Parachat Vayikra
Qui est plus important : le pauvre ou le riche ?
De quoi aurait l’air le monde si tout le monde était riche ? Lisez cet article à propos du mariage qui a été annulé parce qu’il y avait trop d’argent… Et que gagne le pauvre à être pauvre ?
De façon naturelle, nous avons tendance à honorer, à estimer et même à encenser l’homme riche. Il peut se permettre de vivre comme il le souhaite, d’acheter ce qu’il désire. Pour la plupart des gens, cette vie de riche parait être un rêve.
D’un autre côté, nous avons tendance à dénigrer ceux qui n’ont pas de moyens.
Mais en vérité, riches et pauvres sont importants et essentiels, et le monde en pourrait se maintenir sans l’un d’entre eux. Comme l’écrit le Roi Salomon dans Michlé : ‘’Riche et pauvre se sont rencontrés, Hachem a créé les deux’’. Hachem les a créés, car ils sont indispensables dans ce monde.
Il est des personnes que nous avons l’habitude d’ignorer. Le gardien à l’entrée du centre commercial, le serveur dans la salle de réception, le caissier du grand magasin. Ils sont comme ‘’transparents’’. Si l’on réfléchit au fait qu’ils sont des créations d’Hachem, et que le monde a besoin d’eux pour exister, tout comme il a besoin des riches pour exister, notre regard changera, et nous nous adresserons à eux plus respectueusement.
Les juifs, qui servent véritablement Hachem, ont toujours su que l’argent ne fait pas partie des choses importantes, peut-être est-ce même le contraire, car la richesse place l’homme face à une épreuve difficile, plus difficile encore que l’épreuve de la pauvreté. La richesse donne une image de l’homme heureux et comblé, qui n’a pas besoin d’Hachem à tout moment pour gagner sa vie.
Un jour, on proposa au Admour Rabbi Yissachar Dov de Belz, une jeune fille pour son fils, Rabbi Mordékhai. Il s’agissait d’une jeune fille issue d’une famille très honorable de Rabbanims, et riche de surcroit. Les membres de la famille étaient très positifs quant à cette proposition, qui paraissait tout simplement idéale à tout point de vue. Mais après réflexion, le Admour donna une réponse négative et expliqua : ‘’Lorsque mon fils Mordékhai se lèvera le matin, et saura qu’il n’a aucun souci financier, il ne se sentira plus dépendant d’Hachem. A contrario, s’il sait qu’il a besoin du Créateur pour nourrir sa famille au jour le jour, il restera toujours en contact avec Lui’’.
C’est donc cela, l’inconvénient de la richesse. Le riche se sent en sécurité, il est indépendant financièrement et ne ressent pas qu’il a besoin d’Hachem au jour le jour.
Il est écrit dans le livre ‘’Sfat Emet’’ que celui qui n’a pas assez d’argent dans ce monde en sera récompensé plus tard, car il n’a pas pu profiter comme il le voulait de ce monde. Mais sous condition qu’il ait accepté sa pauvreté sans protester et sans avoir toujours l’air malheureux. Qu’il sache, au contraire, que cela lui apporte l’expiation, et que c’est un bienfait d’Hachem pour qu’en contrepartie de la pauvreté dans ce monde éphémère, il soit récompensé dans le monde futur qui est éternel. Lorsque l’homme parvient à avoir cette perception des choses, cela fait plaisir à Hachem.
Le ‘Hafets ‘Haïm a dit une fois : faisons le calcul, combien cela coute à Hachem d’entretenir un homme riche, avec sa grande maison, son carrosse, ses habits somptueux, ses serviteurs, ses loisirs, ses vacances… Certainement des dizaines de milliers par mois…
D’un autre côté, combien cela Lui coute–t-il d’entretenir un homme pauvre ? Quelques sous. Pourtant, Hachem apprécie tellement l’étude de Torah du pauvre, la Tsedaka qu’il arrive tout de même à donner, la prière qu’il fait chaque jour pour mériter de rapporter un peu de nourriture à la maison, et les remerciements qu’il adresse à Hachem lorsqu’il y parvient. Cet homme donne à Hachem mille fois plus de satisfaction que le riche, qui ne sait que se plaindre lorsqu’il lui manque quoi que ce soit dans son confort. C’est pourquoi, celui qui veut vraiment bien faire, ne demandera pas à Hachem de s’enrichir, mais Le remerciera plutôt de ce qu’il a et du fait qu’Hachem le protège de l’épreuve de la richesse qui pourrait entraver à son aspiration spirituelle.
Dans la Paracha de la semaine, nous voyons combien Hachem respecte et considère le pauvre, bien plus que le riche : il est écrit ‘’et si son Korbane est composé d’un oiseau’’. On parle ici du pauvre qui n’a pas assez d’argent pour acheter un taureau ou un veau, et pour qui l’oiseau est l’être vivant le plus cher qu’il puisse se permettre d’offrir. Avant d’être sacrifié, on débarrasse le taureau de sa peau, alors que l’oiseau est sacrifié tel quel, avec sa peau et même ses plumes, sur l’autel. Pourtant, les ailes brulées diffusent une odeur désagréable, mais Hachem honore ce sacrifice apporté difficilement par le pauvre, et n’est prêt à renoncer à aucune de ses parties.
Dans la suite des versets, il est écrit : ‘’un être qui sacrifiera’’. On parle encore du pauvre, mais cette fois-ci il n’a même pas de quoi apporter un oiseau. Il apporte alors un peu de semoule et de l’huile. La Torah dit à son propos ‘’un être qui sacrifiera’’, et Rachi explique qu’Hachem considère que cet homme sacrifie sa propre personne, et il arrive donc à un degré de don de soi bien supérieur à celui du riche qui apporte un immense taureau.
Ligne de conduite
Il ne faut jamais dénigrer la personne qui gagne difficilement sa vie, car elle est très importante pour Hachem, plus que le riche. Si le pauvre accepte ses difficultés avec foi et joie, il mérite des récompenses dans le monde futur, en contrepartie des bonnes choses dont il n’a pas profité ici-bas.