C’est l’hiver. C’est le soir. Un léger frisson me parcourt le dos. Je viens de m’asseoir après une bien longue journée. Je suis épuisée. Les enfants sont (enfin) couchés et je profite de ces quelques minutes de détente pour siroter un thé bien chaud enroulée dans la couverture.
Je regarde sur mon téléphone tous les messages que je n’ai pas vus depuis cet après-midi. Oui, je suis de celles qui, lorsque c’est l’heure des enfants (et du travail, attention le patron pourrait lire ces lignes !) se consacre entièrement à eux. Je place cet appareil loin de moi et je peux alors, sans être interrompue sans arrêt, m’adonner à mes tâches ménagères, à mes enfants, bref, à ma maison.
Ce n’est qu’après avoir terminé que je me permets de regarder les messages reçus. Des bonnes nouvelles. Des moins bonnes. Des fiançailles. Des naissances. Sur le groupe des femmes du quartier on discute des prochaines ventes qui vont avoir lieu, du manque de place dans la crèche, de la police qui tourne et qui fait la police, bref, tout est sujet à discussion. Généralement, je suis plutôt une participante silencieuse. Je n’aime pas exprimer mon avis sur tout. Je lis, je m’informe. Si c’est pour aider par contre, j’essaye de répondre présente. Mais pas plus. C’est ma nature.
Mais ce soir une amie a posté quelque chose sur son statut qui m’a beaucoup touchée. Avec deux photos et trois phrases, elle a changé ma perception des choses, de mes attentes, de la vie.
D’après les photos elle a fêté ce soir son 15ème anniversaire de mariage. Souvent, lors des anniversaires de mariages je pense, et je m’impatiente : ‘’J’aimerais bien que mon mari me fasse une surprise… J’aimerais bien que l’on fasse un voyage là-bas… Ce serait gentil de sa part s’il me trouve un beau bijou.’’
Sur les photos de mon amie on voit les choses les plus simples au monde mais aussi les plus merveilleuses. On voit la table de chez elle bien décorée. Un bon repas. Sur une autre photo on voit ses enfants tous penchés sur les photos du mariage de leurs parents. Et sous la photo : ‘’Anniversaire de mariage. Simple et familial. Souvenirs. Merci Hachem pour ces années. Merci pour ces enfants.’’
Souvent, et à tord on s’attend à recevoir de l’autre. ‘’Eh mais attend,’’ me dis-je, ‘’c’est aussi son anniversaire de mariage à mon mari. Il m’a épousée tout comme moi je lui ai dit oui. Alors pourquoi être en attente de ce que lui, va me donner ? Pourquoi regarder sans cesse ce que lui va penser à offrir ?’’
Je suis restée devant ces photos, devant ces mots, pendant de longues minutes. Mon thé était déjà froid. Mais moi j’avais chaud au cœur. On m’avait remis les idées en place. Alors bien-sûr, on a le droit de rêver que notre mari nous offre un beau diamant, même des fleurs pour Chabbat suffiraient de temps en temps. Mais revenons à des proportions normales. Apprenons à relativiser.
Le monde qui nous entoure est empli de couleurs, de choses à découvrir. Et nous en avons encore plus conscience aujourd’hui avec les réseaux sociaux et la technologie. On peut voir tout ce que les gens font, leurs voyages, leurs activités, leurs sorties. Tout ça peut nous conduire, même inconsciemment à perdre la juste valeur des choses. A perdre le goût de la vraie famille. Apprenons à savourer des moments simples, en famille autour d’un bon repas. Et remercions même pour le débarrassage qu’il y aura après. Car c’est cela la vie. La vraie.
La vie n’est pas un film. Apprenons à l’apprécier telle qu’elle est et telle qu’Hachem l’a souhaitée pour nous.
Je me suis alors encore plus enfouie dans ma couverture et ai fermé les yeux avec un grand sourire en remerciant Hachem et… en bénissant cette amie qui m’a ramené à la réalité.