Rabbi Lévi Its'hak MiBerditchev, dans son livre ''Kedouchat Lévi'', donne une explication particulière à ce verset, présenté ici à travers un exemple actualisé : un médecin qui doit opérer au laser les yeux d'un ami qui lui est très cher pourrait éprouver une grande émotion et en venir à trembler en l'opérant. Il pourrait ainsi causer un grand dommage à son ami non pas volontairement mais de par son amour tellement profond, une grande émotion l'envahit et c'est ce qui peut le conduire à l'erreur.
Allumer la Ménora, c'est un honneur et un grand mérite. Sans aucun doute, Aharon le grand prêtre est profondément ému de l'honneur qui lui accordé. Dans son enthousiasme, il pourrait en venir à renverser un peu d'huile d'olive, à avoir la main qui tremble, à bouger les mèches un peu trop brusquement. Et bien non. Justement il agit exactement en conformité ave ce que lui a demandé Hachem. Il ne commet pas un seul faux pas qui aurait pu être justifié par un trop plein d'émotion. Aharon reste maître de lui-même. Son intellect prend le dessus sur ses sentiments et ses mains ne le trahissent pas. C'est paisiblement et avec une précision infinie qu'il incline les lampes de la Ménora malgré la grandeur du moment. Il accomplit à la lettre ce qui lui est demandé de faire et c'est ce qui lui vaut les mots ''Et Aharon fit ainsi'', ne modifiant en rien l'accomplissement de la Mitsva.
De ce comportement exemplaire d'Aharon, on peut tirer un grand enseignement. Nous devons nous aussi nous habituer à accomplir la volonté divine sans rien modifier de l'ordre divin même si le changement que nous souhaitons effectuer part d'une bonne intention. Nous voyons que le roi Chaoul a perdu la royauté uniquement à cause une bonne intention. En effet, il a laissé en vie le troupeau d'Amalek en souhaitant que le peuple juif l'utilise pour offrir des sacrifices à Hachem. Le prophète Samuel l'a interpellé à ce sujet.
Parfois, l'homme souhaite agir au mieux ou souhaite se montrer plus strict sur un certain sujet mais en blessant autrui par exemple. A contrario, l'homme peut aussi éprouver de la timidité ou de la honte devant autrui et ainsi en venir à transgresser des interdits de la Torah. Mais en recherchant toujours la véritable volonté d'Hachem, tout comme le roi David qui s’efforçait de voir en permanence la présence d'Hachem face à lui (Psaume 16,8) nous pourrons accomplir Ses ordonnances telles qu'elles doivent être. Nous devons nous imaginer être à chaque instant devant le Roi du monde et cela nous permettra ainsi de ne pas dévier du droit chemin.
Mais comment savoir que nous accomplissons véritablement la volonté divine ? Nous ne sommes pas des prophètes ! En réalité c'est l'étude de la Torah et des lois -aussi bien celles envers notre Créateur que les lois envers autrui- qui nous permettra de voir plus clair et de savoir comment agir en toute situation.
Il est donc indispensable de se fixer un temps d'étude journalier. Il ne nous vient pas à l'esprit de dire ''je n'ai pas le temps de manger alors cette semaine je ne mangerai pas''. En effet, nous savons pertinemment que même si nous sommes très occupés nous serons obligés de trouver un peu de temps pour nous nourrir. Il en va de même pour la Torah : s'il nous est important de savoir quelle est véritablement la volonté divine, il est certain que nous parviendrons à trouver un peu de temps chaque jour à accorder à l'étude de la Torah. Nous mangeons habituellement plus d'une fois par jour. Notre Néchama, notre âme ne mérite-t-elle pas elle aussi de recevoir au moins un ''repas'' par jour par l'étude de la Torah ? Dans une journée il y a 24 heures. Il ne dépend que de nous de faire un ordre dans nos priorités. Comme il est dit dans le Talmud à propos de la première question qui nous sera posée au monde futur (Chabbat 31a) : ''As-tu fixé des temps d'étude de Torah ?''
Heureux soit l'homme qui se tiendra droit et fier en répondant : ''Oui, chaque jour j'ai étudié la Torah !'' Heureux soit son sort ici-bas et au monde futur.
Chabbat Chalom