« Aucune herbe des champs ne poussait encore, car l’Eternel D.ieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre…» (Béréchit 2,5)
« Lorsqu’il est dit au troisième jour : “Que la terre produise des végétaux”, ceux-ci se maintinrent à la surface du sol jusqu’au sixième jour. Pourquoi cela ? Parce que : “L’Eternel D.ieu n’avait pas fait pleuvoir.” Et pourquoi n’avait-Il pas fait pleuvoir ? Parce qu’il n’y avait pas d’homme pour travailler la terre, et personne pour reconnaître les bienfaits de la pluie. Lorsque l’homme vint au monde et qu’il réalisa la nécessité des pluies, il pria pour elles et elles se mirent à tomber. C’est alors seulement que les arbres et les herbes se mirent à pousser. » (Rachi)
Dans son ouvrage Da’at Tora, rav Yérou’ham Leibovitz zatsal, le célèbre directeur spirituel de la Yéchiva de Mir, décèle à travers ce commentaire de Rachi un principe fondamental : l’homme n’a droit à rien s’il ne prie pas !Ce caractère incontournable de la prière se retrouve en de nombreuses circonstances dans la Tora. Ainsi, les patriarches, en dépit de leur niveau spirituel incommensurable, ne virent aucun de leurs désirs s’exaucer avant qu’ils ne s’épanchent en prières. Avraham s’était exclamé : « Eternel D.ieu, que me donneras-Tu alors que je m’en vais sans postérité ? » Saraï étant stérile, il ne lui fut donné de descendance que par le pouvoir de ses prières. Tel fut également le sort d’Its’haq et Rivqa, de même que Léa et Ra’hel, les épouses de Ya’aqov. Le verset témoigne en effet concernant Léa : « D.ieu vit que Léa était dédaignée et Il la rendit féconde. » Concernant Ra’hel, il est dit explicitement « qu’elle était stérile », au point qu’elle s’emporta contre son mari : « Donne-moi des enfants ! » Et lorsqu’elle fut exaucée, Ra’hel témoigna elle-même du rôle que joua pour elle la prière : « D.ieu a entendu ma voix. »
Les Patriarches et les Matriarches du peuple juif n’étaient-ils pas suffisamment méritants pour que tous leurs souhaits soient aussitôt exaucés ? Pour eux également, aucune réponse ne fut accordée avant qu’ils ne se répandent en prières.Tel fut également le principe de la rédemption d’Égypte : bien que la délivrance des enfants d’Israël eût déjà été promise à leurs ancêtres, elle ne survint pourtant pas avant que « D.ieu entendît leurs implorations. » Autrement dit, jamais ils n’auraient été délivrés du joug égyptien sans ces prières. Ce processus impératif se déroula également lors des épisodes du Veau d’or, des explorateurs et de la rébellion de Qora’h, où la délivrance ne survint que consécutivement aux prières.Comme nous le voyons ici, ce principe fut établi dès les prémices de la Création : depuis le premier jour, rien ne fleurit ni est accordé aux êtres humains – dans le domaine matériel comme spirituel – si ce n’est par le biais des prières. Or, bien qu’il soit dit par ailleurs que tous les éléments de la Création furent mis à la disposition de l’homme, cet usage ne lui est accordé que provisoirement pour ses besoins les plus élémentaires, jusqu’à ce qu’il prenne conscience de l’impératif de la prière. Et c’est seulement après qu’il ait exprimé une prière que ces biens lui sont pleinement octroyés.
En substance, ce principe fondamental consiste à dire que rien n’est offert gratuitement à l’homme : c’est seulement par la force de sa prière que ses requêtes sont exaucées.Par ce nouvel éclairage, le maître de Mir apporte des éclaircissements à de nombreuses autres questions, et il conclut son propos en ces termes : « Car tel est de toute évidence le secret de la prière : elle perce et monte dans les Cieux, elle perce et redescend sur terre en répondant aux besoins des hommes. C’est en ce sens que nos Sages déclarent au nom de Rabbi El’azar (Bérakhot 32) : “La prière est plus importante que les bonnes actions, parce qu’il n’est pas d’homme sur terre qui ait accompli autant de bonnes actions que Moché notre maître, et pourtant, lui-même ne fut exaucé que par le pouvoir de la prière, comme il est dit : Ne m’adresse pas davantage de prières… Après quoi il est dit : Monte au sommet du Pisga [où l’une de ses requêtes fut exaucée].” »
Que l’homme médite l’impératif de la prière et son pouvoir magistral, car c’est en elle que se trouve le secret de toute réussite.
Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.