Fermez les yeux et imaginez que vous pouvez rassembler en un seul moment, le bonheur et toutes les joies que vous avez ressenti au cours de votre vie, qu'il vous est possible d'additionner vos plus belles émotions depuis votre naissance jusqu'à maintenant et les consolider en un seul et même instant.
Faites de même avec tout votre entourage, votre pays, puis avec le monde entier!Rassemblez tous ces moments d'extase en un seul et unique instant.Ajoutez-y encore le bonheur de toutes les générations précédentes depuis la création du monde et celles à venir jusqu'à la fin des temps, puis fusionnez cette infinité de plaisirs.
Enfin, tentez de faire ressentir ce “cocktail” à un seul et même homme à un instant “t”…
Difficile à concevoir l'étendue du bonheur inconditionel que ressentirait cette personne.Et pourtant, le Pirké Avot [chap 4] certifie que ce bonheur incommensurable n'équivaut pas malgré tout à un seul instant de bien-être dans le monde futur! Incroyable! C'est à partir de là que le Rav Dessler explique la notion bien connue que “le salaire d'une mitsva n'existe pas en ce monde”Kidouchin [39b].
Après cette incroyable introduction, il nous est difficile de comprendre le début de notre Paracha.Le verset promet “Si vous allez dans mes lois et que vous gardez mes Mitsvots et que vous les appliquez […] alors je vous donnerait les pluies en leurs temps et la terre donnera sa récoltes…”
[Béhoukotaï 26 ; 3-5].
La Torah s'étend encore sur quelques versets pour nommer les différentes récompenses que percevra celui qui applique les préceptes d'Hachem.Nous avons pourtant démontré préalablement qu'il n'existait pas de salaire en ce monde, même pour la plus petite Mitsva?! Comment, alors, considérer ces récompenses que promet le passouk pour l'application des mitsvots?!
Le Rambam['ט פרק תשובה הלכות [affirme que toute la materialité de ce monde a pour unique but d'être un moyen à l'étude de la Torah et au service Divin. Il stipule qu'Hachem réserve à celui qui tente d'appliquer la Torah tous les moyens favorable à cette démarche. Il se préoccupera de sa subsistance, de sa santé… afin qu'il puisse avoir le contexte idéal à son travail spirituel sur terre.Il ajoute que lorsque la Torah promet à différentes reprises des bienfaits matériels que l'on pourrait considérer comme des récompenses pour avoir servi Hachem, ce ne sont en réalité “que” des moyens pour continuer dans cette voie de la meilleure des façons possible.
Et le rav Dessler d'ajouter que c'est littéralement cela la signification du proverbe” מצוה, מצוה ששכר[…] מצוה גוררת מצוה” “une mitsva en entraîne une autre […] car le salaire d'une mitsva est une mitsva”[Pirké Avot 4 ; 2].La seule récompense de celui qui applique une mitsva est finalement le moyen d'en observer une seconde.
Nous comprenons à présent l'intention du passouk qui promet “la pluie et le beau temps” à celui qui sert son Créateur. Ce n'est certainement pas une récompense car comme l'a souligné la michna Avot, “Le salaire d'une mitsva n'existe pas en ce monde”.Ce sont finalement les outils que nous accorde Hachem afin de continuer à le servir dans le contexte propre à notre avancée spirituelle.
Le Or Ha'haïm ajoute à la lueur de cette idée une nouvelle interprétation du proverbe “תורה אין, קמח אין אם .”Cela ne signifie pas comme nous avons l'habitude de l'entendre si souvent”Sans farine(subsistance), il n'y a pas de Torah”, sous entendu qu'il vaut mieux travailler qu'étudier à temps plein.
En réalité, le message est le suivant : si un jour, quelqu'un se rend compte qu'il n'a plus de farine,c'est certainement parcequ'il n'y a pas de Torah car comme souligné plus haut, la subsistance n'est qu'un moyen pour l'étude et l'application de la Torah.
Il arrive très fréquemment que nous prions Hachem ou demandons aux rabbanims des bénédictions pour une “réussite matérielle”.Après cet enseignement fondamental du Rambam, il parait bien plus juste de nous souhaiter à tous une réussite spirituelle, avec tous les moyens matériels nécessaires à cette tâche.
David Rahmine