Weekly Torah Portion

Toldot. Le peuple juif et les nations se disputent les deux mondes

« Les enfants se heurtaient dans son sein » (Béréchit 25,22)

« Autre explication : ils se heurtaient l’un contre l’autre, se disputant l’héritage des deux mondes. » (Rachi)

Selon Rav Yérou’ham de Mir, l’auteur du Da’at Tora, ces quelques mots de Rachi expriment la source de la haine que les nations du monde vouent au peuple juif. Depuis des millénaires, des scélérats se dressent contre les Juifs et s’en prennent à sa Tora. Ces ennemis d’Israël reprennent inlassablement les mêmes arguments que leurs prédécesseurs, et combattent avec virulence le judaïsme. Durant ces deux mille ans d’exil, notre Talmud a été au centre des plus grandes polémiques : certains en firent l’éloge, d’autres le stigmatisèrent. Et même lorsque nous parvenons à apaiser l’ardeur du débat, l’accalmie est de courte durée. Au bout d’un certain temps, les langues se délient et les anciennes accusations ressurgissent avec une vigueur renouvelée, comme si elles n’avaient jamais été soulevées. Or si ces sempiternelles attaques finissent par nous lasser, ce n’est pas le cas de nos détracteurs qui les reprennent de plus belle, et répandent leur venin. Ce phénomène n’est-il pas surprenant ? Comment se fait-il qu’après tant de siècles, les nations ne ressentent aucune fatigue à persévérer dans leur combat contre ce peuple pourtant insignifiant sur la carte du monde ? Pourquoi y consacrent-ils autant d’énergie ?La réponse est qu’en réalité, ce conflit éternel n’est pas motivé par des considérations rationnelles, logiques : il s’agit là d’un conflit inévitable, inscrit dans les lois du monde. Ainsi, quelle que soit l’attitude adoptée par les Juifs, celle-ci déplaît invariablement aux nations : lorsque le peuple juif décide de vivre à part, on l’accuse de faire sédition. Et lorsque certains prennent le parti de l’assimilation, les non-juifs les rejettent. En toutes circonstances, le Juif est invariablement désavoué, et la guerre qui est menée contre lui ne semble pas avoir de fin. Celle-ci est en vérité inéluctable : de la même manière que le feu et l’eau se repoussent par nature et ne peuvent cohabiter, ainsi l’adversité qui oppose le peuple juif aux nations du monde s’inscrit dans leur essence.

Dans le traité Roch Hachana (19a), le Talmud rapporte que l’Empire romain avait promulgué un décret interdisant l’étude de la Tora, la circoncision et l’observance du Chabbat. Que firent Rabbi Yéhouda ben Chamoua’ et ses compagnons ? Ils se rendirent auprès d’une noble dame romaine qui côtoyait tous les notables de l’Empire pour lui demander conseil. Elle leur dit : « Allez donc protester au milieu de la nuit ! » Sur ses recommandations, ils se levèrent au milieu de la nuit et s’écrièrent : « Par le Ciel ! Ne sommes-nous pas frères ? Ne sommes-nous pas les fils d’un même père et d’une même mère ? Alors pourquoi nous différenciez-vous des autres nations, au point de prononcer de tels décrets contre nous ? » – après quoi l’interdit fut levé. De fait, les incessantes agressions menées contre le peuple juif n’ont pas d’autres motifs que de le combattre. Et puisque la réalité est telle, cette guerre perpétuelle ne cessera que le jour de la venue du Machia’h.

Une autre leçon se dégage de cette paracha : le combat que mènent les ennemis d’Israël contre les Juifs est sans merci. Son but n’est rien moins que l’anéantissement total du peuple juif et son bannissement, que ce soit dans ce monde ou dans l’autre. En effet, les ennemis d’Israël ne recherchent pas uniquement son extermination physique, mais aussi son extinction spirituelle ; pour preuve, les décrets incessants prohibant la pratique des mitsvot à la nation juive. Devant l’intensité de cette haine, nous devons exprimer notre gratitude envers D.ieu Qui n’a jamais laissé Son peuple disparaître !Par conséquent, l’enseignement de nos Sages, cité ici par Rachi, revêt une connotation universelle. C’est dans la rivalité qui opposa Ya’aqov à ‘Essav dans les entrailles de leur mère que se situe l’origine même de ce conflit : « Ils se heurtaient l’un contre l’autre se disputant l’héritage des deux mondes. »

Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.

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