POURQUOI LE « COACHING BISOUNOURS » NE PEUT FONCTIONNER (PARTIE 1/2)

Au pays des Bisounours, tout est doux et rose. On sourit à longueur de journée car la vie y est belle. Comme il est facile d'être heureux dans ce pays merveilleux. Vous aussi, vous aimeriez être un Bisounours ? Suivez-moi et laissez-moi vous raconter une histoire.

Emma est une petite fille. Comme les autres petites filles, Emma joue à la poupée, va à l'école avec son gros cartable sur le dos, a plein de copines et adore plonger les doigts dans le pot de chocolat quand maman n'est pas là. Justement, Emma aimerait bien qu'elle soit plus souvent là, sa maman. Mais elle a expliqué qu'elle travaille tard le soir, Emma le sait bien. Alors qu'il est bientôt 19h, Emma est seule à la maison. Elle fait ses devoirs sur la table du salon, en écoutant distraitement le tic-tac de l'horloge.

Papa aussi n'est pas là. Il a de la chance, papa, parce qu'il a plein d'amis. Il le répète tout le temps à maman, quand il rentre à la maison dans la nuit. Mais ça n'a pas l'air de plaire à maman, que papa sorte tous les soirs avec ses amis. Peut-être que maman n'a pas d'amies et qu'elle est un peu jalouse ?

Mais ça ne la dérange pas, Emma, de ne pas voir papa à la maison trop souvent. Papa n'arrête pas de la gronder. Emma pense qu'elle n'est pas gentille, c'est sûrement pour ça que papa s'énerve. Elle n'aime pas faire de peine à son papa. Elle s'en veut parce que, comme toutes les enfants, elle aime son papa. Alors quand papa gronde, Emma pleure. Elle pleure parce qu'elle fait de la peine à son papa, et aussi un peu parce qu'elle a peur. Parce que quand papa gronde, ça fait quand même beaucoup de bruit dans la maison, et on dirait que même maman a peur.

Surtout que papa la tape. Et de temps en temps, il l'enferme à clé dans sa chambre. Au début, Emma criait parce qu'elle voulait sortir. Mais maintenant Emma ne crie plus. Elle ne tient pas tellement à sortir, parce que derrière la porte il y a papa qui gronde. Alors elle préfère rester seule dans sa chambre. Elle s'assoit sur le sol et joue à la poupée. Elle en a deux, des poupées. Une avec de beaux cheveux longs et lisses, et une qui n'a plus de cheveux. Emma les a coupés avec ses ciseaux. Comme ça, elle tient maman et papa dans ses mains. Papa, c'est la poupée avec les cheveux coupés.

Après ses devoirs, comme Emma s'ennuie, elle va dans sa chambre jouer aux poupées. Elle prend la poupée aux longs cheveux lisses, la traîne par terre et la fait parler : « Avec qui tu étais ? Dis-moi la vérité, même si c'est dur ». Pour tout dire, Emma ne comprend pas ces mots. Mais elle les a entendus une nuit, la semaine dernière. Elle s'en souvient très bien. Papa et maman discutaient dans le salon où elle fait ses devoirs seule, le soir. Ils discutaient si fort qu'Emma s'est réveillée, a ouvert les yeux et a vu de la lumière. Elle s'est levée, elle a marché sans faire de bruit jusqu'au salon. Debout devant la porte entrouverte, elle a tout vu, elle a tout entendu. Par contre elle n'est pas sûre que maman pleurait. Elle croit que oui.

Non, Emma ne comprend pas ces mots. Ce sont des mots de grands. Et d'abord pourquoi ça serait dur, la vérité ? Qu'est-ce qu'elle voulait dire maman, l'autre nuit, dans le salon ? Ce qui est dur, ce sont les barreaux en fer de son lit, par exemple. La vérité c'est comme un lit ? Décidément, ils sont trop compliqués, les grands. Emma préfère retourner à ses poupées.

Quand Emma joue à ce jeu avec ses poupées, ça la met dans un drôle d'état. Elle finit de jouer, range ses poupées sur l'étagère, et alors elle se met à pleurer. Elle ne sait pas trop pourquoi elle pleure. Peut-être à cause des cheveux qu'elle a coupés à la poupée-papa ? Elle n'aurait pas dû. C'est quand même plus joli, les longs cheveux lisses. Les mamans c'est plus joli que les papas, se dit Emma.

Vingt ans ont passé.

Emma est une jeune femme timide, craintive même. En fait, tout lui fait peur. Ses collègues de travail, aller faire les courses, prendre le métro, les gens qu'elle croise dans la rue, et même sa boîte aux lettres (on ne sait jamais ce qui peut s'y trouver). De son propre aveu, elle n'a aucune confiance en elle. Pourtant n'a-t-elle pas tout pour plaire ? Elle est jeune et si coquette. Ses cheveux surtout. Elle s'en occupe consciencieusement chaque matin avant de se regarder dans la glace, satisfaite. C'est un peu sa fierté, ses longs cheveux lisses qui cascadent sur ses épaules.

L'amie d'Emma lui a parlé d'un coach qui pourrait peut-être résoudre ses problèmes. « Tu ne peux pas rester comme ça, voyons ! Tu ne peux pas sursauter au moindre bruit et te méfier de tout le monde ! ». En fait, c'est sa seule amie. Emma n'en a jamais eu beaucoup. Elle est plutôt solitaire et se rend bien compte que pour une jeune fille à peine sortie de Fac, ce n'est pas normal. Mais cette amie, elle l'aime beaucoup, même si ses cheveux très courts et sa manière de s'habiller font qu'on la prend parfois pour un garçon. C'est aussi sa confidente, et toutes deux se sentent si proches qu'elles ont décidé de partager le même appartement.

Emma irait bien en voir un, de coach. Son amie a raison de la pousser. Surtout qu'Emma a un problème qui lui rend tout plus difficile. Qui l'inquiète aussi, surtout à son âge. En fait, Emma a de sévères pertes de mémoire, comme si elle oubliait son passé. Elle s'efforce de le cacher, pour ne pas que ça se sache. Mais son problème la gêne terriblement au quotidien.

Que va faire Emma ? Nous le saurons dans la seconde partie de cet article…
David Benkoel est coach et analyste
Pour aller plus loin voir http://www.torahcoach.fr

 

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