« Si la lèpre couvre toute la peau affectée, depuis la tête jusqu’aux pieds […] le Cohen constatera que la lèpre a gagné tout le corps, et il déclarera cette plaie pure : elle a complètement blanchi la peau, elle est pure » (Vayiqra 13,12-13)
Selon les règles de la tsara’at, l’apparition d’un poil blanc sur une plaie est un signe d’impureté. S’il en est ainsi, demande le ‘Hafets ‘Hayim (commentaire sur la Tora), pourquoi déclare-t-on le lépreux pur, quand la plaie couvre toute la surface du corps ?D’après lui, cette loi nous indique combien D.ieu abhorre les sentiments d’orgueil ; et réciproquement, elle nous montre combien sont chères à Ses yeux l’humilité et la soumission.Dans le Livre de Rois (I 21), D.ieu enjoint au prophète Eliyahou de se rendre au-devant d’A’hav, le roi mécréant, et de lui déclarer en Son nom : « A cette même place où les chiens ont léché le sang de Navot, ils lécheront aussi le tien ! » Suite à cette annonce, A’hav déchira ses vêtements et observa un jeûne. Au vu de cette réaction, D.ieu Se rétracta et dit à Eliyahou : « Tu as vu comme A’hav s’est humilié devant Moi. Pour prix de cette humilité, Je ne susciterai pas le malheur sous son règne. »
Ceci est la preuve que la soumission est capable d’annuler un décret de mort prononcé par le Saint béni soit-Il Lui-même ! Et à plus forte raison peut-elle en repousser l’échéance jusqu’à bien plus tard.Or, le Talmud (‘Erkhin 15) enseigne que la plaie de la lèpre survenait comme punition pour la médisance et le meurtre, comme le suggère le verset : « Quiconque, dans l’ombre, calomnie son prochain, Je l’anéantirai… » (Téhilim
101). En conséquence, le châtiment du lépreux était de « demeurer isolé, que sa résidence soit hors du camp » (verset 46). Et ce « afin qu’ils ne soient en compagnie de personne, pas même de personnes impures » (Rachi). Cette situation d’isolement amenait le lépreux à regretter sa faute, à éprouver de profonds sentiments de repentir et à se soumettre à D.ieu. C’est ainsi que débutait son processus de guérison.
Toutefois, cet ostracisme n’était requis que pour des plaies présentes seulement sur quelques parties du corps. Dans cette situation, le lépreux pouvait encore se figurer que son mal n’était dû qu’au hasard, et s’obstiner dans sa faute. Pour invalider ce genre de pensées, la Tora exige donc qu’il soit mis à l’écart du peuple. L’expulsion hors du campement et la solitude, s’ajoutant à la plaie proprement dite, l’amenaient à comprendre que ces épreuves émanaient de D.ieu. Et ainsi, il se purifiait de ses fautes.En revanche, quand la plaie s’étendait sur toute la surface du corps – de la tête aux pieds – aucun faux-fuyant ne persistait : le lépreux en venait forcément à s’assujettir au Créateur. Car lorsqu’un homme voit son corps recouvert de plaies lépreuses, il ne peut s’entêter à croire qu’il s’agit d’un simple hasard. A l’instar d’A’hav, le lépreux atteint de la sorte se soumettait aussitôt à D.ieu, sans avoir à subir le bannissement.En déclarant pur ce lépreux, la Tora nous indique que la gravité de sa plaie est précisément la source de sa pureté, car elle l’incitera à se repentir.
Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.