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Rav Chlomo Levinstein : Roch Hachana – Trois livres sont ouverts

La Guémara (Roch Hachana 16b) raconte : « Rabbi Krouspedaï dit au nom de Rabbi Yo’hanan : trois Livres sont ouverts à Roch Hachana : un livre des méchants absolus, un livre des justes absolus et un livre des moyens.

Les justes absolus sont inscrits et scellés immédiatement pour la vie. Les méchants absolus sont inscrits et scellés immédiatement pour la mort.
Les moyens restent en suspens depuis Roch Hachana jusqu’à Yom Kippour. S’ils le méritent, ils seront inscrits pour la vie. S’ils ne méritent pas, ils seront inscrits pour la mort. »

Quiconque examine attentivement les paroles de la Guémara s’étonne de la disparité entre la Guémara et la réalité ! Réfléchissons : Rabbi Chimon bar Yo’haï n’était-il pas un juste ? Un juste absolu, un Sage d’une grande sainteté. Si seulement nous pouvions comprendre quel niveau il avait atteint… Le Rambam, le Ramban, Rachi, les Tossafot… Qu’étaient-ils ? Sans aucun doute, des justes absolus.

La mort de ces Grands Maîtres semble contredire les paroles de la Guémara ! S’ils étaient des justes absolus toute leur vie, comment la mort a-t-elle été décrétée contre eux alors que Rabbi Yo’hanan dit que seuls les méchants absolus sont inscrits dans le Livre de la mort ? Ahmadinjad, le président d’Iran, est toujours en vie. Le prend-on pour un juste au Ciel ? Et Nasrallah ? Lui qui a causé la mort de nombreux Juifs, ne mérite-t-il pas le titre de méchant absolu ?  La question reste posée : comment est-il possible qu’après le jugement de nombreux Roch Hachana, ces méchants non repentis soient encore parmi nous ? Pourquoi n’ont-ils pas été scellés dans le Livre de la mort depuis longtemps ?

Le juste souffre… Cette question est posée par les Tossafot. Ils y répondent par une Guémara (Kiddouchine 39b) : « Toute personne dont les mérites sont plus nombreux que les fautes ressemble à celui qui a brûlé toute la Torah sans en laisser une seule lettre ! »      
                                 
Les propos de la Guémara nous semblent incompréhensibles : pourquoi celui aux mérites plus nombreux que les fautes ressemble-t-il à celui qui brûle toute la Torah ? Et comme si cela ne suffisait pas, la Guémara poursuit : « Et toute personne dont les fautes sont plus nombreuses que les mérites ressemble à celle qui a accompli toute la Torah, sans en manquer une seule lettre. » Nous voyons des gens honnêtes et droits, qui accomplissent les commandements et étudient la Torah, mais dont la situation matérielle est douloureuse : ils sont malades, pauvres…

Nous voyons, en revanche, des transgresseurs qui prospèrent, sont en bonne santé, mènent une vie tranquille ! L’explication à toutes ces questions éternelles est à chercher dans ce verset des Téhillim (92.7) : « L’homme ignorant ne sait pas ; le sot ne comprend pas cela : car les méchants fleurissent comme l’herbe et tous ceux qui font le mal prospèrent pour les détruire à jamais ».

Le roi David résume cette grande vérité de la vie : les méchants fleurissent comme l’herbe, c’est vrai, mais c’est seulement parce que D. paie à Ses ennemis pendant leur vie pour les exterminer ! Dans ce monde-ci, ils profitent de tout, mais ils ont ainsi reçu toute leur récompense : dans le monde de la vraie récompense, il ne leur restera rien. D. leur donne tout ici « pour les détruire à jamais » dans le monde futur.

Les justes, quant à eux, reçoivent leur punition dans ce monde-ci afin d’arriver en état de pureté au monde futur et d’y jouir de tout le bien pour lequel ils ont tant peiné de leur vivant. Revenons à notre Guémara : celui dont les mérites sont plus nombreux que les fautes ressemble à celui qui brûle toute la Torah. Il est considéré comme un juste du fait de ses grands mérites et, pour pouvoir jouir du monde futur, il doit subir des souffrances.  Les Tossafot en déduisent que les trois Livres ouverts à Roch Hachana ne concernent absolument pas la vie en ce monde.

Le jugement de Roch Hachana porte sur le monde futur : combien de vraie Vie chacun recevra-t-il ?

Extrait du livre ''Oumatok Haor'' du Rav Shlomo Levinstein, avec l'aimable autorisation des editions Zohar. [email protected]
 

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