Dans notre Paracha, Moché et Aharon sont assis dans leur tente et pleurent leur sœur tout juste défunte, Myriam. Le Midrach nous raconte : ‘’Moché et Aharon aperçoivent une foule s’approcher de leur tente. Moché dit alors à Aharon : ‘’regarde ces Justes, ces Tsadikim, ils viennent nous consoler…’’ Et Aharon de lui répondre : ‘’Mon frère, ne fais-tu donc pas la différence entre telle ou telle foule ? Regarde, ils ne viennent pas nous consoler. Ils viennent se plaindre de nous…’’ Et c’est là que les hommes entrent dans la tente. Ils aperçoivent Moché et Aharon qui pleurent et leur demandent : ‘’Pourquoi pleurez-vous ?’’ Et Moché leur dit : ‘’N’allons nous pas pleurer pour notre sœur qui est morte ?’’ Et le peuple rétorque : ‘’Pleure pour nous tous ! Nous n’avons plus d’eau et nous allons tous mourir de soif !’’
Myriam quitte ce monde à l’âge de 127 ans et personne n’est au courant. Ils ne pleurent pas, ne prononcent pas d’éloges funèbres… Mais le Saint-béni-soit-Il accorde une faveur à Myriam : il retire le puits qui accompagnait le peuple dans le désert, afin que le peuple ressente la perte de cette grande et pieuse femme d’Israël. Ce n’est qu’à ce moment précis que le peuple prend conscience de la grandeur de Myriam. C’est uniquement par son mérite qu’ils ont pu avoir de l’eau pendant tout ce temps et eux ils l’ignoraient… Myriam était tellement pudique !
Pour quelle raison Myriam a-t-elle mérité ce puits ?
Myriam est née dans les premiers temps de l’esclavage et le Midrach nous explique qu’elle fut nommée Myriam parce qu’il est dit ‘’ils rendirent leur vie amère’’. Le nom Myriam a la même racine que ‘’Mirour’’ en hébreu ‘’amertume’’ (Chir Hachirim Rabba, paracha 2). Tout est amer et difficile en cette période. Mais Myriam choisit l’élévation et parvient à transformer l’amer, en hébreu ‘’Mar’’ (מר) en quelque chose d’élevé ‘’Ram’’ (רם), deux mots ô combien opposés mais composés des mêmes lettres hébraïques. Elle élève le monde qui est autour d’elle, elle relève les autres et les encourage. Et même dans la situation la plus difficile elle prodigue lumière et espoir : ‘’On va sortir de là ! Préparez vos tambourins ! Nous sortirons en dansant, la bouche emplie de remerciements’’. Les femmes l’écoutent et c’est les larmes aux yeux qu’elles préparent leurs tambourins comme le leur conseille Myriam. C’est ça le puits : elle parvient à tirer de la douceur même de l’endroit le plus bas et le plus profond. Le puits permet de tirer de l’eau douce des profondeurs de la terre.
Si l’on retire la lettre ‘’Tsadik’’(צ) du mot Mitsraïm מצרים, -Egypte- on découvre le nom de Myriam : מרים. Myriam, elle qui, malgré le rude esclavage a su rehausser l’espoir des femmes, qui leur a appris à éclore et à persévérer malgré la douleur, qui les a encouragées à continuer à marcher et ne pas tomber. Et tout cela elle l’a fait dans la discrétion la plus totale.
Quand Amram, son père décide de se séparer de Yokhéved, sa femme, à cause des conditions tellement difficiles de l’Egypte, elle émet la prophétie que sa mère donnera naissance au libérateur… Amram rappelle son épouse et c’est ainsi que la naissance de Moché put avoir lieu. Moché, c’est le ‘’bébé’’ de Myriam. C’est comme lorsqu’un Tsadik accorde sa bénédiction à un couple afin qu’il ait des enfants : à la naissance du bébé, tous disent ainsi ‘’c’est le fils du Tsadik…’’ Moché est donc comme l’enfant de Myriam.
Dans les deux noms Amram et Myriam on retrouve le mot ‘’Mar’’ amer. Ensemble, ils ont vaincu cette amertume : Amram et Myriam ont pour valeur numérique 640. Le mot ‘’Tamar’’ תמר a aussi pour valeur numérique 640. Tamar en hébreu est un mot qui peut se séparer en deux ce qui donne : Tam Mar תם מר ‘’la fin de l’amertume’’. C’est grâce à cet effort fourni pour continuer à donner la vie et à espérer en la délivrance que Moché, défini comme ‘’Tsadik Katamar Yifrakh’’ ‘’Le juste qui fleurit comme le palmier’’, a pu venir au monde.