Rééh. Le bien et le mal dépendent de l’homme

« Voyez, Je vous propose en ce jour la bénédiction d’une part, et la malédiction de l’autre » (Dévarim 11,26)

« Rabbi El’azar dit : Dès l’instant où le Saint béni soit-Il proclama ces mots sur le mont Sinaï, cet autre verset entra en vigueur : “De la bouche de l’Eternel n’émanent jamais le mal ni le bien“ (Ekha 3,38), pour dire que la malédiction vient d’elle-même sur ceux qui agissent mal, et la bénédiction sur ceux qui font le bien. » (Dévarim Rabba 4,3)

Selon rav El’azar Ména’hem Man Chakh (dans la brochure Hadrakha Lében Yéchiva, nissan 5748), ce Midrach fait référence au principe selon lequel le Saint béni soit-Il émit une condition à la Création, stipulant que si les hommes respectent les commandements de la Tora, le monde entier en tirera profit, et s’ils violent sa parole, il en subira les conséquences. En poursuivant l’idée de ce Midrach, nous pouvons découvrir un aspect encore plus profond. Le Talmud annonce : « Ce n’est pas le serpent qui tue, c’est la faute » (Bérakhot 33a). Cela signifie que la notion de mal n’existe pas en tant que telle, car même les punitions, les épreuves ou la mort émanent du pouvoir du Bien. En effet, lorsque D.ieu choisit de punir un homme qui transgresse Sa volonté, Il fait preuve de générosité à son égard, car de la sorte, le contrevenant parviendra à comprendre son erreur et à s’améliorer. Pour qui sait voir le message que renferme toute épreuve, en tirer les justes conclusions et se repentir en conséquence, le châtiment est une source de bienfaits. Et c’est seulement si l’homme s’insurge contre son sort et refuse de se repentir que la punition apparaît, pour lui seul, comme un mal véritable.

Il en va de même de toutes les épreuves et difficultés que l’on rencontre tout au long de notre vie : bien qu’elles se présentent comme des maux affligeants, elles ne renferment en vérité que du bien, car par leur entremise nous pouvons nous élever considérablement. Il est dit au sujet de celui qui surmonte une épreuve : « Elle sourit le jour dernier » (Michlé 31,25) – après avoir franchi cette étape, cette personne se félicite vivement de l’expérience passée, car le bien qui s’en dégage est éternel. A contrario, celui qui refuse de comprendre le sens d’une épreuve, et qui s’en indigne, transforme le bien en mal : à cause de sa réaction, les tourments qu’il a vécus sont survenus en vain, et au lieu de l’élever, ils n’ont fait que le pousser plus bas encore. Même au sujet de la mort – que la plupart considèrent comme le mal absolu –, le Midrach s’exprime en ces termes : « “Tout était éminemment bien“ (Béréchit 1,31) – il s’agit de la mort. » De fait, pour l’homme dont la vie fut exemplaire, la mort constitue le plus formidable des bienfaits, car elle lui permet d’accéder à son but ultime, à savoir siéger à proximité de la Chékhina et profiter de Sa splendeur. C’est seulement pour l’homme pétri de fautes que la mort représente une punition et un mal. Il en ressort que ce qui constitue le bien ultime de l’existence – la mort – est néanmoins perçu comme un mal absolu.

A la lumière de ces remarques, il apparaît que le mal n’émane effectivement jamais de la bouche de l’Eternel, car tout dépend de la manière dont l’homme réagit à ce qui lui arrive et comment il le perçoit. Si le mal et la souffrance s’abattent sur le monde, ils sont la conséquence directe du décret que l’homme s’est lui-même infligé. Et lui seul choisit le signe sous lequel sa vie se déroulera ! C’est là le sens profond du Midrach cité en exergue : « “De la bouche de l’Eternel n’émanent jamais le mal ni le bien“ – la malédiction vient d’elle-même sur ceux qui agissent mal… » Si l’homme décide de faire le mal, alors la mort et les difficultés lui apparaîtront effectivement comme des tourments. Mais s’il suit le chemin du bien – celui de la Tora et des mitsvot –, les épreuves et la mort seront pour lui comme un immense bienfait, car les premières le purifient de ses fautes et entretiennent son droit au Monde futur, et la seconde le conduit au but ultime de son existence.

Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.

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