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Rav Avraham Ohayon : ‘’Tout est parti en fumée ! C’est un vrai miracle que nous en soyons tous sortis vivants’’

L’écrivain (célèbre en Israël) Rav Avraham Ohayon s’est trouvé pris dans un épisode dramatique  qui aurait pu être le sujet d’un de ses livres. Sa maison a totalement brûlé et lui et ses onze enfants ont été sauvés par miracle. ‘’Les pompiers m’ont dit qu’on ne pouvait pas sortir vivant d’un tel incendie’’. Depuis, il ne cesse de remercier Hachem : ‘’Nous avons perdu une grande partie de nos biens matériels, mais nous avons mérité un éclair de spiritualité’’

‘’Jérusalem : Une famille orthodoxe secourue de leur maison en flammes’’ pouvait-on lire en gros titres il y a une dizaine de jours dans les médias israéliens.
Horrible, dramatique et miraculeux. Ces mots sont la juste définition de cet accident.
Pendant ces 40 minutes, la famille ignorait totalement quelle serait l’issue de ce terrible incendie qui a ravagé toute leur maison.

Un Tsunami de fumée

Rav Ohayon, racontez-nous comment cela s’est passé ?

‘’Ce matin-là, je me suis réveillé à sept heures. Ma femme était sortie à 6 heures 50 de la maison pour accompagner nos trois garçons à leurs bus respectifs pour la Yéchiva. Bli Ayin Ara, nous avons 11 enfants et je suis donc resté à la maison avec les plus jeunes. A mon réveil, quatre de mes enfants étaient près de moi : Yaacov, 5 ans, Batya, 4 ans, Tamar, 2 ans et Hadass, âgée de 6 mois. Les autres étaient à l’étage du bas. Soudain j’ai aperçu de la fumée au-dessus de la porte de la chambre. J’ai couru et ouvert la porte : en plein visage j’ai senti un Tsunami de fumée noire et épaisse. Je n’ai même pas eu le temps de m’étonner : je savais que j’avais très peu de temps pour sauver mes enfants. Je les ai alors fait sortir en vitesse vers la terrasse et les ai assis au plus loin de la fumée. Je suis ensuite retourné dans la maison pour aller chercher les autres qui étaient restés en bas.


J’ai essayé de sortir de la chambre pour descendre mais…je n’ai pas réussi. A chaque fois que j’ouvrais la porte une nouvelle vague de fumée noire jaillissait. C’était impossible je ne voyais rien et ne pouvais pas respirer. Les escaliers de notre maison sont très étroits et par nature, la fumée monte. A une vitesse surprenante et je me suis retrouvé dans une chambre totalement enfumée. J’ai senti que toute ma bouche était en train de s’assécher, je n’arrivais plus à respirer. J’ai réussi à refermer la porte et me suis dirigé vers la terrasse en criant : ‘’Au secours, au secours !’’ J’ai ensuite crié vers le bas de la maison afin que mes enfants m’entendent : ‘’Sortez ! Sortez vite !’’ Mais personne ne m’a répondu.

J’ai ensuite tenté d’appeler la police car je ne me souvenais pas du numéro des pompiers. J’ai hurlé pour que mes voisins appellent les pompiers au plus vite.

A ce même moment, grâce à D. ma femme est revenue. En s’approchant de la maison, elle a tout de suite compris que quelque chose n’allait pas. Plus tard, elle m’a raconté qu’une force inexplicable l’avait poussée à ne pas aller acheter du lait et du pain comme tous les jours mais à rentrer à la maison. Elle est entrée directement dans les flammes avec notre voisin qui avait aussi compris que l’heure était grave. Il est entré dans les flammes et s’est brûlé à différents endroits pour sauver mes enfants. Ma femme s’est immédiatement dirigée vers la salle de bains d’où elle avait entendu les cris apeurés de notre fille Malki âgée de 10 ans. Elle avait verrouillé la porte puis essayé de s’enfuir par la fenêtre, mais elle n’a pas réussi. La porte de la salle de bains avait presque fondu et ma femme avec un don de soi et un sang-froid exceptionnel a réussi à déverrouiller la porte avec ses ongles. Elle l’a faite sortir rapidement et la poussa vers l’extérieur.
Entre temps, notre voisin, Rav Bar Hen était en train de sauver notre fils Aharon âgé de 11 ans. Aharon est un enfant fort et intelligent. Il s’est débattu avec lui parce qu’il était certain que sa petite sœur était encore en haut et qu’il voulait aller la sauver. Le Rav le tira à l’extérieur. S’il n’avait pas fait cela, D. seul sait ce qui aurait pu lui arriver…

Où étiez-vous et que faisiez-vous pendant ce temps ?

J’étais sur la terrasse avec les petits et  j’essayais de les calmer. J’ai essayé à trois reprises de descendre pour sauver mes autres enfants mais c’était impossible. Nous étions tous en train de tousser et la fumée était de plus en plus épaisse. Le plus difficile dans un tel moment  c’est d’être là avec une partie des enfants sans savoir ce qu’il advient des autres ni avoir la possibilité d’agir pour les sauver. A ce moment, je me suis imaginé le pire, que D. préserve… Et ma femme elle aussi, ignorait ce qu’il était arrivé aux petits. Plus tard, nous avons réalisé combien de miracles nous ont entourés pendant cet incendie… Entre autres, celui vécu par notre fille de deux ans qui dort dans une chambre du bas avec ses autres frères et sœurs. En se levant le matin, ma fille Malki l’a sortie de son lit et lui a dit de monter à l’étage chez papa. D’après mes calculs, c’était pile au moment où l’incendie s’est déclaré. Si elle ne l’avait pas sortie de son lit, il est certain qu’elle serait restée prisonnière dans son lit à barreaux, car elle ne sait pas sortir seule et qu’elle n’aurait eu aucun moyen de s’échapper. En nous rappelant ce terrible évènement, nous nous souvenons à chaque fois de nouveaux miracles. Hachem nous a protégés d’un amour infini. Je n’ai pas d’autre explication.

Après Malki et Aharon, Yossef âgé de douze ans a été sauvé. Apparemment il était totalement paralysé par la peur et n’arrivait plus à bouger. Rafaël notre voisin lui a donné deux claques qui l’ont réveillé et qui lui ont permis ensuite de s’enfuir aussi. Une fois tout le monde dehors, ma femme a réussi à monter à l’étage et à nous rejoindre sur la terrasse. Elle essayait par tous les moyens de trouver une issue pour nous faire sortir mais elle a vite compris que c’était impossible et que le mieux était de rester avec nous sur la terrasse.
Pendant vingt-cinq minutes nous sommes restés sur la terrasse. De toutes les fenêtres nous pouvions voir la fumée noire et menaçante. J’ai posé des serviettes humides sur le visage de mes enfants en leur disant d’essayer de respirer le moins possible. Et je criais sans cesse à qui voulait bien l’entendre d’appeler les pompiers. Je chantais des chansons à mes enfants et je leur promettais que tout irait bien, alors que dans mon cœur je savais que rien n’allait et que dans quelques instants le feu nous atteindrait aussi… Je vous dis la vérité, à un moment je n’y croyais plus : j’étais certain que nous ne pourrions pas en sortir car notre maison se trouve dans un endroit compliqué à une hauteur d’à peu près quatre étages. Je voyais tout noir.

En bas je voyais tous nos voisins et connaissances qui nous criaient et pleuraient : ‘’Nous voulons vous aider mais on ne sait pas comment !’’ Il y avait une centaine de personnes. Seuls, les pompiers n’étaient pas là. Après une vingtaine de minutes j’ai senti que je n’en pouvais plus, je sentais ma langue se coller à mon palais et mes enfants étaient à bout. Je me suis dit que je n’avais plus rien à perdre. J’ai pris la couverture qui était sur le canapé et j’ai pensé accrocher le pied du bébé à la couverture, la faire descendre le plus bas possible et la laisser tomber dans les bras de quelqu’un. J’ai commencé à chercher des yeux un jeune homme qui conviendrait pour cette cruelle mission. J’ai alors aperçu un jeune voisin et lui ai crié de s’approcher. Grâce à D. les secours sont arrivés avant que je ne puisse mener à bien mon plan mais j’avais déjà prévu de mettre ma petite de deux ans à l’intérieur de la taie d’oreiller et de la jeter vers les gens qui se trouvaient en bas. Enfin, heureusement, les pompiers sont arrivés. Dans un premier temps, un jet d’eau puissant a rendu le feu encore plus puissant. Puis ils nous ont secourus à l’aide de l’échelle électrique. Nous avons immédiatement été conduits à l’hôpital. Nous avions tous des difficultés à respirer et avons eu besoin d’oxygène pendant un moment. Je n’ai pas d’autre mot : un vrai miracle.


 
Rav Ohayon, que dit-on aux enfants après un tel drame ?
La première chose que j’ai faite en sortant de l’hôpital c’est de les enlacer un à un. Nous sommes restés un bon moment enlacés, en pleurant. Après ça, j’ai demandé à chacun de raconter ce qu’il a vécu, ce qui l’a marqué. Je voulais qu’ils évacuent la douleur, qu’ils ne la laissent pas à l’intérieur d’eux-mêmes.
Je suis obligé ici de remercier nos chers voisins bien-aimés, la famille Bar-Hen qui nous a tellement aidés et qui nous a fourni tout ce dont nous avions besoin après l’incendie : nourriture, habits, téléphones, tout vraiment tout. Je n’ai pas de mots pour les remercier. Nous sommes restés une semaine chez eux puis nous avons loué un appartement non loin.
Le jour d’après l’incendie, Rav Ohayon est retourné dans sa maison.
‘’J’ai pénétré à l’intérieur et je suis resté bouche-bée. C’était vraiment difficile à voir. Tout était détruit. Mais quelle destruction ! Même le carrelage a brûlé ne laissant que le béton et la ferraille. Avant l’incendie, nous avions un dressing avec 200 chemises. Toutes les chemises des garçons. Il n’est resté que des cintres. Il ne restait plus rien. L’expert m’a dit après : ‘’J’en ai vu des incendies. Mais d’un incendie comme celui-là, normalement, personne ne peut en sortir vivant’’.

Les enfants aussi ont vu la maison. La première chose qu’ils ont faite : inscrire sur les murs noirs de charbon les mots : ‘’Merci Hachem’’. Cela a été leur première réaction. Ils ont compris de quoi nous avons été sauvés.

Tout, absolument tout, a brûlé. Nous n’avons plus rien.
 Mais il y a une seule chose qui me fait le plus de peine…

La veille de l’incendie, mon fils de douze ans, Yossef est revenu à la maison avec un gros classeur sous le bras. Il m’a dit : ‘’Papa, c’est un cadeau pour toi !’’ J’ai ouvert le classeur et j’ai découvert d’innombrables résumés écrits de la main de mon fils. Pendant une année entière, sans dire mot à personne, il a rédigé chaque jour des commentaires sur le traité Erouvin, l’un des traités les plus compliqués du Talmud. J’étais tellement heureux de ce cadeau, que j’en avais les larmes aux yeux. Je lui ai dit de tout écrire sur l’ordinateur au plus vite afin que je puisse en faire un livre. Dans mes cauchemars les plus sombres, je n’aurais pu imaginer que ce merveilleux classeur partirait en fumée le lendemain… Mon fils a perdu la première œuvre de sa vie…       Il s’est tellement investi dans ce projet sans en parler à quiconque. En voyant ma grande tristesse, mon fils m’a étreint et m’a promis qu’il le referait mais que cette fois-ci il serait encore plus réussi. Le lendemain, il s’est remis au travail. C’est vraiment cela qui m’a fait le plus mal au cœur. Mais je suis certain que ces écrits de Torah qu’a rédigés mon fils nous ont protégés et ont été sacrifiés à notre place.’’


 
Après ce récit émouvant, nous ne pouvons que vous poser la question : mais quelle a été la cause de cet incendie ?
‘’Le feu a pris depuis le boitier d’air conditionné. C’est quelque chose qui est hors de notre portée. Néanmoins, à la suite de l’incendie, j’ai beaucoup parlé à mes enfants du danger des appareils électriques et à quel point nous devons nous montrer vigilants. Je leur ai expliqué que c’est une chose qui n’est pas censée arriver ni se reproduire dans le futur. J’ai voulu les rassurer afin qu’ils ne développent pas de traumatisme.

Mes enfants m’ont demandé si nous devions nous renforcer dans un certain domaine. Je leur ai dit que nous devions renforcer nos remerciements envers Hachem. Le remercier pour chaque chose car comme nous le voyons, rien ne va de soi. Nous devons même remercier pour le bouton qui se trouve accroché à la seule chemise qui nous reste. Pendant Chabbat, chaque enfant a raconté ce sur quoi il a dit merci pendant la semaine passée. C’était très émouvant et j’ai ressenti une grande satisfaction en comprenant qu’Hachem nous avait certes pris une partie de nos biens matériels mais qu’Il nous a fait faire un bond en spiritualité.
J’ai pu aussi prendre conscience des gens merveilleux qui nous entourent, de nos chers voisins tellement extraordinaires, les familles Bar Hen, Botz et Saadoun. Sans eux, notre vie se serait écroulée.


Le Rav Ohayon a voulu aussi signaler un point important :

‘’Je pense avoir reçu un grand cadeau, et je dis cela de tout mon cœur. Pour la première fois de ma vie, j’ai mérité d’être associé à la douleur d’Hachem. Lorsque la maison d’Hachem a brûlé, personne ne pouvait Le consoler en lui apportant des gâteaux, des habits ou des produits élémentaires qui lui manquaient. En réalité, personne ne peut consoler réellement la Présence Divine. Alors oui, c’est vrai que nous allons une fois par an à la synagogue pour pleurer et nous endeuiller sur la destruction de Sa maison, mais non sans nous plaindre que nous avons mal au dos à force d’être assis à même le sol, et en pensant constamment à quelle heure nous allons pouvoir manger un petit casse-croûte. Personnellement, je n’avais jamais ressenti vraiment cette douleur. Il y a trois ans, un jour de Ticha Béav, j’étais assis dans la synagogue avec mon fils. Et je lui ai demandé : ‘’Sais-tu pourquoi je pleure ?’’. Il m’a répondu : ‘’Oui, à cause la destruction du Temple’’. Mais je lui ai répondu : ‘’Non, je pleure parce que je n’arrive pas à pleurer. Je ne ressens pas assez la tristesse’’. Aujourd’hui, je peux dire que je ressens la douleur d’Hachem. Je sens que je suis associé à la tristesse de la Présence Divine. Soudain, je comprends ce que c’est que de voir sa maison brûler. Je comprends la sensation de voir tous ses biens tant calcinés que l’on ne peut même pas les toucher ».

Que comptez-vous faire à présent ? Comment allez vous faire ?
‘’Et bien pour la suite, je n’en sais rien. Quand j’aurais réussi à ramasser 500 000ILS nous pourrons entreprendre trois mois de rénovation et ce n’est qu’après que nous pourrons enfin rentrer chez nous. Nous sommes certains que, tout comme Hachem nous a sauvés des flammes, Il nous aidera aussi pour la suite. Je n’en ai aucun doute…’’
 
Comme l’a dit le Rav Ohayon, sa famille, qui compte 13 personnes ne pourra rentrer chez elle qu’après avoir réuni la somme nécessaire à la rénovation. Si vous souhaitez aider la famille de quelque manière que ce soit vous pouvez vous adresser au Rav Pin’has 050-493-6060 ou au Rav Rafaël 054-33-44304
 

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