Sonner du Chofar est la Mitsva essentielle du jour de Roch Hachana.
Cette semaine, le New York Times a refermé une boucle de l’Histoire autour de cette Mitsva : c’était dimanche matin au musée juif de Manhattan. Le professeur Yéhoudit Tidor Schwartz, présidente de l’institut des études sur la Shoah à l’université de Bar-Ilan a transmis avec émotion le Chofar de son père pour une exposition au musée.
Le père de Mme Schwartz, Yehezkel Tidor était prisonnier à Buchenwald et à Auschwitz. Tant bien que mal, il a tenté de respecter les Mitsvot, d’étudier et d’enseigner autour de lui. A Auschwitz, il fut nommé ‘’responsable du travail’’ et c’est ainsi qu’il parvint à sauver des centaines de juifs, en mettant lui-même sa propre vie en danger. A Roch Hachana 1944, les détenus réussirent en secret, à sonner du Chofar en plein Auschwitz. Plusieurs mois plus tard, lors de la marche de la mort, l’un des prisonniers demanda à Tidor de prendre son Chofar et de le garder. ‘’Je ne survivrai pas à cette marche’’ lui dit son ami. ‘’Prends ce Chofar, et qu’il soit sauvé avec toi. Raconte au monde entier que nous avions un Chofar à Auschwitz’’. Cet homme eut raison : il ne survécut pas à cette terrible épreuve. Le Chofar accompagnait Tidor en permanence, jusqu’à la délivrance. Après la guerre, il fut l’un des fondateurs du ‘’Kibboutz Buchenwald’’ en Allemagne et c’est lui qui accompagna le premier groupe de pionniers issus des camps vers la Terre d’Israël. A Roch Hachana 1945, il sonna de ce même Chofar aux rescapés qui l’accompagnaient lorsqu’ils arrivèrent aux abords de Haïfa.
‘’Le Chofar fut donc véritablement sauvé avec mon père’’ m’a dit cette semaine sa fille.
‘’Le navire accosta le second jour de Roch Hachana au port de Haïfa. Mais le groupe resta sur le quai jusqu’à la fin de la fête afin de ne pas la transgresser. Mon père a perdu son épouse pendant la Shoah mais il découvrit par la suite que sa fille et son fils étaient encore en vie. Il se remaria et je suis venue au monde. Il conservait très précieusement le Chofar que lui avait légué son ami pendant la guerre. Chaque année, il utilisait ce Chofar pour accomplir la Mitsva à Roch Hachana et il racontait son histoire aux fidèles.
Depuis le décès de mon père, le Chofar est en ma possession. Dernièrement j’ai appris que le musée juif de Manhattan préparait une exposition sur Auschwitz et qu’ils avaient du mal à retrouver des objets de culte de cette époque. J’ai donc décidé de sortir le Chofar de chez moi et de le leur apporter. Cette année, lorsque j’entendrai le Chofar à Roch Hachana, j’aurai l’écho de ce même Chofar posé sur un piédestal dans ce musée de New-York : l’écho de la dernière volonté de ce cher juif ‘’Raconte au monde entier que nous avions un Chofar à Auschwitz’’.