensiles en argile, qui ne peuvent être purifiés par une immersion dans un miqvé » (Rachi au nom du Torat Cohanim).
Cet homme avare subit les humiliations que lui impose la Tora à cause de sa mesquinerie. Mais alors même qu’il s’interroge sur le pourquoi de ses épreuves, il se surprend à constater combien D.ieu est bienveillant à son égard, Se souciant que même ses ustensiles les plus ordinaires, faits en simple argile, ne soient pas définitivement perdus. Si cet homme est doté de sensibilité, il se remplira de honte en comparant sa propre attitude à la générosité dont D.ieu fait preuve envers lui. Profondément marqué par ce message, il comprendra son erreur et se repentira.Toutefois, si ceci s’avère encore insuffisant pour lui faire prendre conscience de son avarice, une nouvelle épreuve l’attend : « Le Cohen y retournera le septième jour, et s’il observe que la plaie a grandi sur les murs de la maison, il ordonnera que l’on détache les pierres atteintes par la plaie. » Pendant que cet avare se demande encore s’il aurait dû se montrer plus généreux envers ses semblables, on vient démonter sa maison et le dessaisir de ce qu’il possède. (Telle est en effet la mesure avec laquelle D.ieu juge l’homme : s’il refuse de donner, on lui reprend ce qu’il a. Et inversement, s’il prodigue ses biens, sa richesse se multipliera, comme le disent les Sages : « Prélève la dîme afin que tu t’enrichisses. »)
Mais alors que l’avare déplore cette fois la perte de sa demeure, le Cohen vient lui annoncer que des joyaux en or ont été découverts dans ses murs ! Cet homme, qui refusa de partager ses biens avec autrui, ne pourra que s’émouvoir en constatant l’infinie bonté du Saint béni soit-Il, Qui lui offre soudain un véritable trésor. Nos Sages enseignent en effet : « “Je ferai naître une altération lépreuse“ – ce verset annonce que ces affections surviendront. Car pendant les quarante années où les enfants d’Israël erraient dans le désert, les Amoréens avaient dissimulé leur or dans les murs de leurs maisons. Et comme les plaies lépreuses exigeaient que ceux-ci soient détruits, ces trésors étaient alors découverts » (Rachi au nom du Midrach).
On pourrait compléter les explications du rav Goldwasser, par une idée que mentionne le ‘Hafets ‘Hayim dans son Ahavat ‘Hessed (chap.10). La Tora annonce que si, même après avoir ôté les pierres contaminées, cet homme persiste dans sa voie, le châtiment atteindra son comble : « On démolira la maison, les pierres, la charpente et tout le mortier, que l’on transportera hors de la ville. » En clair, ses biens seront définitivement perdus. Le ‘Hafets ‘Hayim précise à ce sujet : « Bien que de nos jours, D.ieu n’envoie plus de plaies sur les maisons, le décret reste néanmoins en vigueur : une malédiction frappera l’avare et il finira par perdre toute sa fortune, comme on le voit dans le Midrach. Cette punition survient mesure pour mesure : étant donné que cet homme s’est montré mesquin, refusant de faire preuve de bonté envers autrui, la même intransigeance concernera ses biens : l’Attribut de Bonté ne s’appliquera désormais plus à eux. Et puisque rien ne peut se maintenir par le seul pouvoir de l’Attribut de Rigueur, sa maison finira donc fatalement par être détruite. »
Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.