Quand faut-il commencer à éduquer ses enfants ? Par où commencer ?

Pour la Torah, l’éducation des jeunes générations passe par l’instruction religieuse. Ce principe de « ‘Hinoukh » engage le père à inculquer à ses enfants les principes du judaïsme et à les habituer, dès que leur âge le permet, au respect des mitsvot.

La Torah et la Sortie d’Egypte

A deux reprises, le verset exhorte les pères à instruire leurs fils. Chaque père est ainsi tenu d’enseigner la Torah à son fils, comme il est dit : « Vous l’enseignerez à vos enfants » (Dévarim/Deutéronome 11,19), et de lui raconter la sortie d’Egypte le soir de Pessah, comme il est dit : « Et en ce jour-là, tu raconteras à ton fils » (Chémot/Exode 13,8).

L’obligation d’éduquer

Lorsque arrive l’âge de débuter l’éducation religieuse d’un enfant, le père doit l’habituer à la pratique des mitsvot dites positives. Cet âge dépend du niveau de compréhension de chaque enfant. Par exemple, lorsqu’un enfant commence à saisir le sens du Chabbat, on veillera à lui faire écouter le Kiddouch et la Havdalah. Ceci est vrai aussi bien pour les mitsvot imposées par la Torah que pour les ordonnances rabbiniques. Selon certaines opinions, la mère est également tenue d’éduquer son fils à la pratique des mitsvot. De même, les parents doivent apprendre à leurs enfants à craindre D.ieu et leur inculquer de belles qualités morales. Ils devront prier continuellement pour l’épanouissement de leurs enfants, afin qu’ils se consacrent à l’étude de la Torah et qu’ils soient respectueux des mitsvot.

L’âge du Hinou’kh

Dans le domaine du ‘Hinoukh, il existe des différences entre les mitsvot, aussi bien concernant l’âge à partir duquel les enfants doivent commencer à s’y habituer que la manière de les accomplir.

La lecture du Chéma

La règle veut qu’un enfant soit dispensé de lire le Chéma. Selon Rabbénou Tam, l’enfant est cependant tenu de commencer à le lire quotidiennement, dès qu’il atteint l’âge de Hinoukh. Selon Rachi, par contre, même lorsqu’il a atteint cet âge, il en reste dispensé car, au moment de la lecture du soir, il ne se trouve généralement pas auprès de son père, et lors de la lecture du matin, il dort encore.

En pratique, il est bon de suivre l’opinion de Rabbénou Tam et de faire réciter à son enfant le Chéma et les bénédictions qui l’accompagnent matin et soir, dès qu’il a atteint l’âge de six ou sept ans. Toutefois, indépendamment de cette mitsva, on doit apprendre aux enfants à réciter le premier verset du Chéma dès qu’ils commencent à parler (et pas nécessairement aux heures quotidiennes de la lecture du Chéma).

La prière

En revanche, tous les décisionnaires s’accordent à dire qu’il faut éduquer son enfant, dès qu’il en a l’âge, à réciter la prière du Chemoné Essré aussi bien le matin, pour Cha’harit, que l’après-midi pour Min’ha. Mais on ne lui interdira pas de manger avant la prière de Cha’harit, contrairement à l’adulte. De même, l’enfant est en droit de manger avant qu’on récite le Kiddouch ou la Havdalah.

Empêcher une transgression

Les règles évoquées jusqu’ici n’ont trait qu’aux mitsvot dites « positives » uniquement. En ce qui concerne les interdits, proscrits par la Torah ou par les Sages, dès que l’enfant a acquis une compréhension minimale – c'est-à-dire dès qu’il saisit la notion d’interdiction – on doit lui apprendre à ne pas les transgresser. De ce fait, lorsqu’un père voit son enfant enfreindre une interdiction, il devra le gronder et le faire cesser aussitôt.

Pour un interdit d’ordre rabbinique que l’enfant transgresse pour son propre profit, certains avis se montrent plus indulgents et considèrent que le père n’est pas tenu de l’arrêter. Si le père refuse d’empêcher son fils de transgresser des interdits de la Torah, le Beth Din doit protester contre son laxisme. Mais si le père ne réagit pas face à des transgressions rabbiniques, le Beth Din ne devra pas intervenir.

De son propre chef

Concernant les aliments interdits, le Choul’han Aroukh est d’avis que si l’enfant en consomme de son propre chef, son père est tenu de l’en empêcher, mais pas le Beth Din. Selon le Rama, ce devoir incombe à tout homme. En pratique, en ce qui concerne les aliments interdits par la Torah, on a l’habitude de se conformer à l’opinion du Rama. Pour les aliments interdits par ordre rabbinique, nous nous en remettons à l’avis du Choul’han Aroukh.

Par conséquent, si l’on voit un non-juif donner à manger un aliment interdit à un enfant juif, on devra agir de la manière suivante :

– Si l’aliment est interdit par la Torah, on devra empêcher l’enfant de le consommer. 

– Si l’aliment n’est interdit que par ordre des Sages, seul le père sera tenu de le lui retirer.

Un jeûne pour l’éducation de ses enfants

Rabbi Ovadia Yossef raconte l’histoire suivante : un jour, Rabbi Yéhouda Tsadka, le Roch Yéchiva de Porat Yossef, apprit qu’un homme avait fait sortir ses enfants d’une école religieuse pour les inscrire dans un établissement laïc. Rabbi Yéhouda se déplaça pour le raisonner. Après lui avoir exprimé longuement sa peine, l’homme lui avoua en pleurs la triste réalité. De son côté, il aurait bien voulu continuer à offrir une éducation religieuse à ses fils, mais sa femme ne voulait rien entendre et s’obstinait à les faire changer d’école. « Monsieur le Roch Yéchiva, pensez-vous qu’il soit vraiment nécessaire de se disputer avec sa femme pour cela, et venir troubler ainsi la paix du foyer ?! »

« A D.ieu ne plaise ! lui répondit Rabbi Yéhouda. Cependant, vous devez jeûner pour le sort de vos enfants… Vous devez vous asseoir par terre, comme un endeuillé ! » Ces paroles pénétrèrent le cœur de l’homme, qui commença à jeûner. Il s’assit par terre comme un endeuillé et se mit à pleurer. Lorsque sa femme vit dans quel état il se trouvait, elle revint sur sa décision. Plus tard, elle mérita de voir ses fils enseigner la Torah aux enfants du peuple juif.

 

« Eduque l’enfant selon sa nature et même lorsqu’il vieillira, il ne s’en détournera pas »

Cet extrait est issu du livre « Une justice de paix, Une société fondée sur les principes de la Torah » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation.

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