Nous avons étudié la semaine dernière le cas d’un travail interdit fait par un juif pendant Chabbat. Quelle sera la loi ? Il va de soi de l’on espère que tous les Juifs fassent Techouva, mais tant que ce n’est pas le cas…
À titre d’exemple, nous allons évoquer le cas de quelques entreprises en Israël qui travaillent durant Chabbat.
La société de fabrication du verre « Phoenicia » (cette fabrique de verre a été créée en 1934 à Haïfa)
Cette société de verre continue la fabrication durant Chabbat. Comme la bière, même avec une bonne Ashga’ha, il se peut que le verre n’ait pas en adéquation Halakhique avec celle-ci. Selon leur dire, en cas d’arrêt des machines, la remise en marche prendrait 30 heures. Ce n’est bien entendu, pas une raison valable pour donner une raison à leur activité le Chabbat.
Les machines ne sont arrêtées qu’une fois par an ; le jour de Kippour. Il est dit dans le Talmud « Rékanim chébakh Méléim Mitsvot kaRimone » (les plus loin de la religion sont emplie de Mitsvot comme les graines d’une grenade). Cette semaine, j’ai parlé durant un Siyoum Massékhéth et j’ai posé une question au sujet de cette Guemara : « À Roch Hachana nous demandons à Hachem que cette nouvelle année, nous soyons remplies de Mitsvot comme les graines d’une grenade. Mais alors, cela veut dire que nous souhaitions être au même niveau qu’une personne loin de la Torah ?! On expliquera qu’une personne loin de la Torah accumule ce nombre de Mitsvot tout au long de sa vie. Mais nous, nous souhaitons en être remplis en une seule année ».Aura-t-on le droit d’acheter le verre fabriqué ?
La fabrique de papier « ‘Hougla Kimberly » (Société de fabrication de papier ‘Hadera créé dans les années 60)
Cette fabrique de papier continue elle aussi de travailler pendant Chabbat. Il se peut que le papier que l’on achète ait été fabriqué pendant Chabbat. La société « Huggies » elle, s’arrête le Chabbat. Mais d’autres fabriques de papiers travaillent en continu durant les sept jours de la semaine. Cela va même plus loin : pour ceux qui écrivent des livres, devra-t-on faire attention à ce que le papier utilisé soit un papier fabriqué uniquement en semaine. Le papier est certaines fois fabriqué à partir des plants et d’autres fois par du papier recyclé. Selon la direction de cette usine, s’ils devaient arrêter un seul moment la fabrication, les tuyaux d’alimentations seraient remplis de colle. Mais Chlomo Hamélékh nous enseigne bien (Mishlei 21,30) : « Il n’y a ni sagesse, ni prudence, ni résolution qui vaillent contre l’Éternel ».
Selon ce que l’on sait, en Israël, 60% du papier est importé d’en dehors d’Israël et 40% fabriqués en Israël. Devra-t-on, pour cela aussi, faire attention d’acheter uniquement des papiers fabriqués en semaine ?
La fabrique de plastique « Kétér »
(créé en 1948 a Jaffa)
Cette société de plastique travaille aussi durant Chabbat, devra-t-on interdire l’achat de bouteille, chaises, tables de cette enseigne ?
La fabrique de goudron « Har Tov »
(installée à proximité du quartier de Beth Chemech, cette société a été créée en 1934)
Il en est de même pour cette fabrique de goudron. Si l’on veut faire des travaux à la maison, devra-t-on se renseigner du moment de sa fabrication ?
La fabrique de sucre
Cette usine tourne 90 jours par an, sans arrêt en Israël. Avant, le sucre était importé d’autres pays. D’ailleurs il y a de cela 500 ans, le Radbaz expliquait le mode de fabrication du sucre afin de connaitre sa bénédiction. Certaines fois, le sucre est fabriqué à partir de la citrouille qui est cuite à une température très élevée ce qui fait ressortir son sucre. D’autres fois la fabrication est faite à partir de la canne à sucre. Selon le Radbaz, la Berakha que l’on devra faire sur le sucre est la bénédiction de Adama. Mais nous n’allons pas nous attarder sur le sujet.
Durant ces 90 jours, plusieurs Chabbat sont transgressés, peut-on faire l’achat de ce sucre (ne sachant pas la date de fabrication) ?
La désalinisation de l’eau en Israël
Par manque d’eau, le procédé de dessalement est utilisé par Israël de manière régulière. À Jérusalem, une partie de l’eau qui se trouve dans nos robinets provient de Rosh Ha’ayin, mais une partie provient du dessalage. Il n’y a que quatre heures qui séparent le moment de désalinisation de sa distribution dans les robinets des habitants de Jérusalem. Donc, cette fabrique travaille aussi durant Chabbat. Dira-t-on aussi de ne pas boire l’eau des robinets, car il est possible qu’elle provienne de ces fabriques ?
6 cas, une seule problématique
Les 6 cas cités ont comme dénominateur commun : la fabrication pendant Chabbat. La semaine dernière nous avons rapporté un Magen Avraham nous expliquant le Choulhan Aroukh[1]. Nous avons vu que lorsqu’une personne transgresse volontairement Chabbat pour cuire un plat en sachant que c’est interdit, alors il sera définitivement interdit à cette personne de consommer ce plat, mais les autres personnes auront le droit de le consommer après Chabbat. Et ce, même si le cuisinier à cuit ce plat pour une autre personne : la personne concernée pourra consommer ce plat.
Le but des travailleurs
Le but de ces travailleurs quel que soit ce qui est fabriqué (du sucre, du plastique ou d’autres choses) est de fournir ce qui est fabriqué à la population. Mais fait, le travailleur ne travaille pas par « bonté et dévouement » pour la population. Il le fait pour son intérêt personnel qui est de recevoir un salaire. C’est pour cela que la population est autorisée à profiter d’un tel acte, car la transgression n’a pas été faite dans son intérêt, mais pour l’intérêt égoïste du travailleur.
Différence avec le mélange lait-viande
Il est rapporté dans le Choulhan Aroukh qu’on n’aura pas le droit d’annuler un mélange interdit par la Torah.
Expliquons : si un morceau de viande tombe dans marmite de lait, le plat sera permis à la consommation si le volume de lait est soixante fois supérieur à celui de la viande. Cependant, si la viande a un volume supérieur à un soixantième du lait, on n’aura pas le doit de rajouter du lait dans cette marmite pour faire en sorte que le volume de viande tombe à un soixantième et soit annulé[2].
Dans le cas où il s’agit d’un mélange interdit par la Torah[3], si la personne a quand même fait en sorte que l’annulation se fasse (en y ajoutant du lait, alors qu’il est interdit d’annuler soi-même lorsqu’il s’agit d’un mélange interdit par la Torah), le plat sera interdit à la personne qui a annulé ainsi qu’à la personne à qui ce plat était destiné. Tel est l’avis du Choulhan Aroukh[4].
Contrairement à Chabbat : si un plat est cuisiné de manière volontaire durant Chabbat, le plat sera inconsommable pour le cuisinier uniquement. Alors que la personne concernée par le plat aura tout à fait le droit de le consommer à la sortie de Chabbat, comme tout le monde (sauf le cuisinier).
Pourquoi 60 fois ?
Il est rapporté dans le Rane[5] que la quantité peut être moins que 60 fois plus pour ne plus reconnaitre le gout de la substance intégrée, mais nos Sages fixèrent une quantité égale, pour tous les cas de mélanges interdits, car il est certain que 60 fois plus, et ce dans tous les cas, le gout ne sera plus ressenti. Il est évident que cette « annulation », cela n’autorisera pas de laisser le morceau de viande ou de volaille à l’intérieur dans le lait et on devra obligatoirement le retirer.
Quelle est la différence ?
Comme nous l’avons expliqué la fois précédente, le Magen Avraham nous apprend que cette différence entre Chabbat et les mélanges interdits se tient sur le fait que l’interdit de cuire durant Chabbat reste une transgression importante aux yeux des gens. Alors que les gens pensent qu’en fin de compte « on n’a pas enfreint grand-chose » en rajoutant sur un mélange afin qu’il y ait un volume de « 60 fois plus ». C’est pourquoi nos Sages ont été plus sévères et punirent autant le cuisinier que la personne concernée par ce plat. Ce qui n’est pas le cas de Chabbat où c’est uniquement au cuisinier qu’il sera défendu à tous jamais de consommer ce plat.
D’autres avis
Le Pri Mégadim reste en suspens sur cette Halakha, alors que le Mishna Berroura pour sa part, tranche comme le Magen Avraham. Donc, selon cet avis, on peut répondre dans tous les cas cités plus haut que tout le monde aura le droit de profiter d’un travail ayant été accompli pendant Chabbat.
Paradoxalement, le Gaon Harav Franck, qui à l’époque était grand Rabbin de Jérusalem, pense tout autrement. En effet, le Rav nous enseigne que tout ce qui a été dit plus haut, en ce qui concerne la différence entre le Chabbat et les mélanges interdits, c’est uniquement lorsque les personnes non-pratiquantes ont malgré tout un respect minimum pour le jour du Chabbat. C’est-à-dire, que même si un juif pratiquant demandait à cette personne de lui cuire un plat, il n’acceptera pas « pour moi, oui, mais en aucun cas pour les autres ». Donc, la raison de la différence était alors valable. Mais aujourd’hui, les juifs non-pratiquants n’ont pas de problème d’enfreindre Chabbat même par la demande d’untel. Ainsi, l’interdit de Chabbat est similaire à l’interdit des mélanges. Dans ce cas-là, les produits fabriqués durant Chabbat pour la population seront interdits autant aux fabricants qu’aux personnes concernées par ses produits : en l’occurrence, nous. Certains contredisent l’avis du Rav Franck.
Travail de manière continuelle
La même question peut se poser en ce qui concerne des boulangeries qui travaillent durant Chabbat. Suivra-t-on l’avis du Rav Franck ? Le Ktav Soffer nous apprend quelque chose d’important.
Nous venons d’apprendre qu’en ce qui concerne les mélanges laits-viandes (par exemple), il nous sera interdit d’y ajouter une quantité spécifique afin que le mélange puisse accumuler 60 fois l’aliment introduit (le lait ou la viande, tout dépendra du cas). Celui qui se comporte malgré tout de la sorte se verra être interdire de consommer le plat en question, mais également la personne pour qui le plat a été cuisiné. Cette « amende » donnée par nos Sages vient du fait que cet interdit[6] est moindre aux yeux des gens. Alors que pour Chabbat, s’agissant quand même d’une transgression importante même aux yeux des non-pratiquants, le plat cuisiné est interdit uniquement au cuisinier et non pas à la personne pour qui le plat a été cuisiné.
Sur ce, le Ktav Soffer nous dit que cette différence n’est valable que lorsqu’il s’agit d’un plat cuisiné de manière inaccoutumée. Mais s’il s’agit de juif travaillant de manière régulière pour la fabrique, la différence n’existe plus. Ainsi, dans ce cas-là, les produits fabriqués durant Chabbat seront interdits aussi pour les personnes concernées : la population. Mis à part cela, le fait d’acheter de tels produits encourage les fabricants, transgressant Chabbat. Ainsi, ces produits seront inachetables. D’ailleurs, le Ribash tient le même avis.
Les papiers qui respectent Chabbat
Un jour, un homme faisant partie de la ‘Hassidout de Gour vint me voir pour me proposer, pour la sortie de mes livres, l’utilisation de papiers ayant été soumis aux indications Halakhiques du Chabbat. Il me disait que dans les livres du Hazon Ish il était bien indiqué que pour l’impression du livre le papier utilisé n’a pas été fabriqué le Chabbat. La même chose pour les livres du Staipelleur. Mais celui qui vérifie pourra voir que dans les livres de Maran Harav Ovadia Yossef Zatsal, ce message n’est pas écrit. Le Rav n’a pas voulu qu’on apprenne de lui cette Halakha et ainsi apprendre aux gens de n’utiliser qu’uniquement un tel papier. Alors moi aussi je n’ai pas accepté sa demande. Mais alors, que va répondre Maran Harav en ce qui concerne le fait d’encourager cette fabrication ?
Réponse à la question-Kol déparish mérouba Parish
Il est important d’introduire. Il existe plusieurs règles dans la Halakha, certaines complexes. L’une d’entre elles est la généralité de Kol déparish mérouba parish, c’est-à-dire que lorsque la chose a été déplacée, elle s’annulera dans la majorité. Expliquons : Il est rapporté dans les traités Ktoubot[7], Pessahim[8], Houline[9] et Nidda[10] que lorsqu’il y a 10 bouchers et 9 d’entre eux cachère et un seul non-cachère, si un juif est entré dans un des magasins et achète de la viande. Mais étant sur place, il ne se souvient plus si la viande achetée est cachère ou pas, alors la Guemara nous apprend que Kavoua kémé’htsa al mé’htsa damé, c’est-à-dire que de là où il se trouve, le doute s’est fixé. Cet endroit est l’endroit initial ou la viande a été achetée. Donc dans ce cas-là, même s’il y a 9 boucheries cachères et qu’une seule ne l’est pas, on considérera son doute comme s’il y avait en réalité 5 boucheries Cachères et 5 non cachère. Ainsi, en cas de doute sur un ordre de la Torah, on sera plus strict, et on interdira la viande. Cependant, si le doute lui est venu dans la rue, la généralité changera : Kol déparish mérouba parish, étant donné que l’endroit où le doute s’est installé n’est pas l’endroit où la viande est vendue. Alors, étant donné que la personne s’est déplacée de l’endroit initial et que le doute ne s’installa qu’à l’extérieur, on se tiendra sur la majorité : en l’occurrence sur les 9 bouchers cachère (pour d’autres raisons, dans ce cas-là spécifique on interdira cette viande).
En ce qui concerne les produits concernés par le travail Chabbat, pour nous, en tant qu’acheteur, le doute s’installe au magasin et non dans la fabrique, donc on dira la généralité : Kol déparish mérouba parish. Pour quelle raison ? Car 6 jours dans la semaine, le travail est fait de manière permise et seulement un jour de manière interdite. Donc on se tiendra sur la majorité de fabrications.
Les avis contraires
Cependant, le Divrei Haim Mitsandz[11] pense que même si le produit est acheté en magasin, ce produit a été emmené du fabricant par des juifs aussi. Donc le doute s’est installé depuis son point de départ. On considérera donc, selon cet avis, ses produits suivant la généralité Kavoua kémé’htsa al mé’htsa damé. Et donc, même si la majorité des jours la fabrication a été faite en semaine, on ne se tiendra pas sur cela pour autoriser. On interdira donc l’achat. En revanche, le Beth Ist’hak Chmélkisse[12] reste en suspens à ce sujet.
Des Fruits ‘Orla
Afin d’expliquer encore mieux, il existe une question au sujet des fruits, qui peuvent être commercialisés dans les magasins en Israël alors qu’il s’agit de fruits ‘Orla[13]. Dans l’absolu, il est presque impossible qu’un fruit pousse les 3 premières années, mais avec les nouvelles techniques, ils peuvent pousser déjà depuis la première deuxième année. Que penserons-nous lors de l’achat des fruits ? Pourtant le Rabbanut donne son tampon dessus ? Cette question a été posée à Maran Harav dans les années 5636. Le Rav Eliashiv à l’époque interdit l’achat de tel fruit si 10% de ses fruits étaient ‘Orla. Tel est l’avis du Mishkenot Yaakov. Mais Maran Harav autorisa même s’il y avait plus de 10% (presque la moitié). En effet, Maran Harav se tint sur ce que nous avons développé précédemment : Kol déparish mérouba parish. Car on se tiendra sur notre achat qui est fait en magasin et non chez les cultivateurs. Alors que le Rav Eliashiv tranche la Halakha comme le Divrei Haim Mitsandz (cité plus haut[14]), considérant même 10% comme étant la majorité.
D’ailleurs, Maran Harav écrit à ce sujet dans son responsa Yabi’a Omer[15] et rapporte le Divrei Haim Mitsandz, lequel écrit en ces termes : « il est évident que l’on considèrera l’achat comme rentrant dans la généralité de Kavoua kémé’htsa al mé’htsa damé. Quiconque n’est pas d’accord avec cela, manque de connaissance » fin de citation. Maran Harav rapporte justement un avis contradictoire : le Gaon Harav Chlomo Klougger, lequel pense que l’on considérera cela rentrant dans la généralité de Kol déparish mérouba parish. Ainsi on autorisera l’achat de ces fruits[16]. Le Hazon Ish aussi suit l’avis du Divrei Haim Mitsandz. Mais comme nous l’avons dit plus haut, Maran Harav tranche la Halakha comme le Gaon Rabbi Chlomo Klougger, rapportant une preuve à ses dires du Rashba dans son livre Torath Habayit Haaroukh[17].
De plus, même si nous devions trancher la Halakha comme le Hazon Ish, dans notre problématique de fabrication durant Chabbat, le problème n’existe plus. En effet, les Guemarot citées plus haut nous enseignent, que la généralité de Kavoua kémé’htsa ‘al mé’htsa damé[18] et donc interdire, c’est uniquement lorsqu’il s’agit d’un doute sur un ordre de la Torah (viande pas cachère, etc.). Mais lorsque le doute s’installe sur un ordre rabbinique, on dira Safek déRabbanane lakoula, en cas de doute sur un ordre Rabbinique on sera plus souple. Comme nous l’avons développé la semaine dernière, il est rapporté dans le traité Houline[19]une discussion entre Ravina et Rav A’ha et la Halakha est tranchée comme Ravina : ce qui ressort d’un travail fait pendant Chabbat est interdit d’ordre rabbinique.
Bnei Brak
Le Hazon Ish ayant habité à Bnei Brak, certains le considèrent comme étant le Mara déatra[20]. Mais comme nous avons dit précédemment, même selon le Hazon Ish, étant donné qu’il ne s’agit que d’un interdit d’ordre rabbinique[21], on tiendra la généralité Kol déparish mérouba parish.
Ma’assé Chabbat
Certains pensent que l’interdit de profiter d’un travail fait pendant Chabbat est de la Torah. Tel est l’avis du Lévouch, du Yad Malakhi selon plusieurs Poskim, du Daméssék Eliezer. Alors que selon le Rav Moché Feinsteine et le Sdé héméd, ils sont d’accord que le Ma’assé Chabbat est un interdit d’ordre rabbinique. Tel est l’avis aussi du responsa Zayit Ra’anane[22]. C’est pour cela, que même à Bnei Brak, ceux qui suivent l’avis du Hazon Ish, autoriserons l’achat de tous les produits cités plus haut.
Conclusion : on aura le droit d’acheter des produits qui sont fabriqués pendant Chabbat. Bien entendu, celui qui veut être plus strict et acheter uniquement des produits dont la fabrication est arrêtée pendant Chabbat, sera digne de louanges.
Encourager la fabrication le jour du Chabbat
Le Hazon Ish réfuta cette autorisation sur un autre angle : encourager les travailleurs le Chabbat, plus communément appeler Méssayé’a biydé ‘ovré Avéra. En effet, il est rapporté dans le traité Mo’éd Katan[23] qu’un père n’a pas le droit de frapper son fils après l’âge de Bar Mitsva. Cet interdit se place selon l’interdit que nous venons de citer : cela peut pousser le jeune homme à se rebeller et à frapper son père Hass véshalom. Par cela, le père aura causé à son fils de faire une Avéra. Ceci est appelé « devant un aveugle tu ne mettras pas d’embuche ». Le fait d’acheter de tels produits pourrait être considéré comme encourager ces sociétés à continuer leurs activités pendant Chabbat[24]. Ce genre d’appel n’est donné qu’aux Grands de la génération. Il ne s’agit pas d’une Halakha, mais d’une Hashkafa (règle de conduite), qui peut être mise en œuvre uniquement sous le consentement des Gdolei Israel. On a l’habitude d’appeler cela le cinquième volume du Choulhan Aroukh (il existe seulement quatre volumes de Chouhan Aroukh : Orah Haim, Yoré dé’a, Even Ha’ézer et ‘Hoshen Mishpat. Le cinquième Choulhan Aroukh est le fait de trancher sur un cas en pesant le pour et le contre.
Est-ce vraiment « encourager » ?
Mais il faut savoir que même ce point de la Halakha « Méssayé’a biydé ovré Avéra » n’est pas mis en cause dans notre cas. En effet, le Hida[25], nous apprend que cet interdit concerne uniquement une personne qui encourage un interdit, mais que lui seul est l’auteur de cela. Si, par contre, la fabrication est encouragée déjà par d’autres personnes (par exemple, l’utilisation du papier à des fins journalières n’étant pas en adéquation avec la Halakha), une autre personne qui achète après, ne sera pas considérée comme encourager ces travailleurs. Même le Rav Binyamin Zilber tranche que si nous devions interdire, cela n’en finirait plus.
Encore une fois, selon la Halakha l’achat de ses produits est permis. Mais il est donné aux Grands de la génération de voir s’ils doivent en interdirent l’achat.
Profiter de l’électricité en Israël
Il faut savoir qu’à chaque moment des gens travaillent dans les centrales électriques pour éviter les coupures de courant ou les risques d’incendie. En Israël, il n’y a que des juifs qui travaillent à ce poste. Lorsque j’ai visité la société d’électricité il y a 10 ans, aussi après être devenu Grand Rabbin d’Israël, on m’apprit que ces ingénieurs qui travaillent à ce poste ne sont que quelques-uns. Pour avoir ce poste, ils sont envoyés en dehors d’Israël pendant 15 ans pour l’apprentissage. Pour chacun d’eux, le coût de ces 15 ans est très cher : 200.000$ ! Depuis ses débuts la société d’électricité israélienne a dépensé 1 milliard de dollars que pour cela ! On me fit savoir aussi que la plupart des Chabbatot, ses ingénieurs juifs transgressent Chabbat et l’on profite de cela. De plus, on me dit qu’une partie d’Israël est assurée par un système électrique automatique, ne demandant pas de travail le Chabbat. Ils vont faire en sorte que dans quelque temps, tout Israël puisse profiter de ce genre de systèmes électriques. Mais entre-temps, comment faire ?
Je suis entré dans la salle de contrôle : il y a deux personnes face à des milliers de boutons. 30% de l’électricité doit être utilisée. S’ils s’aperçoivent que ce pourcentage va être dépassé, ils actionnent un bouton diminuant l’électricité dans un endroit. Si par exemple à Jérusalem, le soir de Chabbat la population dort vers 2h du matin et qu’à Tel-Aviv, pour certains la nuit vient à peine de commencer, ils diminuent l’intensité à Jérusalem, car à Tel-Aviv l’électricité va être plus utilisée.
L’électricité en Israël est produite par des turbines à vapeur, utilisées avec de l’eau distillée. L’eau est chauffée à 1600° (plus que le Guéhinam !). La vapeur créée par cette chaleur fait tourner cette turbine. Elle tourne à 1600 tours par minutes. Pour créer de la chaleur, ils utilisent du charbon. On m’a fait passer devant un long chemin sur la mer ou tous les bateaux en provenance d’en dehors d’Israël accostent. Lorsque les bateaux de charbon arrivent pendant Chabbat, ils reçoivent l’ordre de s’arrêter, car aucun approvisionnement n’est accepté durant Chabbat. Pour cela, la société perd 40.000$.
Selon ce que nous avons dit, nous pouvons dire que l’utilisation de l’électricité pendant Chabbat en Israël est problématique. Mais on verra la semaine prochaine les points importants à ce sujet.
Fin du cours
J’étais chez le Staipelleur au mois de Chvat 5733. Il me demanda pourquoi mon père Maran Harav donnait à Bnei Brak des cours qui n’allaient pas dans le sens du Hazon Ish. Au point où il me dit qu’il continue ses cours, mais pas à Bnei Brak ! Imaginez-vous, à cette époque, Maran Harav avait à peine 52 ans ! bien entendu je n’allai pas confier ses dires à mon père. Mais 20 ans après, un de mes frères alla lui raconter cette histoire. Il vint alors me voir pour me demander si cette histoire était fondée. Je lui répondis par l’affirmatif. Voyant son interrogation, je lui dis que je ne voulais pas lui dire, car je savais pertinemment qu’il n’allait pas écouter…